Très triste nouvelle qui nous arrive ce jour, la disparition subite de Jacques Higelin, troubadour et baladin de France comme il se définissait lui-même. Un artiste salué de tous et que la plupart des musiciens rêvait d'accompagner. Il vient donc de disparaitre à l'âge de 77 ans et laissera un grand nombre de chansons devenues des classiques de la variété française, citons "Champagne", "Tombé du ciel", "Pars", "Paris New-York, New-York Paris", et tellement d'autres.
Celui qui aimait errer pour capter des instants de vie, de joie, de légèreté, d'amour, de mélancolie ou de tristesse pour les offrir ensuite à son public fidèle. Si les albums de Jacquot resteront dans les mémoires, nul doute que ceux qui l'ont vu en concert se souviendront aussi du formidable homme de scène qu'il était. Capable d'enflammer les plus grandes salles comme Bercy comme un auditoire privilégié lors d'improvisations ici où là, avec ses musiciens ou en solo.
On gardera en mémoire tous ces moments de générosité absolue, où le chanteur, heureux comme jamais dès lors qu'il était face à un public, pouvait jouer plus de trois heures. Parce que sa musique n'était pas son travail, mais sa vie. Rares sont les artistes d'hier et d'aujourd'hui à faire ressentir à ce point leur plaisir de jouer, de chanter, de faire vivre des émotions. Rares sont les artistes capables de réarranger leurs morceaux de toutes les façons possibles et imaginables (cet excellent Live 2000 avec Higelin au piano ou à la guitare, un violoncelliste et un percussionniste, ou ci-dessous, la version reggae de "Pars"), d'offrir encore et toujours, pour peu que l'ambiance soit propice et le public réceptif, et ce quel que soit son succès du moment. Rares enfin sont les artistes solos à faire preuve d'autant de complicité, de respect et d'amitié pour les musiciens qui l'ont accompagné. Il laisse avec son dernier album, Higelin 75, sorti en 2016, un vibrant témoignage de son amour des mots et une belle leçon de créativité à la variétoche insipide.
La Grosse Radio appréciait énormément cet artiste résolument rock, poète, engagé et généreux.
En guise d'hommage, voici un article que j'avais écrit sur lui en 2002 (voir ici), à une époque où l'industrie musicale avait bien failli avoir sa peau, cette même industrie qui nous expliquera probablement sa tristesse aujourd'hui.
Salut l'artiste, pars et surtout ne te retourne pas, nous gardons ton message en tête :
"Je lève mon verre, le cœur gros, aux frères aux amis de Tao,
Vivez heureux aujourd'hui. Demain il sera trop tard."
Pensée émue pour ses enfants Izia et Arthur H et Ken artistes eux aussi et pour un guitariste qui l'a souvent accompagné, Alice Botté que nous avons rencontré récemment pour une interview à paraître très prochainement.