Les Wampas à la Maroquinerie. L'affiche donne envie, forcément. Mais les Wampas, avec des premières parties assurées par la quasi-totalité des side-projects des membres du groupe, ça a encore plus de gueule! Autant dire que le monde du Rock'n'Roll s'est retrouvé à la Maro ces deux soirs, pour célébrer le roi Didier bien sûr, mais également toute sa tribu. Retour sur une des deux soirées à la gloire du dieu Rock'n'Roll. Car l'énergie est encore là, et à la Grosse Radio on a autant la patate que les Wampas and Co, aussi on vous racontera l'intégralité de ce week-end.
Samedi soir, on est de virée. Retour aux origines. Les Wampas ont inventé le Rock'n'Roll, et ils sont venus nous administrer une double piqûre de rappel. Le public ne s'y est pas trompé, la première date, très vite complète, s'est vue doublée. 2 jours, 2 concerts. Bim. Prend ça. Et si ça n'était pas suffisant, les Wampas t'ajoutent en plus des premières parties de choix. Le samedi, Tony Truant, guitariste des Wampas, en solo, suivi de Sugar & Tiger, groupe composé en majorité de la Didier Wampas Family, puis Didier Chappedelaine et ses Maudits Français, récent side-project de Didier Wampas. Le dimanche, toujours Tony Truant en ouverture à 19h40, puis Effello et les Extraterrestres, suivis de la formation country régalienne. Bref, ça va être chaud, ça va être physique!
Tony Truant
Tony Truant, guitariste des Wampas. Mais Tony Truant, guitariste et chanteur solo émérite également. Quelques albums au compteur, notamment avec les Dogs et les Fleshtones. Lorsqu'il monte sur scène, seul avec sa Telecaster, ce n'est pas pour raconter des salades. Enfin si, quand même. Parce que l'homme sait manier la six-cordes, mais il chante aussi, et plutôt pas mal. Voix rocailleuse, look entre Keith Richards qui aurait avalé un clown et John Lee Hooker, version cow-boy, gouaille sans limite.
Tout au long de ses quelques titres, il réussira à faire s'esclaffer la Maro, en racontant ses aventures devant une pauvre infirmière qui lui balance "une dose de cheval à la queue du même nom", ou en déclenchant des chœurs venus du public, qui reprendra en coeur les moult "Ouaf, Ouaf" d'un basset artésien, avant que ne le rejoingne sur le titre un invité, différent chaque soir. Le samedi, un jeune batteur débutant pointe son museau spontanément pour un bœuf mémorable. Ce batteur, on le verra plus tard dans la soirée, c'est un certain Didier W., qui a préféré garder l'anonymat à défaut de ses forces, tant son solo, tout en retenue mal contenue, a dû faire retourner ce pauvre Keith Moon dans sa tombe. Dimanche soir, les guests de fin de set sont Niko Wampas aux fûts, et Alain Picon au micro, frontman des Vierges et accessoirement infatigable manager/régisseur des Wampas ; le tout pour une reprise vitaminée de "Mon jardin est un paradis" des Vierges
Tony Truant nous a livré un moment total Rock'n'Roll, foutraque comme il faut, irrévérencieux comme il se doit, et jouissif comme on aime. Allez, la foule se presse autour de la source à boisson houblonnée. C'est que c'est pas fini, va falloir tenir la longueur, nous aussi!
Sugar & Tiger
Les Sugar & Tiger, comme tu pouvais t'en douter, sont plusieurs sur scène. Malheureusement en ce samedi soir, Florence (au chant), que l’on a pu croiser dans les murs, a fait un petit malaise (tout va mieux aujourd’hui) et donc n’a pas pu monter sur scène. Ah oui, on précise que Sugar & Tiger est un Family Band. À la guitare et au co-chant Didier Wampas, à l’autre guitare son fils Arnold, son autre fils Diego à la batterie, et Jean-Mi Wampas à la basse (ce dernier faisant partie de la famille de cœur). Florence laisse donc ce samedi soir un Didier fort dépourvu, lorsque la bise fut venue, car voilà, ce n'était pas prévu, il va devoir assurer les voix tout seul, ayant plusieurs sets à assurer après !
