Si l'équipage du Petit Bain n'avait pas doublé la mise pour accueillir les mythiques Dammed, on se serait vite retrouvé au fond de la Seine… La bande de Dave Vanian et du Captain Sensible ne devait initialement embarquer à bord que le 29 mai ; heureusement qu'ils ont rajouté une date, parce que ça aurait fini en mode Titanic cette histoire… C'était full de chez full et on n'avait pas prévu de prendre notre bouée. On aurait peut-être du, ça nous aurait permis de slammer tranquillos sur la foule comme certains punk rockers encore bien verts pour leur âge… Lesquels ont bien bougé aussi pour Michael Bowe - alias Daddy Long Legs - et son blues déjanté. Ça a sacrément tangué ce soir-là sur la Seine !
Daddy Long Legs ? Tout un programme, n'est-ce pas ? Avec un titre pareil on s’attend à de l'atypique et du dépotant. C'est amusant comment un nom qui n'a apparemment aucun rapport avec la musique peut être, finalement, assez évocateur... Vous avez vu juste. Ce groupe américain est totalement loufoque. Possédant une base blues, les loustics ont pris le parti de transcender le genre en y ajoutant cris, râles, beuglements et borborygmes mélodieux. Car oui messieurs dames, rien ne se perd, tout se transforme y compris les souffles et les pleurs d'une voix poussée dans ses retranchements.
De vrais cabots ces trois chiens fous. Le leader du groupe, à qui l'on doit le nom de la formation, a entraîné avec lui Murat Akturk guitariste et sosie capillaire de Paul McCartney à ses débuts et Josh Styles version masculine de la Joplin. On vous le dit tout de go, pas un pour rattraper l'autre. Quand le chanteur ne fait pas le job, le voilà qui prend l’harmonica dans des solos à en perdre quinze litres de sueur. Vous croyez la tempête passée, attendez que la guitare s'y mette. Des rythmes country-blues puissants et des riffs au diapason, de l'énergie sans fin des Daddys. Pour tous ceux qui disent que la batterie est toujours en reste, la vengeance porte désormais un autre nom que celui de Phil Collins. Laissez le percussionniste vous bercer les tympans. Même sa gestuelle vaut le coup d’œil lorsqu'il lève bien haut le bras avec sa massue avant de l'abattre sur une caisse résonnant dans toute la salle.
Voilà une première partie qu'elle est belle et qui annonce bien la suite des événements.
Après une pause rafraîchissante et désaltérante bien méritée, le punk aime à se retrouver auprès de ses congénères. Plutôt masculin et dépassant bien le 1m80 au garrot (on vous explique pas la galère quand vous faites 1m50 et pourtant nous étions sur une péniche...), le gentil petit punk, comme le surnomme si affectueusement Didier Super, attend impatiemment (mais toujours docilement évidemment) le concert de ses pairs, les sus-nommés the Damned !
Marinière rouge et noire bordée d'écussons en tous genres (punk oblige), le fameux Captain Sensible fait son entrée, suivi de Dave Vanian, sapé comme un crooner, ray-ban comprises. Formation issue des bas-fonds de Londres, le groupe fête ses 42 ans cette année. Ils ont la peau dure les Anglais. À croire que la mouvance new wave conserve. Considérés comme les pionniers du rock gothique, branche du post punk, The Damned ont de quoi faire rêver. Après quelques morceaux que certains jugeront softs et mélodieux, quasi orchestraux, ça commence à gentiment titiller de la gratte. Il faudra attendre "I Just Can't Be Happy Today" (connu dans nos contrées comme le "Ça plane pour moi" de Plastic Bertrand) pour que la scène commence à s'embraser, ouvrant le feu vert à toutes sortes de réjouissances dont le slam est un des éléments centraux. Ça pogotte enfin ! On y est.
À mi parcours, The Dammed se fendent d'une reprise de la glamoureuse "Eloise" de Barry Ryan ; on ne peut pas dire qu'ils lui ont fait subir les derniers outrages, mais la belle a été quand bien secouée ! Leur "Dr Jekyll and Mister Hyde" est dans la même veine, presque glam rock. Et si "Ignite" repart en mode punk rock, "The History of the World (Part 1)" ressemble à du Elton John avec son intro au clavier… Quand vient l'heure du rappel, c'est carrément quatre titres qui nous sont balancés, dont le mythique "Smash It Up" que tout le monde reprend en chœur. Seul regret de cette soirée, ne pas avoir eu droit comme les chanceux de la veille à "Wot" en troisième et dernier rappel… On réclamera ce hit interplanétaire du Captain Sensible dès le début du concert, le 17 novembre à l'Elysée Montmartre !
Wait for the Blackout
Plan 9 Channel 7
Standing on the Edge of Tomorrow
Anti-Pope
Love Song
Machine Gun Etiquette
I Just Can't Be Happy Today
Devil in Disguise
New Rose
Eloise (Paul Ryan cover)
Dr. Jekyll and Mr. Hyde
Ignite
The History of the World (Part 1)
Neat Neat Neat
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Rappel
Street of Dreams
So Messed Up
Under the Floor Again
Smash It Up
Photos : Éric Jorda, Laurent Besson
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Rédaction : Mathilde Normand, Denis Madeleine