"Mindfucker est un album qui souffle le chaud et le froid. Sans direction claire, contenant quelques titres bien troussés et d'autres un gros cran en dessous, sans véritable grand moment mais sans rien de catastrophique"
Revoilà Dave Wyndorf, et là, difficile de savoir à quoi on va avoir droit. Le monstre aimanté avait opéré un retour au space rock psychédélique sur Last Patrol, sorti en 2013, et depuis plus rien. Tout juste a-t on eu droit à un album de remixes / réenregistrements de Last Patrol plutôt inspiré, et un de Mastermind complètement aux fraises. Puis, en 2016, le groupe a ressorti ses premiers albums en vinyle et a tourné en Europe. Cela faisait néanmoins un bout de temps que l'on attendait un véritable nouvel album, le dixième l'air de rien, le bien nommé Mindfucker.
Après avoir abordé de très nombreuses facettes du rock fumé lors de sa longue carrière, rock psychédélique, stoner, parfois plus classique, sans fioritures ou au contraire gavé de sons barrés en tous genres, Wyndorf propose ici un pot pourri de ce qu'il sait faire, de sorte que l'album donne une impression de décousu, comme s'il ne parvenait pas à se décider sur la route à emprunter. En résulte un disque à l'identité moins marquée, qui se montre aussi inégal par moments.
Les deux premiers titres, sympathiques au demeurant, sont sans doute ce que Wyndorf a écrit de plus basique depuis bien longtemps ("Soul" en particulier). Du rock sympatoche, certes, qui met l'auditeur dans l'ambiance, mais qui ne laissent pas non plus un souvenir impérissable, d'autant plus quand on sait ce que l'homme est capable de proposer. La différence est flagrante sur les morceaux suivants : le groupe lâche soudainement les chevaux, sort les pédales d'effet et envoie la sauce de façon bien plus convaincante. "I'm God", et ses parties de guitare lead omniprésentes laisse davantage la musique respirer, même si Wyndorf a déjà fait mieux dans le genre. "Drowning", lente mélopée à l'ambiance caniculaire, est également une réussite.
Si le groupe partait sur du rock basique pour reprendre gentiment contact avant de repartir sur ce qu'il sait faire de mieux, pourquoi pas ? Au moins, Monster Magnet croit toujours profondément en sa musique, ce qui lui donne un supplément d'âme. Tout en étant moins psychédélique que les titres précédents, et sans apporter beaucoup d'eau au moulin, "Want some" dégage de l'envie et de la conviction, de sorte qu'il est difficile de résister, même si une fois de plus on aurait apprécié un refrain plus inspiré (une remarque que l'on pourrait appliquer à bien d'autres titres). En revanche, on sera moins indulgents avec une fin d'album assez poussive aux riffs peu inspirés.
Mindfucker est un album qui souffle le chaud et le froid. Sans direction claire, contenant quelques titres bien troussés et d'autres un gros cran en dessous, sans véritable grand moment mais sans rien de catastrophique... On a le sentiment que Wyndorf ne savait pas trop quoi faire et qu'il s'en est remis à l'inspiration du moment, pour un résultat mi-figue mi-raisin qui s'il lorgne globalement vers le bon, ne figurera clairement pas au panthéon des plus belles réalisations du groupe.
Sorti le 23 mars 2018 chez Napalm Records