Quelques heures après leur concert sur la scène Village de Guitare en Scène, on s'entretenait avec Amandyn Roses, Phil Sissler et Charlie Fabert de Rosedale pour une petite dizaine de minutes, l'occasion de parler de la scène blues actuelle.
On voudrait d'abord parler du festival. Charlie tu as mentionné le fait que Christophe Godin vous ait invité sur cette édition, depuis combien de temps connaissez-vous ce festival, qu'est-ce que ça fait d'être ici ?
Phil : C'est un plaisir d'être ici. J'étais là il y a trois ans, j'ai vu Christophe Godin avec Mörglbl, et aussi le concert de Sting, qui était un concert fabuleux. Évidemment, c'est un honneur d'être là.
Charlie : J'ai joué ici avec un autre groupe il y a quelques années, mais c'est un plaisir de venir ici avec Rosedale, qui est le projet que je et qu'on défens corps et âme, c'était fantastique et toute l'équipe est absolument adorable, que demander de mieux ?
Amandyn : Ils ont tout dit (rires). Non franchement, je m'attendais à un très bel accueil, mais le fait de voir autant de gens sympas, gentils, toute l'équipe quoi, c'est hyper agréable. Partager la scène avec des artistes comme Dead Daisies, ou Satriani, je trouve ça génial.
Comme tous les concerts en ouverture, il y a très peu de monde au début, ça se remplit au fur et à mesure. Comment ressentez-vous cet effet crescendo sur scène ?
Phil : Effectivement, au début c'était assez timide, mais j'ai senti qu'il y avait immédiatement un bon accueil, les gens se sont rassemblés, on a eu de supers retours au merchandising, des gens qui ont passé un bon moment, qui ont été touchés, et ça c'est inestimable comme marque de retour.
Charlie : J'ai pas senti tant que ça la timidité au début. En plus c'est crescendo dès le début du concert, on marque d'ailleurs un arrêt après une intro qui monte, et au bout de 1min30, on peut tâter le public, et là les gens ont hurlé dès le départ, à cette seconde-là je me suis dit que c'était bon. Les gens sont arrivés plus nombreux encore mais j'ai trouvé que les réactions étaient géniales tout du long, ils étaient attentifs, quand on avait besoin d'eux et de leur voix ils étaient là pour participer et crier, j'ai trouvé ça vraiment agréable.
Amandyn : J'ai le même ressenti que Charlie, j'ai pas senti de réserve, au contraire, l'accueil était super, on a vu des gens qui nous suivent régulièrement, des gens de différentes régions. Il y avait aussi pleins de gens qui ne nous connaissaient pas, forcément le groupe est jeune, et qui étaient heureux de nous découvrir.
Justement, quand on a deux ans et un album, au vu de l'industrie actuelle, comment on se retrouve à réussir à faire de la scène et obtenir notoriété et reconnaissance ? Est-ce vous êtes contactés pour ça ou est-ce que vous avez encore beaucoup besoin de contacter pour ça ?
Charlie : C'est un mélange des deux. Rosedale a été monté par Amandyn et moi, Philippe nous a rejoint en premier. On a fait un premier concert grâce à un programmateur qu'Amandyn connaissait, sur un beau festival en Alsace. On a publié des vidéos de ce concert et on a eu en environ trois semaines une dizaine de programmateurs qui nous ont contacté, c'est parti comme ça. C'est un mélange entre le fait d'être contacté, surtout qu'aujourd'hui on a la chance d'être distribué en Europe et au Japon, c'est un travail entre ça, le démarchage actif et les réseaux de chacun. On reste des artistes qui avons beaucoup tourné avec d'autres projets dans différents genres, de la variété au hard rock. On s'est créé des liens avec des programmateurs et on sait que quand on tient quelque chose de solide, on peut les appeler et ça a toujours marché comme ça.
Quand on fait du blues, qui est un genre qui a été râpé jusqu'à la moëlle, comment fait-on pour justement réussir à trouver des sonorités originales, avec des mélodies qui ne s'éloignent pas de ce qu'on aime mais qui ont leur propre identité, pour aboutir à un album tel que Long Way To Go ?
Je pense qu'il y a trois façons de voir le blues. La première c'est de se dire qu'il faut le faire à l'état pûr, et rester à 100% dans ce qui se fait dans les traditions, jusqu'au son. La deuxième c'est de se dire qu'on fait pas du tout du blues, et la troisième c'est de se dire que le blues est fait pour évoluer. Personnellement, mes pensées se baladent entre ces trois visions. Je pense que pour avoir une place aujourd'hui, parmi le jeune public, le blues doit évoluer. Nous on aime aussi ce qui est rock donc on va en ajouter. On fait aussi une forme de blues différente parce qu'on essaie d'apporter des refrains sans que ça devienne commercial, dans le sens péjoratif du terme, on fait avant tout la musique qu'on aime peu importe l'étiquette qu'on donne. N'importe quel fan de blues saura que s'il va dans un concert de blues standard, il ne verra pas des gens qui ont moins de 40 ou 50 ans, voire même moins de 50 ou 60. Je pense que c'est quelque chose de mauvais pour le blues à long terme, car une fois que ces gens-là ne viendront plus aux concerts, qui viendra pour écouter cette musique ? Quelque part, un moyen de la faire revivre et survivre à notre échelle, aussi humblement qu'on le peut, c'est d'y amener quelque chose en lequel on croit et de le faire sincèrement.
Amandyn, tu citais des groupes comme les Dead Daisies, Satriani, Guitare en Scène est un festival vraiment très éclectique. Si il y avait quelques groupes de cette édition, ou des éditions précédentes, avec lesquels vous aimeriez partager la scène ne serait-ce que pour une jam, ce serait avec qui ?
Phil : J'suis pas sûr de connaître tous ceux qui ont été programmés ! J'adorerais rencontrer Sting, en tant que bassiste, j'aime sa façon de jouer et de chanter en même temps. Comme Paul McCartney, des gens comme ça... Roger Waters ? Que des bassistes ! Ouais, c'est le premier nom qui me vient à l'esprit, Sting.
Charlie : Y'en aurait des tonnes, forcément, faire une jam avec Satriani ce serait absolument génial. Mais d'un point de vue purement musical, je rejoins Philippe, ce serait Sting aussi. C'est un exemple de talent et de musicalité, il a écrit tant de choses magnifiques, en plus d'être un excellent musicien et interprète c'est un compositeur extraordinaire et je trouve que c'est une leçon de tous les jours.
Amandyn : Beth Hart est passée en 2012, ce serait avec elle, sans hésiter, c'est l'artiste que je préfère.