Le mardi 26 juin dernier, nous avons pu assister à l’un des concerts les plus attendus de l’année. En effet, après tant d’années d’absences les membres de A Perfect Circle montaient sur les planches de l’Olympia pour nous faire découvrir en live les titres de leur nouvel album Eat The Elephant, et redécouvrir leurs anciennes chansons. Les places pour cette date parisienne sont parties très vite mais heureusement, pour ceux qui n’auraient pas pu assister à ce concert tant attendu, une autre date est prévue le 6 décembre prochain.
Black Peaks
Ce sont les anglais de Black Peaks qui ouvriront le bal ce soir à l’Olympia en première partie de A Perfect Circle. La salle est loin d’être remplie lorsque le groupe se met à jouer ses premières notes, et le public restera éparse tout au long de leur concert et c’est bien dommage !
Vous qui n’avez pas été jeter une oreille attentive à cette première partie, vous avez loupé une belle performance ! Le post rock de Black Peaks est lourd et puissant et vous fait voguer sur les méandres de la mélancolie. Les lumières bleues et vertes utilisées pour éclairer la scène sont en parfait accord avec la musique du groupe, créant une ambiance à la fois pesante et envoûtante.
Lorsqu’on ne connait pas Black Peaks, Will Gardner, le chanteur du groupe peut apparaître comme un réel ovni. En effet, Will a une carrure imposante et des moustaches qui ferait pâlir Tom Selleck de jalousie. Quand on le voit entrer sur scène, on imagine que seule une voix rauque et puissante puisse sortir d’une personne de cette stature. Will est capable de pousser un growl guttural et déchirant à vous en donner la chair de poule, mais ce n’est pas le plus impressionnant dans sa voix, non. Il est capable de passer sans ciller du growl à une voix claire, cristalline et haut perchée d’une justesse incroyable. De plus, il occupe l’espace avec une énergie folle.
Tout au long de leur set, les musiciens de Black Peaks nous feront entrer dans leur univers très particulier. Le public adhère très vite et se laisse porter par leur musique épidermique. Joe Gosney, à la guitare, passe de riffs lents avec beaucoup de réverbération à des riffs ultra agressifs, nous faisant passer par une multitude d’émotions allant de la torpeur à l’agitation.
Au milieu du set, Will Gardner prendra la parole pour remercier les membres de A Perfect Circle de leur avoir permis de les suivre pendant trois semaines à travers le monde. Une expérience qui restera encrée dans la mémoire des membres du groupe.
Si vous n’avez pas eu l’occasion de les voir jouer en ce 26 juin, le groupe fera également la première partie de A Perfect Circle à l'Olympia le 6 décembre prochain. Ne les loupez pas cette fois-ci !
A Perfect Circle
Black Peaks quitte la scène et voilà que commence le bal des techniciens. Trois scènes circulaires surélevées sont installées sur les planches de l’Olympia : la batterie à gauche de la scène, le chant au centre, guitare et clavier à droite. Deux autres claviers sont disposés de part et d’autre de l’avant-scène. Lorsque l’on voit la scène se remplir de tout ce dispositif, on sait d’emblée que le show promet d’être magistral.
En effet, rien n’est laissé au hasard que ce soit le son, les lumières et la scénographie. Ce soir, les membres de A Perfect Circle sont là pour nous faire entrer dans leur monde et il sera difficile au public de le quitter.
Le noir complet se fait dans la salle. Jeff Friedl s’installe derrière sa batterie, suivi de Greg Edwards - qui remplace James Iha sur quelques dates, ce dernier étant occupé par la reformation des Smashing Pumpkins - qui prend place sur la scène circulaire de gauche. Une lumière tamisée les éclaire progressivement. Tous deux entament les premières notes de ‘’Eat the Elephant’’ sous les applaudissements du public. Maynard James Keenan entre sur la scène circulaire au centre, dans la pénombre. À l'instar de sa prestation au Hellfest Open Air, Maynard restera une ombre mystérieuse pendant tout le concert, prenant peu la parole pour s’adresser au public. Il remerciera seulement le public d’être venu les voir sur scène après une si longue absence, et présentera les musiciens de façon élogieuse. Lui, ne sera pas mentionné. Il sera aussi seulement éclairé par un projecteur derrière lui qui le fera apparaitre en contrejour, tel un esprit fantomatique. Billy Howerdel, lui, sera souvent mis en valeur par les différents éclairages tout au long de la performance. Sûrement un choix délibéré d’attirer l’attention sur les musiciens et le principal compositeur du groupe, et de garder le mystère qui plane toujours autour du personnage de Maynard.
