Ugly Kid Joe (+ Stone Broken) au Bataclan (05/05/18)


Autoproclamé indésirable d’Amérique, le groupe Ugly Kid Joe a connu le succès en 1992 avec son titre imparable "Everything About You", avant de connaître une carrière en dents de scie. Une séparation et une reformation plus tard, le groupe est toujours présent auprès de ses fans, et célèbre avec eux les 25 ans d’America Least Wanted, l’album qui a fait exploser leur notoriété. La dernière date de cet anniversaire en retard et à rallonge passait par Paris le 5 mai.

 

Stone Broken


Le Bataclan est loin d’être complet ce soir-là, puisque les balcons ne sont pas ouverts au public et que la fosse est malgré cela assez clairsemée. Il faut dire que la concurrence est rude ce soir-là. Dans la salle, beaucoup de trentenaires et de quadras, des quinquas aussi, sans doute nostalgiques de la première période d'Ugly Kid Joe, dans les années 1990. Il faut dire que l’EP et l’album sortis depuis leur reformation, pour très bons qu’ils soient, cherchaient plus à renouer avec leurs premières amours qu’à conquérir les nouvelles générations.
 

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C’est le groupe britannique Stone Broken qui a ouvert les festivités sur toute cette tournée anniversaire, et ils mènent à bien leur mission une ultime fois dans la salle parisienne. Sur ses deux disques, la jeune formation montre un sens de l’énergie et des hymnes indéniables, mais ne brille ni par son originalité ni par une identité affirmée.
 

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Et le même constat s’applique à sa prestation scénique : les compositions sont clairement taillées pour le live, elles s’enchaînent bien, et donnent une prestation dynamique. Le groupe frappe fort dès le début avec "Heartbeat Away", extrait de son dernier album Ain’t Always Easy, qui semble accrocher le public.

Les musiciens eux-mêmes ont une certaine présence. Le guitariste Chris Davis semble avoir envie de se mettre en avant, la batteuse Robyn Haycock a même droit à son solo, le chanteur Rich Moss communique facilement avec le public.
 

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Si la prestation est sympathique et accrocheuse, il est vain d’y chercher une quelconque originalité. Outre le fait que le groupe sonne comme un tribute band de Nickelback, rien ne permet de le différencier de la multitude de groupes de heavy rock qui produisent des morceaux efficaces taillés pour la radio. Le rôle de première partie, chauffer le public, est assuré efficacement, la fosse s’animant peu à peu au fil des chansons, mais il n’est pas certain que la prestation marquera les esprits. Les musiciens n’en sont qu’à leur second album, ils ont donc encore le temps de progresser, mais ils ont plus qu’intérêt à se chercher une singularité plutôt qu’à seulement vouloir imiter ce qui se fait déjà.
 

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Setlist
Heartbeat Away
Better
Stay All Night
I Believe
Doesn't Matter
Drum Solo
Let Me See It All
Worth Fighting For
Not Your Enemy
 

Ugly Kid Joe


Au cours de cette mise en bouche, la fosse s’est peu à peu remplie, mais il serait exagéré d’affirmer qu’elle est pleine à craquer. Quand les lumières s’éteignent de nouveau, la foule s’agite avec plus de ferveur, tandis que les cinq musiciens d’Ugly Kid Joe font leur entrée sur scène. Le groupe continue de se présenter comme un sale gosse mal élevé, mais le temps a fait son effet sur ses membres, qui n’ont plus vraiment l’air d’adolescents – il faut dire qu’ils ont dépassé la cinquantaine.

Cela n’empêche pas le quintette d’envoyer un "Neighbor" (classique d’America Least Wanted) bien senti. La foule réagit au quart de tour et s’époumone avec entrain sur les refrains. Sur scène, si l’énergie est bien là, les musiciens ont au départ un son assez brouillon, qui va heureusement rapidement s’estomper. Le chanteur Whitflied Crane, lui, est plus malchanceux, puisque sa voix est extrêmement en retrait par rapport aux instruments, et elle apparait assez faible.
 

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Si cela s’améliore sur le titre suivant, "Madman", le son n’est toujours pas optimal, et sa voix reste en deçà de ce que l’on pourrait attendre. Il faut plusieurs morceaux pour que le problème soit vraiment réglé, mais Crane finira par retrouver sa voix à pleine puissance.

