Adam And The Madams – Macadamia

On avait découvert Adam And The Madams avec l'album A&TM fin 2015. On a poursuivi de les suivre sur leur farfelu chemin en juin 2017 avec l'EP de 50 minutes (!!!) Almost!. Ces deux productions au calibrage hirsute trouvant chaque fois leur place au chaud dans nos Grosses Sélections, c'est sans surprise qu'on a choisi de prendre la pilule bleue pour se lancer tête ouverte dans Macadamia, un 11-titres lapidaire de 35 minutes ce coup-ci.

Il suffit de visionner le clip de « Caterpillar » pour capter de quel monde à l'onirisme surréaliste nous parviennent Adam And The Madams. Collages et cachalot volant, animaux divers sortants d'une tête coupée à son sommet, poisson chantant et cœur vibrant à l'air libre pour une animation que n'aurait pas reniée le jeune Terry Gilliam. Le duo à l'excentricité exigeante sait ce qu'il fait sur le bout des doigts de pieds (rappelez-vous cette reprise de « Heroes » de Bowie dans un clip à l'envers). C'est avec une certaine curiosité amusée que nous appuyons sur « Lecture ».

Bien plus punk que d'habitude (le duo fait ce qu'il lui plaît), Adam And The Madams déboîte sans ambages les arrangements traditionnels, tape sur tous les fronts : psyché, garage, pop, ballade, fait de la musique et nous rit au nez sans se prendre la tête. Avec un talent indéniable de composition, le duo se la joue pop lo-fi avec maîtrise. Leur étrangeté peut enjouer sans dérouter, enchaîner le mélancolie (« Caterpillar ») et la joie de vivre (« Since you're gone ») sans transition mais avec une ironie légère, comme s'il se jouait du quotidien comme de la vie. 

Adam And The Madams, Macadamia, album, chronique

Et de repartir fuzz à fond de potard (« I'm coming »), le duo prend son pied en chantant fort puis doucement (« I'm here ») sur une instru aux arpèges acides et décalés, aux basses et batteries grinçantes et lourdes, ça monte, ça monte, ça monte en extase de montagnes russes sans fin. Telle est la construction de l'album. À la manière de Eels et des grands dépressifs avant eux, le duo cyclothymique disjoncte bien (« She said no »), dissone, saccage, déconstruit. Mais avant tout diffuse sa peine, se balade l'âme à l'air (« Devil's tail ») et développe son propos avec une simple complexité intrigante (« Ant hill ») et finit par exploser en tout sens (« Stupid »). 

On met nos ongles à couper que si le duo avait été américain, la presse spécialisée s'en serait déjà emparé, comme pour Ty Segall ou King Gizzard And The Lizard Wizard, mais pour les émergents anglophone psyché français, la route n'est pas simple et l'export non plus n'est pas évident tant la concurrence n'a jamais été aussi féroce. Adam And The Madams peut continuer à nous émouvoir, nous surprendre, jouer des coudes dans la cour du garage, on espère que les grand prescripteurs de tendance sauront les promouvoir auprès du grand public rock déjà, on verra bien pour la suite... tant que le duo continue de prendre son pied comme ici.

Sorti le 4 mai chez Bloody Mary Records / Inouïe Distribution

Crédits photo : P-Mod Photographies

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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