Déjà le vingtième album pour Saga, qui fêtera très prochainement ses 35 ans de carrière discographique ! Histoire de fêter dignement cette longévité, le chanteur historique du groupe Michael Sadler, qui avait quitté le navire en 2007 pour passer plus de temps avec sa famille, est de retour. Le virus de la musique aura été le plus fort et le gaillard n’aura pas été absent bien longtemps, ne laissant le temps à son successeur de n’enregistrer qu’un seul album ! Mais la voix de Sadler est tellement constitutive de l’identité de Saga qu’on ne peut que se réjouir de ce retour qui éclipse complètement le changement de batteur. Ces histoires de line-up mises à part, il reste à voir si le groupe, qui reste sur une suite de magnifiques albums, a su concocter un nouvel opus qui célèbrera dignement ces retrouvailles.
Et ce n’est malheureusement pas tout à fait le cas, sans que l’on puisse reprocher grand-chose au quintette pour autant. Les excellents Trust et 10 000 days, tout comme The Human condition avec Rob Moratti au chant, nous avaient montré un groupe qui sans renier son identité était parvenu à se renouveler juste ce qu’il fallait pour avoir sa place au XXI e siècle. Et si retrouver la voix chaude de Sadler est appréciable, bien qu’on ne puisse rien reprocher à son remplaçant, la sauce ne prend pas sur toute la longueur. Autant un titre comme « Six Feet under », qui ouvre le bal, est imparable, musclé et mélodique, chaleureux mais pas désuet avec toujours cette complémentarité exemplaire entre guitare et clavier qui fait le son Saga, tout cela est bel et bon, mais l’album comporte également son lot de passages plus dispensables.
Pourtant, tout continue sous les meilleurs auspices, les bons titres s’enchaînent, Sadler n’a rien perdu de sa superbe et régale avec des chœurs de toute beauté… On regrette un peu en revanche, sans pouvoir en tenir rigueur aux musiciens, que Saga n’ait pas poursuivi ses velléités de modernisation et se soit « contenté » d’un album old school, d’une recette qu’on connaît bien, assez typique de ce que le groupe a l’habitude de proposer. Bon, certes, « ce que le groupe a l’habitude de proposer » est d’une grande qualité et enterre bon nombre de combos actuels. Et puis les retrouvailles, les zicos qui se font plaisir et enregistrent la musique qu’ils aiment sans trop chercher à réfléchir à ce qu’ils font… On ne peut certes pas leur en vouloir. On ne leur en voudrait même pas du tout s’il n’y avait ces quelques coups de moins bien, notamment « one of these days » et son refrain complètement loupé qui fait tâche au beau milieu de l’album.
Album qui comme on l’a dit comporte pourtant son lot de beaux moments, l’entêtant « Anywhere you wanna go », les costauds « Spin it again » et « show and tell », les émouvants « Another day out of sight » et « Ball and chain », meme les ballades sont réussies (notamment « lost for words, superbe) ! Alors que demande le peuple ? Un poil plus d’audace peut-être, surtout qu’on les en sait capables. Reste un groupe qui s’éclate comme au premier jour, capables de pondre des perles sans effort apparent, et qui en a encore largement sous le coude pour continuer pendant un bon moment. Si 20/20 ne mérite pas la note maximum, il ravira les fans de Saga et constitue une excellente entrée en matière pour les découvrir. Alors bon anniversaire et à très vite !
