The Darts + Chrome Reverse + Shupa – L’Alimentation Générale – 06/07/18

Cette soirée de triolisme garageux, organisée par Les Barrocks était initialement prévue à l’Olympia Café de la rue Léon. Las, leur fief du XVIIIème avait décidé de se refaire une beauté pour l’été ! Qu’importe, ces activistes qui font dans le rock social depuis 1984, rapatrient leurs trois groupes dans le XIème à l’Alim’. Une scène désormais habituelle pour les Shupa de Saint-Maur, que devaient probablement connaître les parisiens de Chrome Reverse… mais certainement pas The Darts. Et pour cause, bien qu’elles en soient pas à leur première tournée en France, les quatre belles Américaines venaient jouer pour la première fois à Paname ! Un grand moment de rock n’roll mené de main de maîtresse, comme on espère en avoir encore souvent sur la capitale…

Deux mots si vous le voulez bien sur les Barrocks. Cette vénérable association lutte depuis plus de trente ans pour la survie du rock'n’roll. Le vrai, le popu. Celui des bars donc et non sa copie émasculée pour zénith et autres halls de gare omnisports… On ne saurait vous conseiller ce reportage des années 90 et cette interview foutraque et fun des années 2000. D’autres assos se démènent grave pour offrir aux groupes la possibilité de jouer à Paris. Jacky Banana, Sick my duck et d’autres. Ces activistes du live ont bien du mérite en cette funeste période. La flèche d’or l’an passé, la Mécanique Ondulatoire et maintenant La Féline… Le rock n’a plus vraiment le droit de cité sur Paris. Pour des raisons de "bon voisinage" qui peuvent sans doute se comprendre, mais est-on aussi draconien avec certains lieux branchés, mais bien en cours avec la municipalité. Matière à débat, ou pas… La longévité et la pugnacité des Barrocks valaient bien un coup d’chapeau ! 

The Darts, Chrome Reverse, Shupa, Les Barrocks, Alimentation Générale

Ça devient une habitude de retrouver les Shupa en train d’en griller une devant la salle… Moins de croiser Nicole Laurenne et Christina Nunez des Darts. Elles ne reconnaissent pas celui à qui elles doivent sans doute leur pire souvenir d’interview et c’est tant mieux pour lui ! On suit les trois gars et la fille de Saint Maur qui rentrent pour faire leur balance. Rita l’autre brune-qui-compte-vraiment-pas-pour-des-prunes, arrivera un peu trop tard. Mais même avec une journée de taf dans les pattes, la volcanique chanteuse peut se passer de tester le son. Son entrée sur scène, alors que ses acolytes nous chauffent déjà avec leur "Surf n’roll", ne laisse rien paraître d’une quelconque fatigue. Elle fait hurler la sirène de son porte-voix et garde un volume quasi identique lorsqu’elle entame "Bullshit show". Même si elle s’était pas imposée ainsi, Rita aurait focalisé tous les regards. Elle dispute - en toute amitié - le titre de la plus-belle-qui-fait-danser à sa complice Maria. Les Shupa distillent leurs titres phares et se fendent d’une nouveauté "Insommia". Un morceau inspiré à Rita par des nuits trop courtes dues à un marmot en bas âge et à un rythme de vie trépidant… Comme à chaque fois, les Shupa auront réussi à jouer les boute-en-train, pour le plus grand plaisir du public et le confort des groupes qui leurs succèdent !

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Photo Jean-Marc Iehl

Chrome Reverse a beau n’avoir que quelques EP et un album à leur actif - le bien nommé They wanna fight -, ils sont la référence parisienne en matière de rock fifties énervé, et pas seulement au sein de l’écurie Born Bad. La pochette du dit album montre Lili Zeller la chanteuse et guitariste, terrifiée et encerclée des trois autres membres du gang, en mode blousons noirs. La réalité semble tout autre sur scène. La belle est bien entourée d’Ivan à la basse, de Dave à la guitare et de Ludo à la batterie, mais pas de doute, c’est elle la leadeuse. Chemisier et jupe sexy, voix de tête délicieusement éraillée… Les gars filent droit devant elles, subjugués comme nous par sa présence. Elle mastique un chewing-gum avec la même détermination qu’elle joue de sa guitare écarlate et annonce la couleur dès le second titre aux faux airs de "Surfing bird". "On est les Chromo Reverse, au cas où vous ne l’auriez pas compris". Ouh là, si, si M’dame ! Et on va se tenir à carreaux… Sage, sage, c’est vite dit. Deux, trois agités nous contraignent à quitter la proximité immédiate de la minuscule scène de l’Alim’. Ivan, débonnaire comme seul peut l’être un bassiste, les regarde avec un sourire amusé. Dave se démène tant et plus qu’il finit par casser une corde. Tandis qu’il la change, les trois autres continuent confiants dans les capacités de leur camarade de les rattraper en grattant à toute berzingue… Chrome Reverse fait dans le deux trente max, en mode pied au plancher. C’est tout juste s’ils arrêtent leur dragster pour indiquer que "Wild joe" est un p’tit nouveau ou qu’ils rendent hommage à Jerry Lee Lewis en reprenant "Don’t let go"… Pépère le rock à Grand-Papa ? Des nèfles, ouais !!! 

The Darts, Chrome Reverse, Shupa, Les Barrocks, Alimentation Générale
Photo Jean-Marc Iehl

Dire que The Darts en pincent pour la France, ne parait pas exagéré, même si depuis leur création en 2016, leurs tournées les mènent partout en Europe. Pour preuve, les charmants efforts de Nicole Laurenne pour s’exprimer en français. Attitude rarissime chez nos amis d’outre-atlantique, vous en conviendrez… Nous avions tout de même une source d’inquiétude ; la surface très étriquée de la scène. Comment Nicole allait-elle pouvoir se livrer à sa grand spécialité ? A savoir "make love with his Farfiza"… On n’aura pas la réponse, relégués que nous sommes aux derniers rangs (mais des mieux placés que nous, nous ont confirmé la chose...). Les agités sont en effet passés en mode surmultiplié, leur bière vole, nous bénissant en mode rock n’roll. Ils parviendront même à faire chuter le vidéaste Franck Rapido, sans entamer pour autant sa détermination à capter les meilleurs moments du show des Darts. Comme à chacune de leur prestation, les quatre "Phoenix/LA garage-psych goddesses" mettent le feu. Michelle Baldarrema se donne à fond à la guitare, autant que sa complice Rikki Styxx. La blonde batteuse au sourire radieux, martèle ses fûts avec une détermination à toutes épreuves. Christina Nunez affiche quant à elle son éternelle et ravissante moue boudeuse à la Wednesday Addams. Une autre version de posture pour bassiste, en mode clin d’oeil plein d’humour. Leur leadeuse Nicole n’aura sans doute pas flirter autant que d’habitude avec son instrument, mais se sera bien rattrapé au chant. Sur tous leurs titres, comme sur "Batteries", leur hymne perso, cover de leurs modèles The Trashwomen et qui clôt le show. "Vive la France ce soir ! La révolution, c’est maintenant !" déclare-t-elle. Le Grand Soir en mode rock, c’est déjà ça de pris.

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Photo Jean-Marc Iehl

Un grand merci à Jean-Marc Iehl pour ses photos. Bien évidemment, l’ami Franck Rapido nous a gracieusement autorisé à publier ces trois vidéos qui rendent à merveille l’ambiance moite et survoltée de cette soirée à l’Alimentation Générale. Et nous l'en remercions également !




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