Le groupe de frenchy franciliens, qui mîtonne depuis vingt piges un gombo de blues épais, de jazz fulgurant et de guitares sauvages sort son quatrième album. Toujours aussi inclassable, mais aisément reconnaissable grâce au grain de voix de Eric Letinier-Simoni. Le premier qui lance Tom Waits a gagné, mais devra vite lâcher prise au jeu des références. Cet équilibre précaire entre furie instrumentale et tempo ultra-maîtrisé n'appartient qu'à eux. Ils donnent aussi dans la cover. "I wanna be your dog" de l'Iguane. Casse-gueule ? Non, finement joué et d'une belle évidence !
Eric Letinier-Simoni soutient que ce nouvel album de La Danse du Chien est plus percutant et plus épuré, plus radical aussi. Et qu'il contient des morceaux plus "doux"… Si "Rise" qui ouvre le feu, est plutôt calme avec son orgue qui sonne classic garage, leur version de "Strange fruit", chanté par Billie Holiday fait quelque peu mentir le healer du groupe. "Summerless" qui suit, n'arrange guère sa situation. Ça ventile plutôt du blues brutal dans les quatre coins, limite explosif, façon John Spencer… Soyons un peu juste. "Still waters" est une lente descente dans des eaux noires et troubles. La sanza qui l'accompagne laisse entendre qu'elle se situe vers l'équateur, lointaine origine des esclaves noirs… Et le maritime "Sant'Antonio's trigger" conclue Monsters and Mermaids sur une note presque apaisée, piano et contrebasse à l'unisson.
La Danse du Chien a 20 ans
Car La Danse du Chien ne crache pas dans la soupe originelle bluesy-jazzy… Comme le rappelle sans ambages un précédent opus, ils sont de l'école Jazz Punk Circus. Ce sont le plus souvent les envolées du saxophone de Guillaume Christophel qui s'y collent. Ses interventions free - sur "lie to me" notamment - rappellent plus le baryton de Morphine que le jazz Nouvelle Orleans des notables-bien-propres-sur-eux… Elles font écho au chant délicieusement éraillé et à l'harmonica sauvage d'Eric Letinier-Simoni. La Danse du Chien se tire donc avec brio de leur cover d'Iggy Pop et font un égal sort à "Primitive" de The Groupies, une petite perle garage sixties à laquelle ils rendent son éclat. Si vous devez retenir un titre de cet album de La Danse du Chien, collez-vous entre les oreilles l'inventorial "Disposophobia", une alternative groovy au décompte de moutons !
Ecoutez Monster and Mermaids et suivez l'actu de La Danse du Chien !
Sorti le 9 mars chez Arts et Spectacles