Les Hurlements d'Léo n'ont jamais quitté la scène. Que ce soit avec les Ogres de Barback et la tournée de Un Air; Deux Familles, ou pour faire revivre l'âme de Mano Solo, les projets se sont enchaînés ces dernières années. Malgré cette activité, leur dernier album en leur nom propre date de 2011... Autant dire que ce nouvel album studio, leur sixième en 20 ans (7 en comptant l'album-hommage à Mano Solo) est attendu, et bien au-delà de la Gironde. Les loulous ont préféré courir les scènes plutôt que de poser leurs fesses dans la chaleur douceureuse d'un studio.
Mais comme le bon vin (de Bordeaux, forcément), qui vient à temps à qui sait attendre. Parce que cet album, disons-le clairement, il est réussi.
Il est réussi parce qu'il prend son temps. Douze morceaux, douze tranches de vies. Chaque titre est une histoire, une atmosphère, qui s'installe tranquillement. Tantôt Punk ("l'appétit"), tantôt ambiance latino ("Cumbia"), rock'n'roll twist ("Des hauts des bas"), ou chanson française ("Les Autres"), pas de routine, rien de linéaire.
Pour faire un bon album, il faut un fond. Et du fond, les Hurlements de Léo, ils en ont. Chaque morceau titille l'intime. Des histoires, complexes, simples, comme la tendresse ou la colère qui d'ailleurs font souvent bon ménage. Comme ces "Filles de Joie", cachées derrière un rythme rock steady, tendresse forcée et misère. Ou comme ce grand coup dans le rétroviseur, cette nostalgie qui ne dit pas son nom, d'un temps où on avait "la folie, celle qui ouvrait notre appétit", appétit de révolte, de lutte, de quête d'un monde meilleur. D'un temps où l'on lisait "pas de fascistes dans nos quarters, pas de quartiers pour les fascistes" sur les murs des cités.
En support de ces histoires, les Hurlements d'Léo ont également posé des mélodies, tantôt délicates, tantôt moins. Au service du morceau toujours. Le titre éponyme, et son clip tout en pliages, en est une parfaite illustration. Si on y ajoute la voix de Aurélia Campione (La Cafeteria Roja), ça donne un résultat tout en douceur, plein de sensualité, sur fond de guitare tout en retenue.
Autre invité, Arno Futur envoie son esprit Punk sur "l'Appétit", un des morceaux les plus envoyés de l'album. C'est aussi une confirmation: Depuis Le café des jours heureux et son arrière-boutique où l'accordéon était plus en avant, les Hurlements d'Léo ont musclé leurs composition. L'apport de Napo Romero dans la bande, qui les a rejoint depuis l'album et surtout la tournée autour de Mano Solo, n'y est sans doute pas étranger.
Ca cogne plus fort donc, mais ça reste aussi à fleur de peau. "Quand tu seras là-bas", tout en arpège, pour poser les voix de Kebous et de Fredo (Les Ogres De Barback). Et d'autres encore. Chaque morceau a son inspiration, sa géographie. Influences orientales dans "Mourir de Vivre", latino sur "Cumbia", pas de limite, tout est bon.
Luna de Papel fait partie de ces albums qui s'écoutent longtemps, beaucoup, avant de livrer leurs secrets. C'est sans doute ça, la définition d'un disque réussi...
Les Hurlements d'Léo seront sur les routes pour défendre leur Luna de Papel. Toutes les dates sont disponibles sur leur site Web, ou sur leur page Facebook. Et on ne sait pas encore quand, mais les Hurlements s'offrent une Cigale, obtenue grâce au financement participatif. À suivre donc.
Luna de Papel, sortie le 16 Mars chez Irfan