C'est donc tout naturellement qu'il cherche dans le public une voix féminine qui connaîtrait les paroles. Sa proposition ne trouvant preneuse (les preneurs n'ont pas été retenus), le casting s'arrête là, et le concert repart de suite. Du coup, c'est vrai que les morceaux sonnent très Wampas, le groupe (pas la famille, suis un peu ce qu'on te dit !). La voix de Florence manque cruellement à aérer l'ensemble. C'est propre, c'est compact, ça plaît. Forcément, tout le monde est venu voir les Wampas (le groupe). Tu suis toujours ?
Les six titres (on a compté) seront avalés comme un Flanby dans une cour de récré, sans sourciller. Ça passe tout seul, sans surprise. C'est même presque décevant, de voir un concert de la famille Wampas sans que le chanteur ne fasse de frasque diverse. Il vieillirait, Didou? Non, que nenni, la suite de la soirée va vite le confirmer...
Setlist
Henri
Linda Ramone
Au bal de Savannah
Le dernier concert
Comme un Chinois
Car c'est toi
La page Facebook de Sugar et Tiger est ici.
Effello & les Extraterrestres
En deuxième slot du dimanche, la programmation nous gratifie d’un set court et néanmoins généreux du groupe mené par Effello, autre guitariste des Wampas. Car avant que ce dernier ne rejoigne les effectifs des Wampas il y a deux ans, Effello et les Extraterrestres officiaient déjà depuis 2012, avec notamment à la basse Arnold le fiston de Didier. Si on doit la décrire, cette formation s’avère relativement inclassable tandis qu’elle se prend à s’auto-étiqueter Youpi Punk. Les quatre garçons respirent le rock’n’roll sur le quart d’heure qui leur est attribué à cramer les planches de la Maro ce soir.
Conviction, sincérité, voire un soupçon de candeur fantasque et d’irrévérence transpirent à travers les six morceaux puisés dans leurs trois albums (deux déjà parus, un en cours). Le sourire de Greg à la batterie suscite une contagion d’ordre pandémique, Arnold tombe carrément la chemise vu la chaleur volcanique, la (seule) pédale de disto d’Effello est en rade dès le premier titre mais qu’importe on s’en passe, Mathieu à la gratte assure les riffs, bien carré comme il faut. Et s’il faut vraiment résumer pour conclure ce paragraphe, honnêtement, on n'a jamais croisé quiconque sortant d’un concert d’Effello et les Extraterrestres qui ne soit pas ravi de ce qui vient de lui arriver.
Setlist
La musique
2017
E.F.F.E.L.L.O.
Enculé d’étudiant de merde
Elle avait
Marie-Charlotte
La page Facebook d’Effello & les Extraterrestres est ici.
Didier Chappedelaine et ses maudits Français
Après une très courte pause, c'est le retour de Didier Wampas. Ou plus exactement, de Didier Chappedelaine, son vrai nom. Il y a quelques mois de cela, par peur de s'ennuyer sans doute, il a monté un projet de reprise de chansons country, québécoises, histoires tirées du patrimoine de la Belle Province. De cette expérience, est sorti fin 2017 un bel album, avec à la guitare Viktor Huganet, prodige six-cordeux toulousain issu tout droit du Rockabilly. En ce samedi soir (et le lendemain aussi d’ailleurs), Tony Truant reprend la guitare, Jean-Mi garde la basse, et Diego la batterie. C'est le tiercé dans le désordre, cette histoire ! Mais la mayonnaise continue à monter, pas de trace d'essoufflement. Même Didier se met au Yoddle, ce qui est assez étonnant de sa part.