Après ce premier morceau joué dans la quasi-pénombre, les musiciens enchaînent sur ‘’Disillusioned’’, autre titre phare de leur dernier album Eat the Elephant. Le bas des scènes circulaires s’illumine de vagues dorées sur fond bleu. Les mêmes motifs prennent vie au-dessus de la scène sur trois bandes, ainsi que sur les piliers disposés à l’arrière des scènes circulaires. Le public en prend plein les yeux et s’émerveille à chaque changement d’atmosphère.
Tout à long du set, A Perfect Circle nous fera entrer dans les différents univers de leurs chansons grâces à cet éclairage et à leur mise en scène. Tout semble calculé pour que le public soit submergé par les diverses émotions véhiculées par les paroles et la musique de chaque titre joué ce soir. On pourra tour à tour nager gaiement avec les poissons lors de ‘’ So Long, and Thanks for All the Fish’’, se sentir oppressé par les lumières oranges et agressives utilisées sur ‘’The Hollow’’, ou encore doucement remettre les pieds sur terre au même rythme des plumes tombant doucement sur le sol lorsque le groupe clôturera son set par la chanson ‘’Feathers’’.
A Perfect Circle jouera pendant deux heures, nous faisant voyager au grès de leurs différents albums. Le groupe fera la part belle à leur dernier album Eat the Elephant en jouant huit des douze titres de l’album. On aura pu entendre les notes émouvantes de ‘’The Contrarian’’, ou encore ressentir l’énergie de ‘’TalkTalk’’ ou de ‘’Hourglass’’, sans oublier toute la mélancolie contenue dans ‘’The Doomed’’.
L’album Thirteenth Step sera également largement représenté avec cinq chansons provenant de ce disque. Le public aura la chair de poule en entendant les notes à la fois douces et poignantes de ‘’Vanishing’’ et de ‘’The Noose’’ et dansera comme envoûté par la mélodie déchirante et bouleversante de ‘’The Package’’.
A Perfect Circle jouera également trois titres plus sombres provenant de l’album Mer de Noms : ‘’Rose’’, ‘’Thomas’’ et l’exceptionnel ‘’The Hollow’’.
On pourra aussi entendre les notes très industrielles et oppressantes de ‘’Counting Bodies Like Sheep to the Rhythm of the War Drums ‘’, provenant de l’album eMOTIVe qui mettront le public en émois.
A Perfect Circle nous offre également deux surprises lors de ce concert. La reprise de ‘’People Are People’’ de Depeche Mode, interprétée par Billy Howerdel au chant. Sa voix est souvent là pour soutenir celle de Maynard, mais ici, la sienne sera mise en valeur par celles de Maynard et de Matt McJunkins. L’harmonie des voix est parfaite, et le public adhère totalement.
Autre choix surprenant de la part du groupe, la version remixée de ‘’3 Libras’’ apparaissant sur aMOTION. Cette version totalement revisitée est plus noire, plus poignante, laissant plus de place aux musiciens pour s’exprimer, Maynard chantant peu. Le public semble comme en transe lors des longs passages instrumentaux du morceau.
Tout au long du concert, les membres de A Perfect Cricle joueront avec les émotions de leur public. Passant de chansons douces et mélancoliques, à des morceaux plus oppressants et énergiques. Seul ‘’So Long, and Thanks for All the Fish’’ apportera un peu de gaité au set, qui globalement nous aura donné la chair de poule et nous aura même parfois tiré les larmes.
‘’Feathers’’ nous fera voyager une dernière fois dans l’univers de A Perfect Circle avant que les dernières notes de la chanson et les lumières venant progressivement éclairer toute la scène ne marquent le retour abrupt à la réalité. Ce n’est qu’à ce moment précis, que l’on se rendra compte que Maynard James Keenan portait un costume rouge et qu’il n’était pas qu’une silhouette mystérieuse. Il quittera rapidement la scène. Les musiciens feront un adieu furtif au public. Billy Howerdel, lui, se mettra à genoux devant son auditoire pour le remercier. Matt McJunkins lancera un « Merci les amis » en français avant de quitter la scène. Les gens venus assister au concert auront un peu de mal à quitter la salle et à se remettre des émotions provoquées par ce concert d’une beauté et d’une justesse incroyable.
A Perfect Circle aura su se faire pardonner leurs quatorze années d’absences avec un tel show. Ce concert, marquera probablement longtemps les esprits.
Setlist
1. Eat the Elephant
2. Disillusioned
3. The Hollow
4. Weak and Powerless
5. So Long, and Thanks for All the Fish
6. Rose
7. Thomas
8. People Are People (Depeche Mode cover)
9. Vanishing
10. The Noose
11. 3 Libras (All Main Courses Mix)
12. The Contrarian
13. TalkTalk
14. Hourglass
15. The Doomed
16. Counting Bodies Like Sheep to the Rhythm of the War Drums
17. The Outsider
18. The Package
19. Feathers
Photos : Arnaud Dionisio. Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.