Alors que toute l'intelligentsia musicale s'était donnée rendez-vous au Printemps de Bourges - ne rigolez pas, notre vénéré gros-rédacteur-in-chief en était - d'autres sont demeurés fidèles au poste sur le front parisien… Nos services avaient repéré un braquage rock n'roll annoncé pour le 28 avril à l'Alimentation Générale. Jacky Banana, activiste notoire dans le domaine, avait dûment tamponné cette soirée de son sceau. Un signe qui ne trompe pas. Et après leur récent forfait au Cirque Electrique, ils s'étaient à nouveau acoquiné avec les Shupa. On soupçonne le gang de Saint Maur des Fossés d'être à l'origine de ce coup-là… Et d'avoir embrigadé une autre bande de banlieusards au son aiguisé, les Rest in Gale. Garage surf + pub rock psyché, la bonne addition que voilà et qui ne nous a pas fait regretter d'être resté sur Paname !
Comme souvent, on retrouve les Shupa en train d'en griller une devant l'entrée de la salle. "Sont drôlement bons les Rest in Gale, va falloir assurer après… Ils sont aussi sacrément nombreux ; vont s'tenir chauds sur scène !". Effectivement, il va y avoir du monde au vu du nombre de micros et d'instrus. Du monde, il y en a aussi côté salle lorsque les Rest in gale se lancent. Ils tournent peu depuis leur fondation en 2013, mais semblent déjà posséder une fan base certes réduite, mais très dynamique. On ne peine pas à partager leur enthousiasme ; ça joue dès le premier morceau ! Et nous sommes nombreuses et nombreux à être hypnotisés d'entrée par le charisme de Julien, le frontman. Par sa voix habitée, qui descend au trente-sixième sous-sol, façon Lou Reed en moins monocorde, ou s'enflamme à la Jagger et grimpe dans les aigus sans forcer. Par sa dégaine et sa gestuelle aussi. Il a indéniablement l'esprit de l'iguane chevillé au corps, sans pour autant jouer les doublures mal dégrossies. La comparaison s'arrête là ; l'inspiration est définitivement du côté d'Albion et non de Détroit. Plutôt du psyché rock british parsemé d'envolés moriconiennes que du protopunk ricain…
Photos © Danny Boy
Mais la frénésie de leur frontman emmène Rest in Gale, vers de la performance punkisante à souhait. Julien passe une partie du show à se frotter littéralement au public, offrant ainsi la vedette à ses acolytes sur scène. Il finira par tomber veste et chemise, exhibant un torse à rendre jaloux le père Iggy et tentera même à plusieurs reprises de slammer ! Ce soir là pour certain·e·s de Rest in gale, c'était une première et une dernière apparition sur scène. Sophie et Jade faisaient leurs premiers pas aux choeurs tandis que le bassiste "Bull" et le batteur Ivan tiraient leurs révérences, bien chambrés par William le guitariste. Rest in Gale a tôt fait d'épuiser les titres de leur unique E.P. et doivent tester de nouvelles compos. Un fan, déjà au parfum, reconnait les premières mesures de "Goal" : "z'allez voir, celle-là elle swingue grave !". On lui donne raison à cent vingt pour cent. "Mister Teacher" qui lui succédera nantie d'un beau solo du clavier, est à l'unisson. Rest in Gale terminera son set sur une reprise de Dylan "Tombstone blues" qu'ils dynamitent aux quatre coins de Paname… enfin, de l'Alimentation Générale.
Le challenge leur va bien au son aux Shupa ; ils vont tout donner ce soir-là à l'Alimentation. Ils ont soigné leur tenue pour l'occasion. Chacun·e a revêtu des atours noir et rouge du plus bel effet. "Surf'n'roll" est balancé en intro avec une précision millimée et un groove des grands soirs. Venue de nulle part, Rita la chanteuse traverse nos rangs, mégaphone à main pour rejoindre sa troupe et nous haranguer de ses Shupa so sensuels ! Elle est très en forme ce soir. "Je me sens super hot" confie-t-elle sur "Lucifer". C'est vrai que la température redescendue pendant le break, est remontée en flèche ! Rita se lance même dans du scat sur "Fire", soutenue et encouragée par les pizzicato de Sam à la guitare. Elle vit littéralement les "You lie", qui rythment "Bullshit show" à l'instar des "now now now" qui suivront. Rita, la puissance vocale à l'état brut ! Les Shupa ne mentent pas dans leur A propos facebookien, quand ils la comparent à "la déflagration d'un Boeing 747 au décollage"...
Maria ne résiste pas à promener sa basse parmi nous sur la cover d'Hendrix "Foxy Lady". "Merci, Jimi" lance Rita. Promis, la prochaine fois qu'on le croise, on lui dira ! Maria se fera pardonner un faux départ sur "Bonnie" en s'agenouillant aux pieds de sa chanteuse. L'image est jolie, autant que l'osmose de Guiton et Sam, ultra complices aux grattes. Quelques morceaux plus tard, lorsque la basse de plomb - supporté par la frappe de Julien - retentit, on reconnait "Mademoiselle M" et on ne sera surpris que Rita la dédie à toutes les femmes… Sans surprises non plus, le final avec leur hymne "Shupa", durant lequel une charmante jeune femme distribue… des sucettes. Evident également le pogo final qui entraîne les petits agités, jeunes comme vieux… Les Shupa reviennent bientôt sur Paname, en special guest des fameux Playboys from Nice City, ce sera le 26 mai au Supersonic. Save la date !
Merci à Jéremy pour les photos et la vidéo !
Suivez l'actu de Rest In Gale et écoutez-les sur Bandcamp
Setlist Rest in gale
Tindindia
Satin mist
Methylene blue
Van Gogh
Zéphyr
Ladyboy
Goal
Crystal
Teacher
Tombstone blues (Dylan cover)
Setlist Shupa
Surf'n'roll
Lucifer
In fire
Bullshit show
Now now now
Foxy lady (Hendrix cover)
Bonnie
Love letters
Shupinada
Archilbald the great
Trip
Mademoiselle M
Baby what you want
Fat shupa
Shupa anthem