La musique québécoise, tout le monde la connaît. On a évité précautionneusement Céline Dion, au profit de Robert Charlebois, pas de risque d'incident diplomatique bien évidemment. Et ces morceaux, très country, très folk, aux tempos binaires, sonnent très bien dans le thème Punk - Rock'n'Roll de la soirée. Didier peut se remettre à ce qu'il aime le plus, faire dérailler un concert, lancer des perches et les rattrapper comme ça peut. Comme avec ce morceau qui s'y prête bien, "Québec mon pays", et ses faux-départs provoqués. Le tout avec un Viktor Huganet qui nous régale de sa dextérité, sans pour autant en faire des caisses.
Un dernier morceau, écrit par "l'éclairagiste des Béruriers Noirs", nous prouvera que l'accent québécois n'est pas si simple à adopter, mais que on s'en fout, que ça prend quand même. "L'est en prison maintenant", que chante Didier, avant de conclure ce troisième set, soit le deuxième pour lui, le deuxième pour Tony Truant, le deuxième pour Jean-Mi ou Niko... Ça pique? Non, même pas mal!
Setlist
Les cowboys du Québec
Une guitare et un cow-boy qui chante
Je chante à cheval
Les ailes d'un ange
Québec mon pays
En prison maintenant
Les Wampas
Soyons clairs. Ce qui se passe à partir de maintenant n'est pas évident à narrer. D'abord parce que on en est au quatrième concert de la soirée, et que si la moyenne d'âge n'est pas digne d'un concert de Frank Michael, on est quand même loin de Maître Gims et ses fans pré-pubères. Du coup, la fatigue commence à se faire sentir. Ensuite parce que un concert des Wampas est compliqué à décrire. C'est intense, c'est fou, c'est sans limite, c'est proprement chaud, sale et humide. Enfin, parce que, il faut bien l'avouer, ces deux premières explications ne se substituent pas à la principale et unique raison: parce que dans une salle où ça brasse à tous les étages, où le moindre mètre carré est occupé par un pogoteur ou une pogoteuse en puissance, le simple fait de sortir son calepin est de l'ordre de l'exploit.
Dès le début du concert, la Maroquinerie se transforme en une immense lessiveuse. Tu es venu au concert te prendre ta dose de sueur? Tu vas être servi! Un début de set issu des derniers albums, histoire de chauffer la salle, et BIM! "C'est l'amour", puis "Rimini". Pas vraiment le temps de souffler. Souffler, c'est ce que va quand même faire Didier, sur l'intro de "L'éternel". Profitant abusivement et ouvertement de la jeunesse et de l'endurance d'Effello, il ne va pas hésiter à le laisser envoyer le riff de départ pendant une heure et 23 minutes environ, pendant qu'il fait signe à qui veut le voir qu'il n'en peut plus, qu'il est rincé. Tu m'étonnes, on le serait à moins... Mais c'était une blague, ou alors il récupère super vite! Le concert repart de plus belle. Les Wampas sont une machine de guerre, ça joue gros, ça joue fort, ça joue juste. Le groupe est un bloc, qui pousse chaque soir au paroxysme l'énergie dans la salle. Salle qui sera visitée de fond en comble par Didier, aussi bien sur une chaise, que sur ses pieds, sur le dos, sur le ventre, généralement porté par un public qui n'attend que ça, parfois (rarement) les pieds touchant le sol....
En milieu de set du samedi, Didier pourra se reposer les cordes vocales, Effello prenant le micro pour évoquer un magasin de bricolage bien connu que les règles de la concurrence nous empêchent de citer ici, mais dans lequel il semblerait qu'il y ait tout ce qu'il faut. Pas de problème, ça suit bien, c'est toujours à fond. Et malgré cette folie qui envahit le public, on notera que les premiers rangs n'auront pas à se prendre des kilogrammes de keupon sur la tête, les slammeurs seront restés relativement raisonnables, même si, sur la fin, il faut bien y aller quand même un peu, non mais c'est vrai, quoi ! D'ailleurs, samedi comme dimanche, le "plus grand wall of death de l’histoire de l’univers" initié sur "Comme un punk en hiver" devra même être recommencé pour s’avérer convaincant aux yeux de Sa Majesté Didier Wampas. Un comble !
