À l'occasion de la sortie de son nouvel album Oceanography, nous avons pu interviewer Charlie Barnes. Charlie est plus connu pour être le guitariste live de Bastille, mais ses projets solos sont riches et méritent une oreille attentive. Voilà ce qu'il a à nous dire sur ce nouvel album.
Oceanography est votre second album avec Superball Music. Il est sorti le 9 mars dernier. Pourquoi ce titre ? Et de quoi parle-t-il ?
Il y a deux significations à ce titre, mais aucune d’elles ne se rapporte à l’étude des océans, donc toutes mes excuses aux océanographes qui auraient pu tomber sur cet album. Tout d’abord, pour le côté mièvre de la chose, c’est une référence à mes héros, Oceansize, mais je pense que la raison principale pour laquelle j’ai choisi ce titre était d’essayer de refléter la signification générale de cet album. Je n’ai pas beaucoup réfléchi à l’idée de « réussir » en tant que musicien, et tout ce que ça signifie, et je pense que pour beaucoup trop d’entre nous qui débutent, on se retrouve embringué dans un tas de comptes sur les réseaux sociaux, et on passe des heures à essayer de profiler notre plan marketing plutôt que de répéter nos chansons. Tout est au sujet de la destination que l’on veut atteindre et non du voyage pour y parvenir, alors qu’en réalité, c’est ça la meilleure partie. J’ai beaucoup cogité sur tout ce que ce processus et à quel point il pouvait vous faire sentir comme une goutte au milieu de l’océan, et c’est ce qui m’a mené à intituler cet album Oceanography… Je pense qu’en tant que groupe qui rame un peu, on peut se sentir comme étant l’une de ces gouttes, mais on passe beaucoup trop de temps à essayer d’étudier l’océan dans lequel on évolue plutôt que de juste être soi et voir où cela peut nous mener.
Vous avez fait du chemin depuis votre premier album. Vous êtes devenu le guitariste live de Bastille. Vous avez beaucoup tourné avec eux dans le monde entier. Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
Ça a été (et j’en suis reconnaissant, continue à être) une chose absolument merveilleuse pour moi. Je me suis fait de très bons amis au sein du groupe et de l’équipe, et j’ai pu visiter tant d’endroits dans le monde que je n’avais jamais vu avant. Bien entendu, le fait de pouvoir jouer dans de grandes salles et sur des festivals majeurs a été époustouflant, et je pense que j’ai appris beaucoup de choses sur les tournées en elles-mêmes ces dernières années. Jouer dans tant de festivals m’a aussi permis de voir beaucoup de groupes différents sur scène également et cela a été très inspirant. Évidemment, pendant les tournées on évolue avec des gens qui ont des goûts différents, donc j’ai suivi différents amis, et j’ai vu des choses qui d’ordinaire ne m’auraient pas intéressées, et je pense que cela m’a beaucoup aidé à ouvrir mon esprit à des styles musicaux et des performances différentes.
Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
Professionnellement parlant, mon plus beau souvenir est d’avoir joué au Zénith de Paris lors de notre tournée européenne. J’ai grandi en sautillant dans mon salon, en jouant et en chantant sur la cassette vidéo du live d’Hullabaloo de Muse, donc réussir à jouer dans une salle comme celle là faisait partie de mes plus grands rêves. Et sur le plan amusement, je pense que les autres membres du groupe seront d’accord avec moi, c’est notre journée off où l’on est allé faire du rafting à Boise dans l’Idaho l’année dernière. Cela a été notre meilleure expérience. Nous sommes des gens chanceux de pouvoir explorer le monde comme nous le faisons.
L’enregistrement de cet album a été une sorte d’aventure vu que vous l’avez enregistré sur les routes des tournées. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez réussi à faire cela ?
