Pyrit – Control

 

Laissant la part belle à l'instrumental et aux sonorités métalliques, voire chirurgicales, Control nous raconte en dix morceaux la lutte d'un homme enfermé dans un univers robotique.

Après un premier album en 2015, UFO, qui racontait la transformation d'un homme en machine, le multi-instrumentiste Thomas Kuratli nous gratifie de sa suite : Control, où l'on se trouve finalement enfermés dans le robot.

L'album est conçu comme une histoire en quatre parties de trois morceaux, avec une descente aux enfers finale avec le bien nommé « Styx ».

Electro, robotique, mélancolie, psyché, bleu velours

En effet, les cliquetis métalliques insectoïdes du début, qui laissent place aux coups réguliers de marteaux-pilons, font penser à la conception de cette machine qui va enserrer le corps.

Puis l'on s'éveille lentement de cette première manipulation qui nous fait entrer dans le monde si particulier de Pyrit, et tandis que des chocs sourds s'entendent au loin et que ça grésille à nos oreilles, on se sent déjà englouti par cette ambiance froide, accompagné par une voix tendue, nerveuse, qui se débat encore un peu. Les réverbérations travaillées amplifient l'espace autour, petit à petit le synthé arrive pour produire une ambiance de film à suspense. On se sent seul dans un désert hostile, et l'on essaie de lutter, maladroitement.

C'est alors qu'entrent en scène les battements organiques d'un cœur qui a des ratés, introduisant la deuxième partie de l'aventure avec « Monody ». Le chanteur murmure plaintivement, les distorsions du tempo rappellent le disque rayé. Une grande mélancolie se ressent, le rythme ralentit, mais toujours en arrière-plan les martèlement inquiétants viennent troubler le calme et rappeler la présence implacable d'une menace indistincte.

Enfin, la résignation arrive. Ou peut-être la libération ? L'ambiance se fait plus légère, les sons plus aériens, la réverbération ne tire plus vers la sirène d'alarme mais plutôt sur le voyage spatial dans « Spit it Out ». La lutte contre cette machine qui constitue finalement sa propre enveloppe devrait s'achever dans une danse, ou une transe, les sonorités psychédéliques prennent le pas sur les chuintements d'usine… peut-être que tout cela n'est qu'un rêve, et que le réveil sera douloureux. La voix se fait plus haut perchée, lancinante, alors que des cliquetis métalliques et des gouttes d'eau se font entendre dans le brouillard derrière.

Car c'est le fleuve Styx qui est à présent en vue, et dans lequel se baigne notre vaisseau-carapace. La réverbération cuivrée donne des accents inquiétants au voyage, qui ne ressemble ici plus trop à une mélodie mais à une bande-son pour un imaginaire où s'engouffrer sans regarder en arrière.

Electro, robotique, mélancolie, psyché

Les effets sonores impeccables font plonger tout entier l'auditeur médusé dans un univers inconnu, très personnel, intime et nostalgique. À défaut d'être lui-même transformé en machine qui l'isolerait du monde, Pyrit sait créer son monde avec ses machines à son, et laisse la part belle aux mélodies pour dérouler une musique cinématographique qui ne laisse pas indifférent.

Pyrit sera en concert le 11 avril au Point éphémère à Paris, et si les effets lumineux scèniques se rapportent aux effets sonores de l'album, c'est bien parti pour être une vigoureuse claque artistique.

Sortie le 6 avril chez Bookmaker Records

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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