Le Trabendo avait décidé de planer ce dimanche soir puisqu’il recevait God Is An Astronaut, groupe de post-rock irlandais spécialisé dans les compositions atmosphériques et les morceaux au son cinématographique. Dans une salle pas complètement pleine mais acquise à la cause du groupe, celui-ci a délivré un show aérien et vibrant.
Xenon Field
Alors que le Trabendo se remplit doucement en cette fin de week-end, c’est le groupe Xenon Field, absent de la date précédente au Ninkasi Kao, qui assure la première partie. Le duo irlandais a onze ans d’existence mais n’a encore sorti aucun album studio.
Robert Murphy (également membre de God Is An Astronaut) et Conor Drinane présentent donc quatre morceaux inédits, aux titres encore provisoires, issus de l’album qu’ils espèrent sortir après cette tournée. Entourés de machines, le bassiste et le guitariste proposent un post-rock electro tour à tour atmosphérique et joyeux. Le morceau d’introduction, "Dualistic" est un titre planant et assez lent, agréable à l’écoute sans être non plus bouleversant.
Les morceaux suivants s’animent un peu plus, évitant au public de plonger dans la torpeur. Certains passages sont assez dansants quand d’autres démontrent une certaine puissance. Les atmosphères créées sont globalement appréciables, les lumières plutôt intéressantes. On sent que le groupe a du potentiel même si ce qu’il propose ce soir n’est pas totalement renversant. Le set est quasi exclusivement instrumental, sauf lors de rares intermèdes de chant très modifiés par ordinateur.
Xenon Field manque encore de présence scénique. A part des "thank you" murmurés entre les morceaux, aucun des deux musiciens ne communique avec le public, et le duo garde le nez sur ses claviers. Il faut attendre le dernier morceau pour qu’il s’exprime un peu plus.
L’atmosphère créée par le combo fait du show une très bonne introduction à God Is An Astrronaut. Certains morceaux comme "Vitals" retiennent vraiment l’attention, mais il faudra attendre l’album studio pour voir si les Irlandais parviennent vraiment à imposer un style qui leur soit propre.
Setlist
1. Dualistic
2. Glass Hallways
3. Vitals
4. Direct Induction
God Is An Astronaut
Les lumières s’éteignent et les cinq Irlandais de God Is An Astronaut investissent la scène. Ils commencent avec le doux et mélancolique "Epitaph", issu de leur dernier album du même nom, tout juste paru. Le morceau monte lentement en puissance pour offrir des moments très prenants avant de faire retomber la pression.
Le nouvel album est évidemment à l’honneur, mais il ne prend pas non plus une place prépondérante, puisque sur les 13 morceaux interprétés ce soir, quatre proviennent d’Epitaph, dont les deux premiers du show, parfaitement puissants et aériens pour une introduction. Les deux autres, "Seance Room" et "Medea", sont elles aussi extrêmement planantes et puissantes, et transportent l’auditoire dans une transe hypnotique.
Le groupe a d’ailleurs sélectionné les morceaux les plus planants et les plus envoutants pour ce concert. Qu’ils soient plus calmes ou un peu plus enlevés, tous emmènent les spectateurs dans des univers oniriques et cinématographiques. Plusieurs spectateurs, se balançant les yeux fermés et l’air extatique, donnent d’ailleurs l’impression troublante de vivre une transe chamanique ou un rêve éveillé.
God Is An Astronaut a fait le choix radical de complètement exclure de la setlist les albums du milieu de sa carrière, ne gardant que les deux derniers albums en date, Epitah et Helios Erebus, ainsi que ses deux premiers albums, The End Of The Beginning et All Is Violent, All Is Bright. Celui-ci, considéré par certains comme le plus grand album des Irlandais, occupe une place aussi importante que le nouvel album, puisque quatre morceaux du concert en sont tirés. L’annonce de "Suicide by Star" est d’ailleurs accueillie par des acclamations, tout à fait justifiées tant l’interprétation en est prenante.
Sur scène, le groupe est assez statique. Le chanteur Torsten Kinsella n’est pas un grand showman – il faut dire que des gesticulations incessantes cadreraient mal avec l’ambiance – mais il communique tout de même un peu avec le public, qui ponctue chacune de ses déclarations par des vivats. Malgré sa voix haut perché, ses cheveux dans les yeux et son corps vouté sur le micro quand il chante, il dégage une présence indéniable.
L’ambiance fantasmagorique et la sensation de mouvement est assurée par un jeu de lumières particulièrement travaillé, jouant avec les blancs et les bleus, donnant l’impression de déambuler au milieu d’un rêve étrange.
Le groupe offre à son avant-dernier album le soin de conclure le concert, d’abord avec "Centralia", aux arrangements lourds, puissants et une fois de plus hypnotiques. Puis le rappel arrive sur "Helios Erebus", au début doux et lent, avant que les machines et les lumières ne créent une ambiance un brin angoissante qui débouche finalement sur un morceau qui monte doucement en puissance, tissant une dernière fois un univers onirique. Les Irlandais se retirent sous les applaudissements nourris, tandis que le public sort doucement de son envoutement.
Setlist
01. Epitaph
02. Mortal Coil
03. The end of the beginning
04. Frozen Twilight
05. All is violent, all is bright
06. Fragile
07. Seance room
08. Medea
09. Forever lost
10. Suicide by star
11. From dust to the Beyond
12. Centralia
13. Helios-Erebus
Photos : Nidhal Marzouk.
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