No One Is Innocent – Frankenstein

Evénement fort à venir pour grand nombre de rockeurs que ce septième album studio de No One Is Innocent. Le groupe fête ses 25 ans (15 pour la charnière Kemar - Shanka) cette année avec ce Frankenstein, monstre déglingué puissant, brutal et intense. Avec une nouvelle fois Fred Duquesne (guitare et prod de Mass Hysteria) à la production, il ne pouvait en être autrement. Après l'immense Propaganda il y a déjà trois ans et qui marquait un retour aux origines débridées du groupe, on attendait encore plus fort de Frankenstein et on est pas loin d'atteindre les sommets.

No One aime mettre une figure en avant dans ses albums, que ce soit pour les moquer (Jacques Chirac, "Salut l'artiste", Gazoline, 2007), pour régler des comptes ("Johnny Rotten", Drugstore, 2011) en electro-punk, en vibrant hommage pour Massoud dans Propaganda et maintenant Mohamed Ali, en hommage encore une fois pour les icônes de la lutte, aux rebelles, aux anti-systèmes, aux militants, face à l'ordre établi. Et tout au long de l'album ce fameux ordre établi va prendre cher, des coups de poings sous formes de mots et de riffs. Un deuxième homme, sans le citer, est mis en avant avec "What the fuck" (où Niko Jones de Tagada Jones vient prêter main forte à Kemar au chant), Donald Trump ou comment Dr Folamour gère le monde...

Pour revenir à l'ordre établi nous faisant croire que "jusqu'ici tout va bien" ("Desperado") alors que nous sommes en burn out, voilà le modèle... Mais alléluia, nous allons partir en fumée "A La Gloire Du Marché" sur un fond stoner, où même "Dieu a compris qu'il fallait spéculer" dans notre monde de la thune où finalement nous mourrons tous, mais pas dans les mêmes souffrances. Il y a un poids qui pèse sur tout cet album, celui de la violence subie par les plus défavorisés par ceux qui ne vivent que pour l'argent et le pouvoir ("Frankenstein") où leur paradis est notre enfer ("Les Revenants"). Et derrière la batterie de Gaël tabasse, les riffs de Popy et Shanka sont encore plus virulents, la basse de Bertrand roule dans cette fanfare incensée où Kemar oeuvre en MC hurleur comme à son habitude ("Hold Up Au Nom Du Peuple"). La parole forte de constats nous saignent : "Au porte de l'enfer, on respire bien la liberté", la politique comme la religion en prennent fort pour leur grade quand le peuple est la nuit. Toujours virulents, les No One tapent juste et fort, on a rien à vendre, tout à défendre. Restons rebelles face à l'ordre établi.

No One Is Innocent, Frankenstein, album, ali

Un vibrant appel solide, ultra péchu et énervé, ce Frankenstein. "Le monde est sûr, le monde est fier", "what the fuck is goin' on", tout part en couille, et pourtant tout continu comme si de rien était, les médias font leurs choux gras de la souffrance du monde en tant que statistiques en pertes humaines, les politiques et le business nous accablent, mais le monde est sûr, le monde est fier...

A noter aussi, la reprise surprise en fin d'album, "Paranoïd" de Black Sabbath, ici chantée par Shanka.

Sortie le 30 mars chez Verycords

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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