Tony Melvil sortira son premier album La Relève le 16 mars prochain chez At(h)ome. Entre folk rock et chansons, en français, le violoniste prépare la relève en répondant à nos 10 Grosses Questions. Tony est un artiste accompli : violoniste, guitariste, comédien, choriste, compositeur... sur scène depuis 2002, alors âgé de 20 ans. De formation classique, il a ensuite sorti 3 EP et un album/spectacle pour enfants en 2015, Quand Je Serai Petit. Découverte d'un artiste singulier.
Quelques dates :
23/03/2018 : Espace Athéna - Saint-Saulve (59)
05/04/2018 : Le Nouveau Casino – Paris (75) avec K!
21/04/2018 : Le Poche – Bethune (62)
25/05/2018 : Janzé (35)
1 Comment fonctionne le groupe lors des sessions de compositions, qui donne les idées principales, qui fait office de médiateur ?
J’écris seul, textes et musiques. Dans un second temps, je m’entoure pour choisir les meilleurs titres et réaliser les arrangements, pour trouver un son, une couleur. Pour moi, la phase d’arrangement peut modifier beaucoup de choses, y compris le texte, l’harmonie et la mélodie. Les chansons que j’apporte en salle de répétition sont de la matière brute, qui ne demande qu’à être modelée. Rien n’est sacré, tout est modifiable. En studio, je reprends la main pour donner de la cohérence à l’album, je suis le garant d’une globalité, d’une patte.
2 L’album complet doit-être une grande fierté pour toi, mais dans quel morceau t’identifies-tu le plus et pourquoi ?
Sur cet album, La relève, il y a un titre qui s’appelle « Au courage » et qui me représente bien. Le texte évoque les attentats de Charlie Hebdo, mais de façon indirecte, brumeuse. Je suis un ennemi de ce qu’on appelle « la pensée réduite », des raccourcis, des slogans faciles… sur un thème aussi complexe que les attentats, je me garde bien de toute analyse, de tout point de vue. J’évoque, j’observe… Et puis dans ce texte, il y a un long passage musical qui pour moi est l’air nécessaire au milieu de cette ambiance irrespirable. L’ombre et la lumière, c’est comme ça que je vois ma musique. Le sourire et le chaos. Je travaille avec un vidéaste qui s’appelle Pierre Martin et qui fait surtout de la vidéo pour le théâtre et l’opéra. Sur « au courage », on a conçu à deux un clip à lire, sur le thème « je suis Charlie ».
3 Y a-t-il un vers ou une phrase dans les paroles d’une chanson qui te tiennent particulièrement à cœur ? Si oui, pourquoi ?
Dans « les miroirs à l’envers », le dernier couplet est clairement antimilitariste, je me sens bien en héritier de Boris Vian ou Georges Brassens dans cette thématique. Et puis il y a une histoire d’héritage, de ce qu’on va laisser à nos enfants… l’album s’appelle « la relève ».
« Si on mouillait la poudre des canons
À tous les vents, qu’on ouvrait nos salons
Encore une fois, que nos enfants puissent rire."
4 Quelles sont vos principales influences lorsque vous composez vos morceaux ?
Tout et n’importe quoi. Le quotidien, les rencontres, l’actualité, une lecture… Rarement une musique, j’en écoute relativement peu. Comme je fais beaucoup de concerts, j’éprouve le besoin de me reposer les oreilles et j’ai rarement le réflexe de mettre de la musique. C’est sans doute dommage, je pourrais être plus curieux à ce niveau-là… c’est peut-être aussi une phase de ma vie qui est comme ça.
5 Est-ce que d’autres sujets hors musique vous inspirent dans vos chansons ?
Là encore, difficile de généraliser, tout peut être source d’inspiration. Je crois aussi qu’il y a des moments où je suis capable d’écouter ce que j’ai profondément en moi et à le retranscrire en musique. Des moments où la sensibilité transparaît facilement, où les idées fusent. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas un gros boulot de mise en forme derrière...
6 Si tu devais écrire et composer un concept album aujourd’hui, quel thème choisirais-tu ? Quelles influences ?
Je travaille actuellement à un deuxième album jeune public en duo avec le producteur lillois Usmar. Le premier « Quand je serai petit » évoquait ce que voulait dire grandir. Pour celui-là, nous avons choisi le thème de l’absence. Ça s’appelle « Manque à l’appel » et nous avons voulu parlé de ce sujet que nous connaissons bien en tant que musicien en tournée… Le spectacle sera créé en octobre 2018 et l’album sortira début 2019.
7 Quelle a été ta première idole musicale ?
J’ai une culture musicale classique au départ, j’ai appris le violon au conservatoire. Et à 16 ans, je ne connaissais rien d’autre que la musique classique et les trucs à la mode de l’époque. J’ai alors découvert Georges Brassens. Et ça a été une révélation. Pas forcément musicalement mais plutôt dans les textes et dans la manière de les chanter, avec une quasi absence d'interprétation. J’ai senti que cette discipline, ce format (la chanson) me correspondait particulièrement.
8 Avec quels groupes / artistes rêverais-tu de tourner ou bien composer un album en commun ?
J’adorerais travailler avec des artistes d’une autre discipline. J’adore les films de Dupontel, lire Houellebecq ou Despentes. En parallèle de ma musique, j’écris des chroniques qui sont publiées chaque mois sous forme de newsletter. Ça s’appelle « Chroniques d’un chanteur désarmé » et je viens même d’en faire tirer une édition papier pour vendre sur mon site et à la sortie des concerts. J’en ferai peut-être quelques choses un jour… j’aimerais par exemple m’essayer à la commande, devoir écrire un texte ou une musique sur mesure. J’ai fait ça une fois, pour Clarika, et l’exercice m’a beaucoup plu. Ça a donné naissance à un titre qui est sur son dernier album, « Les beaux jours ».
9 Quel est le premier album que tu as acheté avec ta propre thune ? Quel est le dernier album que tu as acheté ?
Le premier vrai disque que j’ai acheté, si on écarte les trucs inavouables du début du collège comme dance machine, je pense que ça doit être "Blood sugar sex magic" des Red hot. Je devais avoir 14 ans.
Ça fait un bon moment que je n’ai pas acheté de disque, j’ai un abonnement Deezer… Mais, de mémoire, le dernier disque physique que j’ai acheté était le dernier Tom Waits, Bad as me.
10 Comment convaincre quelqu’un d’écouter ta musique de la manière la plus rapide possible, à l’image des 140 signes de Twitter ?
Il y a des disques qu’on écoute et des disques qui nous écoutent. Prendrez-vous le risque ?