Pour sa septième édition le festival axonais a su une fois de plus proposer une affiche à la fois éclectique et de qualité. Du metal à l’electro pop en passant par la new wave, il y en avait pour tous les goûts. Avec en clou de soirée la légende Glenn Hughes venue donner le premier concert français de sa tournée Glenn Hughes Performs Classic Deep Purple Live, tout était réuni pour passer un bon moment.
L’année dernière le Rock’N avait fait fort en programment Nina Hagen, ce qui fait que le festival a affiché vite complet. Ce n’était pas le cas cette fois-ci même si Le Forum, pas déserté pour autant lors des premiers gigs, s’est rempli au fur et à mesure du déroulement de l’évènement. La salle était largement peuplée d’ailleurs lorsque Glenn Hughes est monté sur scène, preuve que cette septième édition a été un succès au niveau fréquentation.
Il faut aussi saluer la qualité et l’éclectisme de la programmation une fois de plus, mettant à égales coudées valeurs sûres et nouveautés, ce qui donne aussi au Rock’N un rôle de découvreur de talents en « devenir » (certains Axonais reconnaitront le clin d’œil à un illustre festival du coin aujourd’hui disparu). Ainsi chacun a pu écouter du rock hautement énergique avec We Are Darling, de l’electro pop soignée avec Edgär, entrer dans l’univers particulièrement séduisant de Morgan Ji, réviser ses classiques de Simple Minds en compagnie de Derek Forbes ou headbanguer sur le metal moderne de Sharlett Riot.
Et c’est Glenn Hughes qui clôtura cette nouvelle édition par un concert mémorable, prétexte à revisiter son glorieux passé avec Deep Purple. Que demander de mieux ? Il est à noter aussi qu’en plus des habituels stands de merchandising ou proposant des friandises et des sucettes, cette année le festival accueillait dans le hall de la salle une exposition intitulée « Girls In Rock ». En effet, Alain Boucly, photographe officiel du festival et dont vous pouvez admirer certains clichés dans ce report, proposait une rétrospective sur les nombreuses artistes féminines ayant été programmées au Rock’N. Une jolie initiative qui donna un aspect multiculturel à l’évènement.
C’est vers 17h30 que les portes de la salle se sont ouvertes enfin et que la grande fête a pu enfin commencer.
We Are Darling
C’est le trio rémois We Are Darling qui est chargé d’ouvrir cette septième édition du Rock’N. Formé en 2009, prétendant allier « La puissance du rock’n’roll, le groove du blues et leur énergie punk », le groupe à travers leur rock lourd et énergique fait preuve d’un réel savoir-faire musical et ne manque pas de présence sur scène.
Le public ne se montre pas insensible à la « WAD touch’ » et réserve un très bon accueil au groupe dès les deux premiers titres de son concert. Non seulement We Are Darling joue bien mais donne tout sur les planches, à commencer par le charismatique batteur-chanteur Thibaut Liesch qui demande à l’assistance de reprendre avec lui le refrain de « Rock’n’roll Life » dans une ambiance de partage.
La plupart des titres du répertoire du groupe sont chantés en Anglais, à l’exception de « Haute définition » présenté avec humour comme étant le seul à être interprété en Français. Le power trio fait son au revoir sur « Malcom », morceau dédié au défunt guitariste fondateur d’AC/DC (« On joue moins bien que toi… » déclarera avec modestie et humour le groupe) aux faux airs de "It’s a long way to the top (If You wanna Rock’N’Roll)".
Un dernier titre qui va rencontrer un véritable triomphe sur lequel le bassiste-chanteur Guillaume Perot s’amuse à singer Bon Scott et qui débouche sur l’intro du « Thunderstruck » des Australiens en partie chanté par Thibaut.
« Vous en voulez encore ? » lance le groupe devant les hourras de la salle avant de s’attaquer à « Highway To Hell » et de quitter la scène devant une assistance définitivement sous le charme. Après un EP paru il y a deux ans, We Are Darling devrait enregistrer son premier album bientôt avec Fred Rochette pour une sortie prévue en septembre.
Une actualité qui est à surveiller donc et qui s’annonce prometteuse si l’on se fie à la qualité de leur set.
Setlist :
« Tabasco »
« Date for hell »
« Rock’n’roll Life »
« Haute définition »
« Cardiotype »
« Malcolm »
Edgär
Une des particularités du Rock’N est son éclectisme, digne des grandes messes festivalières, ainsi du rock hautement énergétique de We Are Darling nous voici, sans transition et sur la même scène, face à la pop electro de luxe des Amiénois Edgär. Et on ne peut pas dire que nous perdons au change (à condition d’être ouvert aux sonorités synthétiques déjà).
