Deuxième album du trio, Offshore a de quoi marquer les foules, par son potentiel hautement pop. On avait remarqué à la sortie du clip de "Ride" le son radiophonique de The Blind Suns et les médias achètent en masse, le nouveau single "Brand New Start" passe sur Oüi FM, le groupe a été invité au Nouveau Rendez-vous de France Inter, on en parle aussi sur France 3, c'est dire !
Porter un projet populaire en restant rock et même relativement psyché, ce n'est pas gagné d'avance. Et pourtant, le pari n'est pas loin d'être réussi pour Dorota (chant/guitare), Romain (chant, guitare) et Jérémy (batterie). Après un single remarqué "Rockerfeller" sur Baltic Waves leur premier album en 2014 et l'EP I Can See You de 2015 produit par Clive Martin, ingé son de Queen et The Cure... qui leur avait permis de tourner plusieurs fois aux Etats-Unis, le groupe signé chez Deaf Rock Records sort son Offshore. Avec l'espoir de conquérir le public français. Il nous aura suffit d'écouter le single "Ride" pour être persuadé de la portée de The Blind Suns. 3 minutes 22 au son très "RTL2", vous savez, le son pop rock si particulier sur leur antenne et toujours un peu marqué année 80, quoi que le programmateur diffuse sur son antenne. Et là, le son de "Ride" y est en plein, dans le son pop rock 80's : envolée, refrains haletants, touche de synthé sur le pont... Tout y est. Et la relance qui va bien.
C'est surprenant tant c'est accrocheur. Et pourtant nous ne sommes pas des grands fans de ce son qui pourrait sembler facile, ou du moins qui est interprêté comme tel. Car faire simple est compliqué. Et ici, c'est simple mais travaillé. La proprété de la production est, bien entendu, ce qui permet de faire le saut dans ce son pop rock. Le producteur, Charles Rowell, aura réussi à allier légéreté et riff rock, batterie marquée et synthé solaire, ce qui n'est pas le plus simple à réaliser. Garder un côté grinçant et le marier avec la douceur de la voix de Dorota. On pense par exemple "Silent Dream" où leur producteur, également guitariste du groupe Crocodiles, les rejoindra dans ce titre marqué d'une basse lourde et de guitares hyper légères, et des échanges entre la voix radieuse et les soli de guitare, jouant comme au chat et à la souris, se croisant, se draguant, et se mêlant.
Le mélange, l'entremêlement, la fusion, où comment réussir l'alliage d'un son riche, généreux tout en restant léger, voluptueux... Il n'y a qu'à se laisser porter sur "Offshore", plus complexe que "Ride" ou "Brand New Start", pour comprendre la richesse de l'album. Un album avec une couleur marquée, qui longe les 10 titres, et qui les associe en un seul bloc. Ecouter d'un bout à l'autre ou en aléatoire ne change pas la donne, Offshore est axé sur un travail de son homogène. Avec pourtant l'exception de "Texas Sky" où les blues rockeurs de Dirty Deep, leurs compagnons de label, sont venus armés d'un plus gros son et de leur harmonica pour entrer plus prodondemment dans le centre rugueux des Etats-Unis, avec ses synthés d'ambiance psyché et intrigante. Et c'est ainsi que se conçoit finalement l'album, comme une route tracée d'un bout à l'autre du continent nord-américain.
Cet album, d'une traîte, passe très facilement, avec ses titres pop durant tous autour des 3 minutes radio (hormis "Offshore" et ses 5'19"), comme un petit bonbon sucré suçoté sur une autoroute linéaire. Les virages en épingle et côtes à gravir pourront néanmoins manquer pendant le road trip de The Blind Suns. Pourtant le calme et le tendre font grand bien dans cet album. Avec ses aspects tantôt vaporeux, tantôt psyché, tout en restant assez rock, Offshore pourra séduire le plus grand nombre et permettre au trio de s'ouvrir la route tortueuse de la réussite.
Sortie le 20 avril chez Deaf Rock Records
Crédit photo : Antoine Villiers