Editors – Violence

Editors a longtemps surfé sur la crête d’un revival cold wave made in 2000’s, tout en jurant avec véhémence que Joy Division n’était pas une de ses références majeures. Le groupe anglais réussit enfin à le prouver avec ce sixième album qui prend une direction diamétralement opposée en s’orientant sans vergogne vers l’electro pop. Manque de chance, ils avaient plus de personnalité en imitant Joy Division qu’Imagine Dragons.

Des atmosphères sombres, mélancoliques voire carrément déprimantes, empreintes d’un certain romantisme obscur, c’est entre autres ce qui faisait le charme d’Editors aux yeux des fans, et matière à critique pour les détracteurs. Avec ce nouvel opus, les Anglais ont eu le mérite de complètement changer la formule – même s’ils avaient déjà réussi à la faire évoluer au fil des albums. Sauf qu’à se réinventer, ils auraient pu explorer une voie moins surexploitée que l’electro pop.

Car dans Violence, rien ou presque ne se démarque des productions actuelles. Les guitares ont été en grande partie remplacées par les claviers et les boîtes à rythme, soit. Mais il y avait certainement mieux à en faire. Le tout début de l’album donne le ton, avec une intro au clavier sans originalité, et des arrangements que l’on a l’impression d’avoir entendu mille fois. "We are ghosts tonight" (nous sommes des fantômes cette nuit) chante Tom Smith. Au moins, il est lucide.
 

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Le constat vaut pour bien des chansons : la production est carrée mais extrêmement fade, convenue, et ne brille guère par son originalité. Elle donne le sentiment que le pire ersatz de Coldplay a copulé avec la pire copie d’Imagine Dragons. Ce sentiment de vacuité culmine sur la chanson titre, ironiquement dépourvue de la moindre violence – comme l’ensemble de l’album, à croire que les Britanniques ont voulu faire une blague. Impression confirmée en entendant "Baby we’re nothing but violence" (nous ne sommes que violence) : nous ne devons pas avoir la même définition de violence.

Au passage, en entendant le chant, l’envie peut prendre l’auditeur de hurler "Mais rendez-nous Tom Smith"… afin de se rendre compte que c’est toujours bien lui qui chante. Sa voix grave et profonde, même si elle rappelait celle de Paul Banks d’Interpol, ne manquait pas de charme et apportait un cachet à la musique des Anglais. Sur cet album, il a décidé de laisser tomber les notes les plus basses pour aller explorer les aigus. Difficile de lui reprocher de ne pas rester sur ses acquis, mais le résultant n’est qu’à moitié convainquant, tant il semble imiter nombre de ses confrères.
 


Cela reste globalement écoutable, et ce serait mentir d’affirmer qu’absolument toutes les chansons sont désagréables à entendre. Dans le style pompier et très FM-compatible, "Darkness at the Door" est assez efficace, tout comme "Magazine". "No Sound but the Wind", chanson connue depuis longtemps et qui figurait sur la bande-originale d’un épisode de Twilight, lâche les synthés au profit du piano, et selon l’humeur de ceux qui l’écoutent, elle pourra sembler jolie et touchante ou fade et convenue. La balade de clôture "Belong", qu’on peut ne pas trouver passionnante, fait tout de même l’effort d’une certaine recherche sonore en cherchant à instaurer une ambiance en clair-obscur. Difficile cependant d’affirmer que l’ensemble est une réussite éclatante.
 


Et puis il y a "Hallellujah – So Low." Le titre, toujours très orienté electro, déploye des arrangements luxuriants qui sortent du schéma rebattu des autres chansons de l'album. Le morceau est parcouru de tensions, les couplets aériens semblent par instant porter des réminiscences de mélodies extrême-orientales, et nous mènent en apesanteur jusqu’à un refrain plus brutal, presque indus, qui nous submerge. La voix de Tom Smith, si elle peut rappeler celle de Chris Martin, se fait suave, énigmatique, et semble avoir enfin quelque chose à exprimer. En l’entendant, on se dit qu’Editors avait largement les moyens de proposer un album autrement plus consistant que ce Violence.

Tracklist
nouvel album, cold wave, new wave, electro, pop, editors, violence1.  "Cold"  3:38
2.  "Hallelujah (So Low)"  3:55
3.  "Violence"  6:06
4.  "Darkness at the Door"  4:26
5.  "Nothingness"  5:05
6.  "Magazine"  3:55
7.  "No Sound But the Wind"  4:27
8.  "Counting Spooks"  5:43
9.  "Belong"  6:02

Sortie le 9 mars chez PIAS

Plus d'infos sur le groupe.

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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