Le duo, qui sévit depuis 2015, débute son concert sur « Cheering Me up » qui avec son mix d’harmonies vocales à la Beatles/Beach Boys, ses arrangements electro et son rythme un peu martial fait mouche. « Vous avez déjà remarqué que dans les festivals il y a toujours un groupe qui ne joue pas du rock ? Nous sommes Edgär et nous faisons de l’electro pop. » lance malignement Antoine Brun, le percussionniste, avant d’annoncer le titre suivant « You don't know », se mettant alors le public dans la poche.
Le groupe ne manque d’ailleurs pas d’humour, même dans les moments les plus embarrassants, comme par exemple lorsque le click ne se déclenche pas lors du deuxième morceau, obligeant le groupe à s’arrêter le temps de régler ce problème technique avant de repartir sous une assistance conquise. « Arrêtez, vous me faites peur ! » déclare le musicien face aux marques d’enthousiasme exprimées alors que le tout rentre dans l’ordre. Edgär a tiré une partie de son répertoire de Persona, EP sorti en 2017 et les fans réagissent positivement face à « Two trees » qui a tout d’un tube déjà ou « The Paintor », titre assez dansant qui rappelle New Order ou The Horrors.
Nous avons pu aussi nous délecter de « Tv », morceau qui dénonce l’abus de programmes télévisuels, et leur emprise sur eux, qui sonne comme le meilleur d’Archive ou d’AaRON. « Je vois que vous n’aimez pas trop l’electro pop… » dit toujours avec humour Antoine face aux réactions enthousiastes, soulignant aussi qu’Edgär doutait d’être bien reçu « au milieu de ces grosses guitares », avant d’annoncer que le duo interprétera un titre supplémentaire non prévu à l’origine. C’est donc « Dictator » qui avec son vocoder à la Air, ses samples de discours et son rythme dansant clôture efficacement ce concert qui s’est montré à la fois rafraîchissant et énergique.
Les amateurs de pop rock électronique peuvent donc guetter l’actualité d’Edgär vu la qualité de leur musique et au regard de leurs performances scéniques.
Setlist :
« Cheering Me up »
« You don't know »
« Tv »
« Two trees »
« The Paintor »
« Heaven Tricks »
« Dictator »
Morgane Ji
Radiohead et Massive Attack raisonnent dans la sono pendant le changement de plateau, deux formations qui ont su créer leur propre univers et définir leur son. C’est aussi le cas de l’artiste qui s’apprête à prendre d’assaut la scène, si révélation il y avait à retenir de cette cuvée 2018 du Rock’N nous pourrions affirmer que cela serait Morgane Ji venue conquérir un nouveau public avec son groupe.
Chanteuse métisse d'origine réunionnaise et surnommée par la presse anglaise « creole queen », Morgane Ji propose une musique mélangeant soul, rock et electro mêlés à quelques incursions en territoire reggae ou world music. La frontwoman et son gang, le banjo électrifié en bandoulière dont elle joue avec maestria, attaque son set avec le très accrocheur « Radio On » et après avoir salué l’assistance enchaine avec « Tell Me Who I Am » (extrait du dernier long format en date Idiomes sorti en 2009) dédié aux migrants « qui ont tout notre soutient » comme elle le souligne.
Le public un peu timide au début du concert se réveille progressivement et il faut avouer, pour peu que l’on fasse preuve de curiosité et d’ouverture d’esprit, que la musique de Morgane Ji est originale et accrocheuse.
La voix de Morgane est profonde et habitée, pleine de feeling comme par exemple sur le rageur « Time Bomb » ou le très bon « Woman Soldier » (extrait du dernier album sorti cette année et sur lequel le public tape dans les mains). Sa façon de chanter est parfois proche de la soul de Macy Gray aussi comme sur « I Miss You ». Les textes soignés méritent aussi que l’on s’y penche comme le démontre « Homo Sapiens » et son « Je suis la guerre depuis l’âge de pierre. », de même la chanteuse sait faire preuve de légèreté en présentant « Mon nom est Personne », avec son harmonica à la Ennio Morricone, comme une chanson d’amour évoquant une errance dans le désert en compagnie de Terrence Hill.
