Ben Harper & Charlie Musselwhite – No Mercy in this Land

Après un premier album, Get Up !, sorti en 2013, Ben Harper et Charlie Musselwhite sont retournés en studio pour mettre en boîte un nouvel opus, No Mercy in this Land, qui sortira le 30 mars sur le label Anti-/PIAS.

La notion de supergroupe parle à tout le monde. Ou presque. Pour ceux qui ne la connaissent pas, il s’agit de musiciens de groupes connus qui se réunissent au sein d’une nouvelle entité, pour une nuit ou pour la vie. Chacun peut avoir son opinion sur l’intérêt de ce genre de projets, mais on ne peut leur enlever une chose, c’est que, généralement, les noms alignés prêtent déjà un cachet au projet.

Ben Harper & Charlie Musselwhite, No Mercy in this Land, album

Aligner Ben Harper et Charlie Musselwhite sur la même ligne peut sembler anachronique, et pourtant, le projet fonctionne bien. Que cela soit Get Up ! ou No Mercy in this Land, les deux styles se complètent parfaitement. Dès le premier morceau de l’album, d’ailleurs, on retrouve cette complémentarité. "When I Go" est un blues typique, en ternaire. Le style est tellement ancré qu’à l’écoute de cette piste, on se retrouve en 2013, à écouter "I’m In, I’m Out and I’m Gone". D’entrée, on sait que ce projet sera plus blues, plus teinté et opaque que le précédent.

S’il est rare que Ben Harper ait produit, en solo, du vrai blues, il est à noter qu’il excelle dans ce domaine (qui aurait pu prétendre le contraire, cela dit). Que cela soit sur des morceaux comme "The Bottle Wins Again" ou "Bad Habits", il y a une vraie présence du musicien, quelque chose d’indéboulonnable, tant dans le fond que dans la forme. Il est intéressant de noter que, a contrario, Charlie Musselwhite est plutôt discret sur les lignes de chant. Ils ne partagent vraiment le micro qu’à une occasion, et ce dans le morceau éponyme, "No Mercy in this Land".

Ce qui aurait pu s’apparenter à un écueil majeur ne l’est en fait pas tant que ça, étant donné la présence de Charlie Musselwhite à son instrument de prédilection, l’harmonica. Les solos donnent une autre profondeur aux morceaux et ils sont presque inattendus tant la guitare prend une place immense dans la discographie de Ben Harper. Ici, elle est souvent en retrait

Si, dans la forme, le blues est prédominant, on retrouve quelques rythmiques en ternaire rock, comme sur "Found the One", qui apportent un côté léger et dansant à un ensemble plutôt compact et grave (on fait du blues ou on n’en fait pas, cela dit…), ou des morceaux plus pêchus, comme "The Bottle Wins Again".

Au niveau du fond, on retrouve aussi cette très forte attache à des thèmes blues, comme l’errance, sur "When I Go", et le fait de devenir un étranger, même pour les gens que l’on connaît. "When I go I’m a stranger / Even to the people I know / And I’m going to where / The winds never change". Si "the home is where the heart is", il semble alors évident qu’en quittant un endroit physiquement, on le quitte également sentimentalement. Il y a aussi le sentiment de ne pas trouver ce que l’on recherche, notamment dans "Love and Trust" et son pendant positif, "Found the One".

L’album se clôt sur "Nothing at All", une ballade à la Ben Harper, tel qu’il a pu en faire en solo sur presque tous ses albums. Encore une fois, on retrouve la touche indescriptible de Charlie Musselwhite. Si l’instrumentale, composée principalement de piano, est partie prenante dans cette chanson, le solo d’harmonica arrive et passe naturellement.

C’est sans doute là que la collaboration prend tout son sens : les deux musiciens se complètent parfaitement, que cela soit sur le fond ou sur la forme. Il s’agit d’un très bon blues, efficace et imprégné d’histoire et de sentiments. Cet album a beau être bon, il ne reste cependant pas en mémoire au terme de deux ou trois écoutes. Si cela n’est pas préjudiciable sur le court terme, on se retrouve confronté à un album qui risque de prendre la poussière sur les étagères. Et, tous les morceaux se ressemblant un peu, on se dit qu’au final, on n’aura pas perdu grand-chose si on ne le réécoute pas. Ce qui est bien dommage au vu du talent déployé ici.

Sortie le 30 mars sur le label Anti-/PIAS

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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