À un moment donné, après avoir tourné avec Bastille pendant un moment, j’ai réalisé qu’en tant que musicien live, on avait énormément de temps libre durant la journée, et qu’il pouvait très vitre être gâché en ne faisant rien. J’ai donc décidé de prendre un peu de matériel facilement transportable pour enregistrer quelques nouveaux morceaux par-ci, par-là sans que ce soit trop pénible, et j’ai commencé à passer mon temps libre dans des cabines, des chambres d’hôtel et parfois dans des studios d’enregistrements locaux à travailler sur mes nouvelles musiques. Parfois, je restais même après nos répétitions pour pouvoir brancher ma guitare et mettre en route mon matériel d’enregistrement pour pouvoir enregistrer mes parties guitares. J’ai envoyé le résultat à Steve Durose, mon producteur, et il y a ajouté ses propres idées, changé certaines des miennes et lentement mais sûrement, nous avons construit l’essentiel des arrangements par emails.
Cette fois-ci, Steve Durose n’a pas seulement été votre producteur. Il a aussi arrangé et joué sur certaines des chansons de l’album. Dan Smith de Bastille a également enregistré les chœurs sur la chanson "Will and Testament". Comment c’était de pouvoir travailler avec eux sur cet album ?
Ça a été génial de laisser une place plus importante aux idées de Steve sur cet album. Il avait déjà pas mal contribué à la création de mon précédent album, mais tout en gardant son rôle plus traditionnel de producteur, en restant derrière la vitre et en retravaillant le son produit par le groupe dans l’autre pièce. Cette fois-ci, on s’est retrouvé quasiment que tous les deux pour la création de l’album, donc il a beaucoup façonné les différents morceaux à partir des bases que je lui fournissais, ou alors, il a presque totalement retiré tout ce que j’avais fait et ajouté ses propres idées comme sur "Will and Testament" par exemple. C’était plutôt agréable de pouvoir laisser les rênes à quelqu’un d’autre ; et comme nous travaillions séparément la plupart du temps, je n’arrêtais pas de recevoir des e-mails avec des nouvelles versions des morceaux à écouter avec des arrangements complètement différents. C’était très vraiment formidable pour moi !
Ça a été aussi un réel plaisir de pouvoir compter sur la voix de Dan pour les chœurs de "Will and Testament". En fait, quand j’essaye de chanter plus haut que mon timbre de voix falsetto, ma voix à tendance à ressembler à celles des vieilles femmes effrayantes qu’on peut voir dans les films d’horreur. Donc, le fait d’avoir la voix de Dan pour les chœurs a vraiment aidé à donner un son plus travaillé au morceau. Sa voix rauque a réellement apporté quelque chose à l’arrangement.
Vous avez donné quelques concerts au Royaume-Uni en mars. Allez-vous jouer ailleurs en Europe ?
Après cette petite tournée au Royaume-Uni, je retourne auprès de Bastille, bien qu’ils m’aient gentiment dit que je pouvais faire quelques dates solos lors de leur tournée ReOrchestrated. Donc, j’aurai quelques semaines pour jouer mes nouveaux morceaux en version acoustique dans quelques villes européennes. Et après, eh bien nous verrons … et je devrais être en Europe pour un petit moment.
Allez-vous jouer avec des musiciens de live ?
Oui ! Ce seront mes premiers concerts avec un groupe depuis deux ans. Je suis super excité à cette idée. J’ai un line-up légèrement différent. Il y aura moi, un batteur et une autre personne qui jouera les lignes de basse, de guitare, de clavier et chantera les chœurs. Même si j’aime énormément jouer seul en acoustique, je suis impatient de pouvoir transmettre toute notre énergie sur scène avec ces mecs. Notre but principal et de s’amuser et de jouer les chansons aussi bien que possible.
Pouvez-vous choisir un mot pour définir votre musique et nous expliquer pourquoi l’avoir choisi?
Je pense que je vais opter pour DRAMATIQUE. En termes d’accords et de mélodies, je préfère toujours ceux qui contiennent un peu de drame ; et en termes de paroles je pense que je peux également être assez dramatique. Et comme mon producteur fait partie du plus grand groupe de post-rock jamais créé, nous avons définitivement fait en sorte qu’il y ait des moments dramatiques dans la production de cet album !