Pour "Les Bottes Rouges", une fois n'est pas coutume, Didier Wampas se retrouve à démarrer le morceau dans la fosse, sur une chaise à porteur. Enfin, une fois n'est pas coutume, faut voir, il a passé la moitié du concert hors de la scène! Mais un léger problème de micro lui fait céder le chant à son audience qui connaît les paroles. Et tu diras ce que tu voudras l'ami(e), ce morceau est quand même très fort, et encore plus lorsqu'il est repris par une foule d'au moins 524 276 personnes (le nombre d'entrées à la Maro selon la police). Chair de poule assurée, communion, c'est beau.
Le plus jeune de la soirée est un peu plus tard convié sur scène pour annoncer le morceau suivant. Le samedi, l’heureux élu du haut de ses 75 ans suggère que ce soir c'est Pâques… Raté. Mais le dimanche, on est le 11 mars 2018 : Didier repose la question, quel jour sommes-nous ?! Piège général ! Cinq minutes avant que deux adorables gamines ne montent sur scène annoncer "Ce soir c’est Noël" avec succès, les Wampas rappellent l’éphéméride. Que "la variété française est morte, oh oui elle est morte, en mars 78, avec Claude François, et tout le monde le sait" ! Surprise sortie du chapeau, la pop parfaitement entêtante du titre sorti en 2014 cadre on ne peut mieux à la soirée.
Les sets des deux soirs se concluent avec deux rappels composés de morceaux plus anciens. Le temps d’un mini changement de plateau, voici l'occasion de (re)voir l’ancien bassiste des Wampas, très en forme d'ailleurs. Pour ce retour scénique exceptionnel, Ben Sam déborde d’enthousiasme sur ces trois morceaux période Chauds, sales et humides (1988). Samedi comme dimanche, le combo fonctionne, en forme de cadeau hors du temps où tout débordement hormonal semble permis.
Le deuxième rappel est quant à lui assez habituel des dernières tournées : le single méga emblématique "Manu Chao", et "Petite Fille", pour laquelle la scène est envahie par la quasi-totalité du public féminin (à l'exception de Christine Boutin qui n'a pas pu monter la marche) : scènes habituelles de liesse, slam de Didier sur cette foule féminine surexposée… Une toute dernière lampée de sueur finit d’inonder le moite sous-sol du XXème arrondissement : "Oï", ou l'hymne ultime à la gloire du roi Didier Wampas, occasionnant par exemple le slam simultané des trois gratteux sur une fosse orgasmique. Histoire de conclure ces deux soirées de folie, où nous aurons vu un chanteur tenir la scène pendant des heures, les groupes s'enchaîner et mettre le feu, et surtout, surtout, la confirmation que les Wampas sont bien la preuve que Dieu existe. Non, ça, on déconne.
Setlist
Les ravers de Spezet
Electrodoowap
C'est l'amour
Patricia
Rimini
L'éternel
Yeah Yeah
Belle Maman
Rising
Casteljaloux (samedi)
Comme un Punk en hiver
Punk ouvrier
Joelle (Samedi)
L'aquarium tactile
Castorama (Samedi)
Les bottes rouges
Même les plus grands ont des moments de faiblesse (Samedi) / Mars 78 (dimanche)
Les Wampas sont la preuve que Dieu existe (Samedi)
Ce soir c'est Noël
For the Rock
Chicoutimi (dimanche, avec Viktor Huganet)
Rappels #1 (avec Ben Sam)
Vautours
Rien à foutre (reprise des Ramones)
Snuff
Rappels #2
I need the Rock'n'Roll
Manu Chao
Je voudrais (dimanche)
Petite Fille
Oï
Plus d'informations sur les Wampas sur leur page Facebook.
Photos : erisxnyx
Report écrit à 4 mains avec l'aide de erisxnyx