Ces problèmes techniques initiaux ne semblent pas perturber outre mesure le public, qui chante, danse et remue dans tous les sens. Certes, le public ayant vieilli avec le groupe, les pogos restent limités, même s’ils ont le bon goût d’exister près de la scène. En revanche, les slams sont visiblement toujours d’actualité. Les hostilités commencent dès les premiers morceaux, et ne s’arrêteront plus jusqu’à la fin du show.
 

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En l’absence de crash barrières, les slammeurs ne vont d’ailleurs pas tarder à s’aventurer directement sur scène, où le groupe les accueille avec plaisir. "We are family" affirme le chanteur, qui multiplie les embrassades avec les spectateurs montés sur scène avant de se jeter dans la fosse. Il n’hésite cependant pas à repousser ceux trop collants à son goût, ou à faire scander des "get off the stage" (dégage de la scène, donc) au public quand un crowd surfer semble parti pour camper sur les planches.
 

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Le groupe semble en tous cas ravi de l’accueil que lui réservent les fans. Crane Whitfield est d’humeur très volubile, il affirme qu’il n’y aurait pu y avoir de meilleur endroit pour finir la tournée, que le groupe avait à cœur "d’apporter des bonnes énergies à cette salle qui le mérite vraiment". Il n’en revient pas que ce groupe, "commencé quand on était gamins", en soit là aujourd’hui, lui qui "ne pensait pas qu’ils se reformeraient un jour". Il n’a alors de cesse de clamer sa "gratitude totale" à la foule, qui le lui rend bien, et se préoccupe tellement du sort de son public qu’il demande toutes les dix minutes si "tout le monde est toujours content" - c’en deviendrait presque pathologique !
 

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Surtout, il enchaîne les blagues à un débit de mitraillette, sans cesser de chercher l’interaction avec les spectateurs – il prend ainsi un cours de langue express pour lancer, en français dans le texte, "Les Français, vous déchirez !", et entame même une conversation avec deux des membres du staff de la salle assis au balcon.

Le frontman occupe vraiment l’espace, même si les autres membres du groupe auront droit aussi à un instant de gloire, qui permet par exemple de découvrir que le batteur Shannon Larkin joue vêtu uniquement d’un slip rouge. Pour "Mr Recordman", Whitfield présente le guitariste Klaus Eichstadt, qui aura du coup droit à la salle entière chantant  "Motherfucking Klaus" en son honneur.
 

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Au milieu de ce one-man show, on en oublierait presque la musique. Pourtant, le groupe assure de ce côté-là aussi, enchaîne les morceaux avec efficacité, et délivre au final une très bonne prestation. Les chansons les plus récentes s’intègrent parfaitement avec les standards des années 1990. Surtout, ce balayage temporel permet de se rendre compte à quel point le groupe a su forger un nombre impressionnant de hits qui sont restés plus ou moins consciemment dans les mémoires : "Cats in the Cradle", "So Damn Cool", "Goddamn Devil"… Il démontre enfin un talent certain pour les reprises, notamment avec "Sweet Leaf" de Black Sabbath (présente sur leur premier EP As Ugly As They Wanna Be) ou "Ace of Spades" de Motörhead (qui figurait déjà sur leur album Uglier Than They Used Ta Be en 2015), dans une interprétation enragée et puissante que n’aurait pas reniée Lemmy Kilmister.
 


Sur le rappel, le groupe semble ne plus vouloir partir, et allonge à l’extrême "Funky Fresh Country Club". Finalement, arrive l’heure d’"Everything About You", sur lequel Whitfield a à peine besoin de chanter, tant le public connait les paroles par cœur. Le groupe finit donc par quitter les planches, après avoir démontré qu’il n’avait pas laissé son énergie dans les années 1990, et que c’était un groupe avec lequel il fallait continuer de compter.

Setlist
Intro
Neighbor
Madman
Jesus Rode a Harley
C.U.S.T.
Panhandlin' Prince
Come Tomorrow
No One Survives
Devil's Paradise
So Damn Cool
Cat's in the Cradle (Harry Chapin cover)
I'm Alright
Milkman's Son
Mr. Recordman (chanté par Klaus Eichstadt)
Busy Bee
Same Side (+ jam guitare / basse / batterie)
Sweet Leaf (Black Sabbath cover + extrait de Holy Diver)
Goddamn Devil
Encore:
Ace of Spades (Motörhead cover)
V.I.P.
Funky Fresh Country Club
Everything About You

Plus d'infos sur Ugly Kid Joe
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Crédit photo: Arnaud Dioniso
Utilisation interdite sans accord du photographe



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