Le troisième jour du festival Sur les Pointes est traditionnellement plus calme, ouvert aux familles, et aux oreilles un peu moins habituées aux tonnerres de décibels des 2 jours précédents. On se prélasse sur la plage, on boit un verre d'eau avec du Doliprane dedans, on se restaure... L'après-midi s'annonce des plus agréables...
Didier Super
Début d'après-midi, il fait chaud. Et soif visiblement, comme le constate un Didier Super un peu hésitant avant de monter sur scène. C'est vrai que, si le public est d'une manière générale plus familial que les jours précédents, il n'en est pas moins à l'image du festival: des grandes gueules, venues pour prendre du bon temps, et profiter du houblon et de toutes les autres joies que l'on peut trouver sur ce type d'évènement. Aussi lorsque Didier Super s'avance sur scène, au milieu d'une débauche d'effets spéciaux que Spielberg n'a pas encore inventée, on oberve comme qui dirait un certain malentendu sur les intentions respectives. Malgré toutes les pitreries et le côté foutraque de la chose, le spectacle est travaillé, a un début, un milieu, une fin, et plein de petits ou grands trucs au milieu. Au bout de dix minutes, force est de constater que le public n'est pas prêt à cette rigueur. Didier Super doit alors improviser, quitter la scène et aller chercher sa guitare pour démarrer un autre spectacle. Non sans avoir souhaité de Joyeuses Pâques et une tumeur aux dissipés de l'assistance, soit dit en passant.
Nous n'aurons donc pas pu voir "Ta vie sera plus moche que la mienne", le dernier spectacle en date, prévu cet après-midi. Mais nous aurons quand même pu assister à un spectacle de qualité. Il faut dire que l'homme a quelques albums à son actif, et une solide expérience de la scène. Clown malpoli, grossier mais pas vulgaire, et une certaine idée de l'élégance. "On peut jouer devant un public bourré et rester digne". Les morceaux sentent toujours autant la provoc, tellement gros que c'en est un régal. Un grand coup dans la face de l'humanité, de toutes ses perversions, de toutes ses contradictions, et surtout une grosse claque à la connerie humaine. Il y a du boulot, alors Didier Super envoie tout ce qu'il peut via ses chansons. C'est drôle, c'est vivifiant. Le spectacle fonctionne comme une thérapie de groupe, où chacun en prend sa part, et l'accepte avec un immense sourire. Un exutoire. Même si les conditions n'étaient pas idéales, Didier Super a réussi à nous faire passer un bon moment, plein d'intelligence et de 23ème degré (sauf la bière, qui est restée bloquée à 5 degrés et qui n'a pas pu tout suivre...).
Les Ogres de Barback et le Bal Brotto Lopez
Les Ogres de Barback, on ne les présente plus. Plus de 20 ans que les 4 frères et soeurs parcourent le monde, se nourissent de toutes les influences possibles, et distillent leurs chansons. Cette fois-ci, c'est auprès du duo Le Bal brotto-Lopez qu'ils ont trouvé leurs compagnons de route. Des musiciens venus du Trad, du Quercy...
Quelques notes de violon, et c'est parti. Un coup d'accordéon, une valse, le spectacle est en configuration acoustique. un peu de repos pour les oreilles des festivaliers, un peu mises à mal par des grosses guitares et des sound systems les 2 jours précédents. c'est calme, reposant, entraînant. Ça danse sous le chapiteau, des valses, des rondes du Quercy, des cercles circassiens... Ça chante aussi, ça fait des claquettes...
Après une première partie très trad, l'esprit des Ogres revient sur le devant de la scène."Condkoï", "Grand-Mère", deux titres joués très acoustiques, mais dont la thématique anarchiste est explicite. C'est ça aussi, expliquer avec douceur et sans violence que la solution est dans la liberté. Et aussi, ça montre que, sans disto, sans grosse batterie, si les morceaux sont bons et sincères, ça met le feu sous un chapiteau.
Un bilan?
Dixième édition pour le festival Sur Les Pointes. Plus de 7000 personnes, le plus grand des petits festivals d'Ile de France, ou le plus petits des grands festivals, reste un incontournable dans le rock'n'roll francilien. Pour cette nouvelle édition, le nouveau lieu a montré ses possibilités. Certes moins bucolique que le précédent puisque situé en plein milieu d'une zone industrielle, il est sans nul doute plus adapté, plus accessible, et est un point de passage obligé pour faire grandir le festival.
Quant à l'affiche, l'équation est très simple, et fonctionne bien. Festival fidèle, les groupes y reviennent avec plaisir, et le mélange des styles se fait en souplesse. Bref un festival qu'on aime. Et si on doit sortir un nom? Sans nul doute Opium Du Peuple, qui a réussi, avec une recette pourtant bien connue (les reprises en Punk), à fournir un vrai spectacle, drôle et vivifiant.
Et pour voir d'autres informations sur le festival Sur les Pointes, n'oublie pas d'aller jeter un oeil sur le site.
Photos : Alexandre Raphel. Et tu piques pas, sinon c'est fessée.