Astéréotypie , c'est un groupe de 4 garçons, Aurélin, Kevin, Stanislas et Yohann, d'une moyenne d'âge de 19 ans. Ils envoient un garage énervé, qui transmet instantanément aux oreilles médusées de l'auditeur une crispation, une violence plus ou moins contenue.
Après écoute, on peut se demander ce que c'est que ce truc. C'est exactement ce que se demandent nos quatre artistes en évoluant dans le monde. Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Parfois, on n'y comprend rien, et ça met en colère.
Le chanteur gromelle, marmonne, s'énerve. Ça le met en colère, et on le comprend, qui ne serait pas en colère face à des injonctions contradictoires, des obligations et des règles auxquelles ont doit se soumettre sans en comprendre la raison ?
Pour se calmer, on peut s'accrocher à des détails du quotidien comme l'énumération alphabétique des panneaux aperçus sur la route dans «Alphabetix», ou des petits rythmes hebdomadaires comme dans «J'ai attrapé un rhume».
De fil en aiguille, l'esprit vagabonde, rebondit sur les sonorités, goûte les mots et joue sur leurs sens, et les instruments ajoutés par les encadrants suivent, entre petits bonds de guitare, couinements de basse ou fracas de batterie.
Cette perception de la réalité est exactement ce qui constitue la poésie : la capacité de montrer le détail d'une manière différente. Les membres du groupe expriment pour le reste des mortels leur vision nuancée, nous font entrer dans leur univers avec des textes esquissant en quelques mots un monde touchant et quelquefois surréaliste, dans lequel on ressent surtout de la peur et de l'enfermement.
Né des ateliers d'écriture de l'institut médico-éducatif Alternance dans les Hauts-de-Seine, ce projet n'était pas destiné à devenir un album ; mais en écoutant la manière de s'exprimer des jeunes, en mettant en musique leurs textes, les éducateurs Christophe L'huillier et Claire Mahé ont eu l'idée de programmer quelques concerts, puis un album auto produit, et enfin pris la décision d'enregistrer l'Énergie positive des Dieux, avec l'aide de plusieurs musiciens, dont Artur B. Gillette (Moriarty), devenu leur bassiste attitré.
«Ce qui me met en colère, c'est qu'il y a des gens qui disent que je suis fou !» vocifère Stanislas.
Entre artiste et autiste, il n'y a qu'une lettre qui change, un petit signe typographique conventionnel dont ont pourrait s'affranchir.
Sortie le 27 avril 2018 sur le label Air Rytmo