Un premier clip mis en ligne sur la chaîne Dreambound qui amène à une signature quelques semaines plus tard chez Fearless Records puis un premier EP en 2016 et voilà que Movements nous offre déjà son premier album seulement deux ans après sa formation. Originaire de Californie, le quartette est le nouveau visage du revival emo qui a lieu actuellement et c'est un disque aux multiples facettes que Movements nous offre avec Feel Something. Plongeons-nous dans cet album aux sonorités diverses et variées !
Catégoriser Movements est un casse-tête car la musique du combo oscille allégrement entre post-hardcore, rock alternatif, emo et spoken-word. Quatre styles disctincts que les membres du groupe arrivent avec aisance à combiner ensemble pour amener à une vraie cohérence artistique aidée par la versatilité vocale de Patrick Miranda (chant). Capable de chanter, crier et parler parfois au sein d'une même chanson, le frontman est la pierre angulaire de la musique et de notre attrait pour Movements.
Feel Something est dans la continuité de Outgrown Things tout en offrant une véritable évolution. La musique de Movements se fait un peu plus intimiste, un peu plus variée aussi tout en limitant les envolées criées de Patrick Miranda, ce qui d'ailleurs risque de continuer au vu des déclarations du frontman. Ne sachant pas crier correctement, il se fait mal à chaque fois et ce n'est très clairement pas la bonne manière de faire.
Ce premier album est sombre sur le plan des textes, Patrick Miranda nous parle de ses problèmes de dépression ("Full Circle", "Suffer Through, "Fever Dream", etc) et du combat quotidien que cela engendre pour ne pas se laisser aller, quand sortir de son lit le matin semble un obstacle insurmontable. Le chanteur utilise la musique pour exorciser ses démons, sa peine mais aussi pour se questionner sur les raisons de cette dépression. On traverse ce voyage avec lui, on tremble avec lui, on pleure avec lui et on a juste envie de se battre avec lui.
Miranda dédicace sur cet album une chanson au grand-père de sa petite amie, "Deadly Dull", qui traite de la maladie d'Alzheimer à la fois pour la personne atteinte mais surtout pour la famille qui l'entoure. Émouvante à souhait, cette chanson met en avant le talent d'écriture et de poésie du frontman. Loin de verser dans le larmoyant, "Deadly Dull" est une chanson qui traite avec pudeur et bienveillance d'une maladie dont on parle au final assez peu.
Si les textes sont le coeur de ce que nous propose Movements c'est aussi car les trois musiciens réussisent à écrire une musique qui sait aussi bien se mettre au second plan pour accompagner par exemple les passages en spoken-word ("Full Circle" et "Deadly Dull") mais aussi exploser à d'autres moments. On pensera à l'intro de "Under The Gun" ainsi qu'à l'omniprésence de la basse sur ce titre, au riff simple mais entêtant sur "Fever Dream" ou encore la surpuissance de "Suffer Through" qui font de ce titre un moment fort de Feel Something.
Feel Something bénéficie d'une production chaleureuse et d'un son précis qui est appréciable par rapport à Outgrown Things, on sent que les moyens ont été mis pour offrir une expérience d'écoute optimale. Il suffit d'écouter attentivement les titres pour se rendre compte que chaque instrument bénéficie de son espace, par exemple la basse est merveilleusement mise en avant. La musique de Movements est un assemblage de couches qui méritent de nombreuses écoutes pour se révéler, on découvrira par exemple encore des nouveaux éléments après une quinzaine d'écoutes.
Ce premier album du combo californien est sans défaut apparent. Il est vivant, il procure des émotions très différentes et il est assez varié pour être écouté quelle que soit votre humeur. L'avenir nous dira si Movements arrive à continuer de nous proposer une musique qui accroche aussi fort le coeur mais en tout cas Feel Something va rester longtemps à notre chevet.
Sortie chez Fearless Records le 20/10/2017.