Inutile de vous dire que les Limiñanas sont partout. Depuis la sortie de Shadow People, leur déjà cinquième album, le groupe de Cabestany ne cesse de prendre de l'importance. Couverture de Rock N Folk, passage télé dans le Taratata de Nagui, l'album de la Semaine Canal +. Même la presse généraliste les encense.
En guise de tour de chauffe sur leurs terres catalanes, ils ont littéralement retourné le Mediator à Perpignan où un parterre totalement conquis était venu célébrer ses héros. Il est impressionnant de voir en effet comment le peuple catalan s'identifie aux Limiñanas qui actuellement portent haut les couleurs de la réussite catalane. Les voila devenus un porte drapeau du pays catalan dans la musique au même titre que l'USAP, le club de rugby phare de la ville dans le milieu sportif.
Mais ce soir c'est à plus de 800 kilomètres de ses bases que le groupe va commencer sa tournée. A Massy, en banlieue parisienne quelques vingt jours avant d'être programmés au Trianon dans la capitale. Malgré la proximité des deux dates, le concert est quand même sold-out comme déjà beaucoup d'autres sur la tournée. Pas de doute, les Limiñanas sont attendus de pieds fermes.
Dès que Fred Poulet a fini son show, tous se retrouvent au bord de la scène pendant le changement de plateau. Concentrés mais sereins, les catalans sont prêt à lancer cette tournée qui les verra sillonner la France pendant une vingtaine de dates durant les trois prochains mois et passera Outre-Manche aussi pour évangéliser la Perfide Albion. Puis on continuera par une tournée des festivals estivaux ! Allez, c'est parti pour trois mois de tournée !
Comme à leur habitude, le groupe nous assène un titre instrumental en guise de mise en bouche… On vérifie le matériel, on fait chauffer les amplis et c’est le moment de balancer "Malamore", titre du précédent album. "Down Underground", un classique fait monter tout le monde en température. Tous les musiciens prennent leurs marques. Une belle soirée s’annonce.
Et puis c’est le moment d’envoyer de la nouveauté. "Dimanche", chanté sur l’album en duo avec Bertrand Belin remporte les suffrages puis c’est "The Gift" qui rallie définitivement les derniers récalcitrants à la cause Limiñanas. Le coté pop de ce morceau fait merveille en "live".
A partir de ce moment, c’est un feu nourri de classique du groupe comme "Funeral Baby", "Crank", parmi lesquels s’intègrent sans aucun souci les nouveaux morceaux.
Le positionnement sur scène a été aussi très réfléchi. Rien n’est laissé au hasard par Lionel et Marie qui se posent en chefs d’orchestre de cette bande de sept musiciens. Chacun a trouvé sa place et sait se mettre au service de l’ensemble. Une réelle alchimie se dégage.
Pendant leur résidence perpignanaise, les Limiñanas ont travaillé sur le set. A la manière de ce qui se passe dans leurs albums, leur concert se pense comme un voyage, un trip initiatique très bien équilibré avec ses temps forts (nombreux) et ses temps calmes qui sont placés très harmonieusement dans le set. En tout cas, c'est avec une énergie débordante qu'après une grosse heure, le groupe termine le travail sur un sulfureux "Betty And Johnny".
Pour le retour aux affaires après une courte pause, "Pink Flamingos" exécuté en formation réduite est un petit moment de grâce et d’émotion qui capte et même captive l’auditoire. La fin de set ne sera que folie pure avec "Russian Roulette" des Lords Of The New Church et surtout une version du "Gloria" des Them qui aurait pâlir d’envie les Doors et Patti Smith ! Ce titre a une puissance quasi égale à "Louie Louie". Et lors du final, quand Lionel enclenche sa Big Muff soviétique, le doute n’est plus possible, les Limiñanas viennent de livrer « la » meilleure version de "Gloria" du 21ème siècle !
On finira comme on avait commencé avec un instrumental, "The Train Creep A-Loopin", à réveiller les morts. Tout le personnel est à fond notamment un Ivan Telefunken préférant triturer sa six cordes avec une cuillère à soupe plutôt qu’avec un bien trop conventionnel médiator.
Après un peu plus d’une heure trente, Lionel, Marie et leurs acolytes peuvent quitter la scène avec la satisfaction du devoir accompli. Ils viennent de prouver qu’ils sont bel et bien un groupe de "live" exceptionnel et avec la qualité des titres présents sur le nouveau Shadow People, on ne peut que comprendre pourquoi les médias les encensent… Et ce n’est que le début de la tournée… On attend avec impatience le Trianon !