Parfois les vacances ont du bon pour se remettre à jour. On a laissé passer au mois de novembre dernier la sortie du disque de Greta Van Fleet Into The Fires. Pas vraiment un premier album puisqu’il s’agit d’une réédition de leur premier EP agrémenté de quelques nouveautés. À l’écoute, on se rend à l’évidence, ceux que l’on qualifie assez souvent d’héritiers de Led Zeppelin devraient rapidement faire parler d’eux.
Dès les premières notes, la puissance de feu du combo s’impose à nous. Un son de Gibson SG nous maltraite les oreilles. On y rajoute un hurleur qui se place entre Jack White et Robert Plant mais quand même plus proche du mythique anglais. Payez-vous "Safari Song" ou "Highway Tune", vous verrez, c’est bluffant. La maturité musicale est impressionnante. Les premiers titres enregistrés en 2015 lorsqu’aucun des membres n’avaient la vingtaine force le respect. Les racines du blues ont été travaillées, ingurgitées et sont resservies et dépoussiérées avec classe par le quartette.
J’entends déjà les critiques. C’est mecs n’ont pas inventé la poudre… C’est pompé… Encore une resucée du rock seventies… J’entends. Mais c’est quand même super bien fait. Preuve en est, le commentaire de Robert Plant himself sur ces jeunes américains fougueux. : « Pourquoi reformer Led Zeppelin, ces mecs là (Greta Van Fleet) sont Led Zeppelin ». Pas mal comme compliment pour ces gamins dont certains n’ont pas encore l’âge légal pour aller boire une bière dans leur Michigan natal.
Sur "Black Smoke Rising" le chanteur montre encore une fois toutes ses capacités et nul doute qu’il a bossé les albums de Led Zeppelin tant on retrouve des intonations déjà entendues.
Les gars savent aussi ralentir le tempo et alourdir les riffs comme sur "Edge Of Darkness" sans pour autant perdre de leur puissance de feu. Le jeune Josh Kiszka éructe comme un beau diable et se sort les tripes à chaque vers comme si sa vie en dépendait. Son frangin Sam, du haut de ses dix-neuf printemps, se rapproche tantôt du style "gros riffs bien sentis" d’un Angus Young ou même d’un Keith Richards qui aurait bouffé une pédale de distorsion ; tantôt vers le style Jimmy Page pour rester dans le domaine du gros rock seventies. C’est le cas sur "Flower Power" qui toujours pour paraphraser les célèbres ainés renvoie aux petites ballades style "Tangerine" ou "Going To Califormia".
Le combo n’hésite pas a s’attaquer à l’art de la reprise et revendique ainsi sa culture r’n’b soul. On retrouve donc sur Into The Fire le titre "A Change Is Gonna Come" de Sam Cooke de 1964 popularisé par Otis Redding, The Supremes ou Aretha Franklin les années suivantes. On évolue ici dans un registre plus feutré et les Greta Van Fleet nous prouvent qu’ils ont aussi pas mal de feeling à nous faire partager.
Mais ils savent sonner un peu plus actuel et ne sont pas bloqués dans les seventies. Avec "Talk On The Street" on retrouve un peu le style Guns N Roses. La voix peut parfois aussi sembler similaire. Pour la petite histoire, les Greta Van Fleet ont décroché quelques premières parties sur la tournée Not In This Lifetime 2018 de la bande de Slash et Axl.
Donc nous sommes d’accord, les Greta Van Fleet n’ont pas réinventé le rock ‘n’ roll. Mais cela ne les empêche pas de lui apporter une certaine fraicheur. Leurs huit titres sont de fort bonne facture et on est en droit d’attendre avec impatience leur premier véritable album qui est maintenant annoncé pour bientôt. Cette fois-ci on essayera d’être présent sur l’action et on vous renvoie d’ores et déjà sur un lien d’écoute de leur nouveau single "When The Curtain Falls".
Attention, le groupe sera en concert à l'Elysée Montmartre le 26 octobre prochain mais les précieux sésames deviennent très compliqués à se procurer...
EP From the Fires sorti le 10 novembre 2017 sur le label Lava Records (Universal)
