Hey garage punk lovers ! Here Are The Courettes ! Here Are The Courettes, c'est le titre de leur premier 10 pouces. Forcément ça rappelle le titre de l'album phare des Sonics. Et dès qu'on va mettre la galette en rotation sous la pointe de diamant, on comprendra le pourquoi de cette référence.
The Courettes, c'est le bébé de la brésilienne Flavia Couri, ex-Autoramas et du danois Martin Wild. Autant vous dire de suite que le croisement entre l'Amérique du Sud et les contrées Scandinaves, bien que peu courant, est furieusement rock 'n' roll. Chez les Courettes, on fonctionne en personnel réduit. Avec cette formation minimale, chacun doit envoyer et être tout le temps à fond. L'assise de la musique du groupe, c’est la puissance de frappe de Martin. On n’est pas pour enfiler des perles. Il faut envoyer. L’énergie, c’est la marque de fabrique des Courettes. La façon de jouer de Martin colle totalement à l'esprit du groupe et permet à Flavia de développer son style de jeu et sa voix. C'est cette très belle complicité musicale qui rend le groupe si spécial.
On y retrouve ce son caractéristique du garage punk avec une solide base rythmique et on oublie rapidement que les Courettes sont un duo tant les deux protagonistes remplissent l’espace sonore sans laisser de sensation de manque. Un bref coup d'œil à l'iconographie du groupe nous invite à un trip dans le monde du garage sixties revival. Le look des protagonistes, les instruments "vintage", rien n'est laissé au hasard. Et d'entrée de jeu, "Hoodoo Hop" nous conforte dans l’opinion que nous impose le visuel. On n’est pas trompés sur la marchandise. Fuzz et Garage sont inscrit en gros sur la pochette arrière du vinyle. Les fringues sixties de Flavia, la guitare, un vieil ampli Selmer, une batterie Gretsch, une imagerie inspirée des séries Z d'horreur, des titres comme "The Way You Walk" qui renvoient vers les Cramps. On est bien dans le vif du sujet !
Mais attention, on les sent passionnés du vintage mais pas pour autant enfermés dans une époque. Sur "Boom Dynamite", le groupe nous livre une compo explosive comme son titre. En une minute cinquante-quatre la messe est dite. C’est juste du pur concentré de rock 'n' roll. On apprécie immédiatement le titre. Un de ces morceaux à l'approche simplissime et qui vous file des fourmis dans les guibolles et l'envie de hurler le refrain seul dans votre salon...
Niveau riff assassin, les Courettes sont sévèrement affutés. Quand Flavia maltraite sa gratte sur "Voodoo Doll", on pense au "The Witch" des Sonics. Le trip "monster rock 'n' roll" fonctionne parfaitement surtout lorsque l'on note que les Courettes se sont payés le luxe d’inviter Coffin Joe une véritable légende du cinéma d’horreur brésilien sixties. Payez-vous donc À minuit je posséderai ton âme ou Cette nuit je m'incarnerai dans ton cadavre pour le voir dans ses œuvres, où il incarnat le personnage de Zé do Caixão (Coffin Joe en anglais). Et pour enfoncer le clou sur ce titre définitivement excellent, on notera la présence furieuse du saxophone de Fred (King Khan) qui vient souffler quelques notes à la manière de Rob Lind. C’est la french touch du disque.
Le riff de "Come Inside" s’immisce dans votre cerveau pour devenir addictif au bout de trente secondes et voila que sous les coups de boutoir de Martin et en suivant la guitare gorgée de fuzz de Flavia, on se retrouve à hurler avec elle les "Come Inside" du refrain. Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrrrrrrrrggggggggggh ! Ceci est une manière d’essayer de retranscrire la puissance vocale et la furie des Courettes sur "Nobody But You" dans le jargon journalistique. Un pur titre garage sixties dans l’esprit avec toujours cette rage adolescente qui anime Flavia lorsqu’elle prend place derrière le micro. Let’s rock !
Rajoutons à tout cela un coté pop sur "All About You" et on obtient un titre accrocheur en diable tout en restant dans l’esprit. On l’aurait bien vu en bande originale d’un film à la gloire des fifties ou des sixties comme Grease par exemple. En tout cas quelle patate ! On pense aux "girls group" de garage revival comme les Broods ou les Pandoras qui, il y a une vingtaine d’années, faisaient les beaux jours des labels Dionysus et Estrus.
Et quand ils ralentissent le tempo, ce qui n’est pas chose courante chez ces trublions du garage sixties, ça fonctionne aussi. Les parties plus calmes sont hypnotiques. "Strawberry Boy" en est une illustration parfaite. La voix de Flavia si rentre-dedans la plupart du temps, sait se faire sensuelle et subtile. On pense aux orchestrations de Phil Spector. Un coté très félin s’en dégage avec de belles harmonies vocales. "Fool Fool Fool" permet à Flavia de nous montrer que dans un registre plus feutrée elle sait aussi tirer son épingle du jeu, elle que l’on retrouve dans tout le reste de l'album dans la peau d’une tigresse endiablée.
On notera aussi les arrangements soignés tout au long de l’album. Un souci de détail qui rend cet album très bon et en fait un must dans le style du garage rock. Le son de l’album produit par Kim Kix réussi à retranscrire sur vinyle la puissance et l’énergie que le groupe est capable d’envoyer live. Et on le répète assez souvent, dans ce style de musique, cette énergie primitive est essentielle et la transposer de la scène au studio n’est pas une mince affaire. Une des clés de cette réussite, c'est certainement cette alchimie parfaite entre les deux protagonistes. Pour le coté people, Flavia et Martin sont mari et femme, mais bien que cela ne nous regarde pas, on sent cette complicité à la fois à la scène et sur disque. Résultat des courses, The Courettes nous livrent un magnifique instant de rock 'n' roll garage fuzz avec We Are The Courettes, un album purement jouissif !
Sortie le 30 mars chez Sounds of Subterrania