La formation arrivant à la fin de son concert a fini par conquérir l’assistance, « On resterait bien toute la nuit avec vous mais il y a un timing à respecter. » lance Morgane toute souriante avant de finalement rajouter « Dday » à son set après en avoir demandé la permission. Un dernier titre qui sera l’occasion de présenter les musiciens et de remercier public et organisateur et de donner rendez-vous à tout le monde au stand merchandising du groupe pour continuer à échanger. La « reine créole » et son groupe ont, sans hésitations, donné le concert le plus surprenant de cette septième édition du Rock’N.
Setlist :
« Radio On »
« Tell Me Who I Am »
« Better Bend Than Break Bamboo»
« Time Bomb »
« Hakili »
« Homo Sapiens »
« My Lady »
« Mon nom est Personne »
« Woman Soldier »
« I Miss You »
« Dday »
Derek Forbes
Après cette très agréable prestation de Morgane Ji, rendez-vous est pris avec une figure (pas la plus médiatisée) de la scène new wave/post-punk des années 80. À l’instar du plus reconnu Peter Hook de Joy Division/New Order, Derek Forbes a contribué à l’identité sonore d’un autre mastodonte de la new wave : Simple Minds par ses lignes de basse caractéristiques.
Pour les amoureux de cette période, la venue de celui qui a été considéré comme étant le "Plus grand bassiste d'Ecosse de tous les temps" par la critique de son pays d’origine était attendue comme le Messie. Effectivement, Le Forum a vu l’arrivée de quelques « new waveux » cinquantenaires et les notes du « Waterfront » de Simple Minds jouées durant la balance nous donneront un indice sur la nature du concert qui allait suivre : célébrer un passé glorieux.
Et c’est justement « Waterfront » qui ouvre le concert dont le répertoire sera entièrement basé (à l’exception d’un titre) sur la carrière de Forbes au sein des Esprits Simples. Premier constat : ce n’est pas Jim Kerr au chant et il faut dans un premier temps se faire à cette évidence, deuxième constat : le groupe qui accompagne le bassiste est bon et permet de transformer ce set nostalgique en agréable moment. Nous retiendrons particulièrement les interventions de la guitariste (« Mademoiselle » comme le précise malicieusement le bassiste) Natalie Mccool au thérémine qui captive les regards.
Pour le reste, ce concert a aussi été la preuve que Derek Forbes non seulement est effectivement un très bon bassiste, aussi peut-être un poil sous-estimé, et que le répertoire de Simple Minds comporte son lot de pépites. En effet il est plaisant de redécouvrir « This Fear of Gods » et son «Someone singing in the shower» répété de façon menaçante, le « funk blanc » de « Thirty Frames a Second » et « Factory » ou le superbe instrumental « Theme From Great Cities ».
Seule incartade en dehors du répertoire de la légende du rock héroïque écossais, l’interprétation du tube de Propaganda (que Forbes avait rejoint après son départ de Simple Minds) par Natalie Mccool au chant, une version qui transformera presque Le Forum en immense discothèque. Le bassiste lui reste souriant face à ses fans (dont l’un réclame, en vain, « The American »), lançant un « Merci Beaucoup ! Comment ça va ? » et s’excusant que l’on comprenne mal sa « scottish voice » même si le public en général ne manifeste pas le même enthousiasme que pour les groupes précédents.
Une audience qui va vraiment se réveiller lorsque le groupe entame son dernier titre, le tube planétaire « Don’t You (Forget About Me )» dont les « lalalala » sont repris en chœur par le public qui tape dans les mains. « Merci ! Come on ! Come on my jolie France ! Mademoiselle ! Madame ! » lance alors tout sourire le bassiste, heureux de voir autant d’enthousiasme avant de quitter les planches sans qu’aucun rappel ne soit accordé malgré les demandes de certains. Ce concert de Derek Forbes a donc été un agréable retour dans le temps à défaut de proposer quelques nouveautés.
Setlist:
« Waterfront »
« This Fear of Gods »
« Thirty Frames a Second »
« Factory »
« Today I Died Again »
« P-Machinery » (Propaganda)
« New Gold Dream »
« Theme From Great Cities »
« Don’t You (Forget About Me) »
Skarlett Riot
Autant l’avouer : Skarlett Riot n’est pas le groupe le plus intéressant à écouter sur disque. Ni vraiment mauvais, ni vraiment bons, les Anglais menés par la chanteuse Skarlett depuis 2010 et auteurs de deux albums et de quelques EPS pratiquent un metal moderne, légèrement metalcore. Une musique aussi imprégnée d’influences plus classiques si l’on en croit les quelques soli de guitare que l’on peut entendre parfois. Si le tout est correctement produit et interprété on ne peut pas dire que l’originalité soit au rendez-vous chez le quatuor cependant.
