Lofofora, le retour. 4 ans que le combo n'avait pas sorti de nouvel album. Pas pour autant qu'ils se soient tourné les pouces, non, bien au contraire. Il y a eu une tournée, puis le Bal des Enragés, des projets parallèles, mais du Lofo pur jus sur galette vynile, que nenni. Et voilà donc, pour notre plus grand plaisir, le retour de la bande à Reuno. Avec un détail quand même, ce neuvième album est acoustique. À poil. Simple Appareil.
Lofofora acoustique, à bien y réfléchir, ce n'est pas réellement une surprise. Mais un album complet, ça reste quand même un beau coup de poker. Risque de perdre les fans de la première heure, ceux qui suivent l'un des groupes phare de la scène métal depuis des siècles, risque de se perdre dans un folk-beatnik assez éloigné de leurs bases.
Bonne surprise, l'album reste signé Lofo. D'abord parce que le son de l'album, enregistré chez MidiLive par Serge Morattel, est bien compact. Medium-bas, sombre. On pose le débat. Loin des albums précédents, qui prenaient leur puissance dans le volume des amplis et dans les tempos ravageurs, les Lofo ont puisé dans leurs entrailles pour en sortir une force subtile. Intime.
Si le batteur attitré, Vincent, est parti pédaler au bout du monde, il a quand même eu le temps de prêter ses baguettes à Kevin Foley (Sepultura, Sabaton...). Mais il lui a laissé quelques conseils, dont celui de ne pas trop cogner. Parce que le reste de la bande, Reuno, Daniel et Phil, a envie de se poser. De mettre ses doutes sur la table, de ne pas se cacher. Et de se sortir les tripes.
Le résultat est tout simplement un des meilleurs moments de la longue carrière des Lofo. Album intime, à fleur de peau. Écoute "Les Anges". Écoute cette introduction digne d'un "Little Wing", entends Reuno pleurer ses potes, entends Phil faire gémir sa basse...
Simple appareil, le titre de l'album est très bien trouvé. Parce que Lofofora se met réellement à nu. Morceau hommage à Sven, de Parabellum, ou chanson de fin d'amour ("l'histoire ancienne"), la voix de Reuno n'a jamais été aussi intime, parfois juste un souffle. Grave, profonde, loin du registre saturé habituel, on pourra y raccrocher toutes les ressemblances que l'on veut, Bashung bien sûr, mais également bien d'autres. Rodolphe Burger, Miossec... Le tout sur fond d'accords mineurs, renforçant ainsi ce sentiment de repli sur soi-même. "Les Boîtes", sentiment de ne pas trouver sa place, obligé de se positionner dans un monde qui nous dépasse... Poésie à fleur de peau, spleen sans idéal...
Lofofora a réussi un coup de maître. Cet album a le goût du Metal. Ajoute de la disto sur "L'appétit", ça marche d'enfer. Mais le parti-pris de tout mettre à nu, de ne pas se planquer derrière ci ou ça, transcende le style, et offre un album qui ne laissera pas sur sa faim. Simple Appareil restera sans aucun doute comme un des albums majeurs de l'année, qu'on a hâte de partager sur scène. De préférence dans un petit endroit, bien au chaud. Dans le plus simple appareil.
Lofofora, Simple Appareil Label AtHome Sortie le 6/04/2018 1. Les boîtes |
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En concert partout en France, le 7 juin à la Maroquinerie.