Ce concert nous a donné la même impression.
Sur une scène décorée du backdrop reprenant la pochette de leur dernier album Regenerate sorti en 2017, Skarlett Riot fait son entrée sur l’efficace « Break » et démontre une bonne énergie. « Bonjour France ! » lance enthousiaste Skarlett qui, disons-le, est en voix et hélera le public tout au long du concert à coups de « Scream for me France ! » (©Bruce Dickinson), «I want to hear your voices ! » ou « France are you still with us ? » et obtiendra sa participation sur « Empty Inside ». Pour le reste, le groupe joue bien mais ne se montre pas non plus des plus passionnant même si « Outcast » (peut-être leur meilleur titre), « Calling » ou « The Wounded » sont efficaces.
Mais il serait de mauvaise foi d’affirmer le contraire que Skarlett Riot semble avoir convaincu une partie du public si l’on en croit certaines réactions, cela leur fera plaisir car comme le rappelle la frontwoman, une main sur le cœur, le groupe ce soir à Chauny donne son premier concert en France.
Cette dernière propose de se retrouver ensuite au bar et au stand merchandising avant d’inviter à « lever les mains au ciel » pour que le batteur prenne un selfie avec le public. C’est sur le revendicatif « Warrior » (le groupe devait jouer un titre supplémentaire mais a été obligé d’écourter son set à cause du retard cumulé) que Skarlett Riot tire sa révérence.
Un concert correct mais pas non plus inoubliable donc, à noter que curieusement le groupe n’a joué aucun morceau de leur premier album Tear Me Down, pourtant un poil supérieur en qualité à Regenerate. Le meilleur cependant restait à venir pour conclure cette septième édition du Rock’N Festival.
Setlist :
« Break »
« The Storm »
« Empty Inside »
« Calling »
« Outcast »
« Closer »
« The Wounded »
« Warrior »
Glenn Hughes
La balance laisse entendre un son qui sera à la fois clair et puissant et la salle s’est considérablement remplie, au point qu’il est difficile d’avancer jusque devant la scène alors que le concert n’a pas encore commencé. Tout le monde attend la star de la soirée, monsieur Glenn Hughes, non pas venu avec son dernier supergroupe en date Black Country Communion, mais pour revisiter son passé (comme Derek Forbes).
La dernière date du Deep Purple Mark III en France, avec Ritchie Blackmore, remonte au 7 avril 1975, au Palais des Sports de Paris, soit pile 43 ans avant que Hughes ne foule les planches du Forum pour n’interpréter que des titres datant de sa participation au sein du Poupre Profond. Tommy Bolin et Jon Lord ne sont plus là mais leur apport à la musique sera généreusement salué lors de ce show par celui qui a survécu à bien des choses. À noter que ce concert donné dans le cadre du Rock’N Festival est la première date dans l’Hexagone après des performances remarquées en 2017 en Australie et Nouvelle Zélande.
La tension monte dans le public et le rideau s’ouvre enfin, laissant apparaitre un backdrop aux couleurs très psychédéliques. Une radio que l’on module pour trouver la bonne station se fait entendre et l’on reconnait quelques titres du Deep Purple Mark III et IV pendant que les musiciens arrivent progressivement sur scène sous les hourras du public. Puis la voix du speaker lance : « Good evening ladies and gentlemen Glenn Hughes on the bass and vocals ! » avant que le bassiste-chanteur ne fasse son apparition sous un tonnerre d’applaudissements pour interpréter un « Stormbringer » qui mettra tout le monde d’accord : The Voice, à 66 ans, est toujours là. Et bien vivant.
Ce concert aura été une grande démonstration de feeling, de talent musical et de classe. On en oublie même l’absence de David Coverdale sur « Might Just Take Your Life » par exemple au refrain repris à gorge déployée par le public, le groupe est au top et les fans aux anges. « Hello bella bella how are you ? » lance malicieusement Hughes avant une interprétation majestueuse de « Mistreated », le blues du Deep Purple Mark III.
Un titre où l’on découvre que les musiciens l’accompagnant n’ont rien à envier à leurs illustres prédécesseurs, comme par exemple le guitariste Soren Andersen, qui comme Ritchie Blackmore joue sur Fender Stratocaster et possède une troublante ressemblance physique avec Tommy Bolin. Le six-cordistes nous gratifie d’un solo de guitare vertigineux tandis que Hughes semble chanter comme si sa vie en dépendait. « Vous voir heureux me rend heureux. » déclare à un moment le charismatique frontman tout en s’excusant de ne pas parler français et précise qu’il va s’exprimer en anglais mais doucement pour que tout le monde puisse le comprendre, ce qui est une bien belle marque de respect envers ses fans.
Le Danois Jay Boe entame alors une longue introduction digne de Jon Lord à l’orgue Hammond où l’on entend quelques notes de Bach, le « viole » même et nous finissons par reconnaitre « You Fool No One ». Ce titre sera joué dans une version très proche de celle que l’on peut entendre sur le live Made In Europe (1976), donc dans un esprit proche d’une immense jam digne des seventies. Et autant l’avouer ce moment a été savoureux, aussi bien pour les musiciens qui ont l’air de prendre un grand plaisir à se lâcher au gré de leur inspiration que pour le public qui se sentirait presque revenir en arrière, à l’époque où les concerts n’avaient pas de limites temporelles.
Ainsi, nous avons droit au superbe solo de guitare et son impro bluesy mais nous retiendrons particulièrement l’intervention du jeune batteur cubain Fernando, fraîchement arrivé dans le groupe. Ce dernier nous gratifie d’une performance digne de son aîné Ian Paice niveau mimétisme et virtuosité. Ses deux complices musiciens d’ailleurs ne manqueront pas de le féliciter sur son talent en l’applaudissant à la fin de son solo.
Hughes insiste sur l’aspect nostalgique de ce concert, expliquant qu’il revit cette époque glorieuse de sa carrière à chaque fois qu’il ferme les yeux, revoyant tous les pays traversés en tournée alors. La mémoire de son ami Tommy Bolin est aussi célébrée par l’interprétation d’un « Gettin’ Tighter » à la basse fuzzée, terriblement funky et aux effluves psychédéliques, un morceau écrit en compagnie du défunt guitariste virtuose alors qu’il n’était qu’un « petit garçon » comme le précise Glenn Hughes. Du Deep Purple Mark IV il y a eu aussi la ballade « You Keep On Moving » co-écrite avec David Coverdale qui clôturera pour la première fois le set.
« Merci Tommy, nous t’aimons tous mon frère. » lance ému le bassiste-chanteur heureux une fois de plus de la réaction de ses fans. Peut-être plus inattendue a été cette version, tout à fait honorable, du tube de Deep Purple « Smoke On The Water, probablement pour répondre à un cahier des charges. Un titre lancé par quelques notes du « Lazy » du même Mark II et qui inclue un passage du « Georgia On My Mind » de l’idole de Hughes : Ray Charles. Un grand moment de feeling qui démontre une fois de plus que malgré les excès qui ont failli lui coûter la vie et sa carrière, la voix du monsieur est restée intacte.
C’est un autre titre de l’ère Mark II qui est joué comme premier rappel (réclamé avec insistance), en l’occurrence « Highway Star » où pour l’occasion Glenn délaisse sa basse pour se concentrer sur son chant. Une version qui nous prouve que Hughes enterre (qui a dit : ce n’est pas compliqué ?) largement Ian Gillan niveau performance vocale.
La grande célébration s’achève sur le très attendu « Burn » joué dans une version hyperboostée. Le charismatique frontman en profite pour présenter ses musiciens, précisant que le batteur Fernando « pourrait être son fils » et fait pour une dernière fois le V des hippies avant de remercier une fois de plus chaleureusement le public, qui l’acclame, affirmant qu’il sera toujours dans « son cœur et son âme. ». The Voice aurait bien joué toute la nuit comme il le déclare mais précise qu’il sera de retour en France en novembre prochain.
« Mon boulot, aujourd’hui, c’est de continuer à porter un message d’espoir, d’amour et de foi. »* a dit récemment Glenn Hughes, qu’il en soit rassuré, il a parfaitement accompli son job au Rock’N Festival.
Setlist :
« Stormbringer »
« Might Just Take Your Life »
« Mistreated »
« You Fool No One »
« Gettin’ Tighter »
« Smoke On The Water »
« You Keep On Moving »
Rappels :
« Highway Star »
« Burn »
*(Rock Hard N° 185, propos recueillis par Benji)
C’est donc sur le constat que nous avons passé un bien bon moment que s’achève cette septième édition du Rock’N Festival et si l’on en croit l’affluence autour des stands pour se faire prendre en photo en compagnie de Skarlett ou Derek Forbes par exemple, le public n’a pas manqué non plus d’exprimer son enthousiasme. La seule question qui reste en suspens est quelles surprises nous réserve-t-on pour la huitième ? Dur d’attendre…
Photos © 2018 Alain Boucly
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