Toujours sur le feu, entre deux balances impromptues, ces petites dizaines de minutes que les artistes de Guitare en Scène ont réussi à nous consacrer ont fait le sel de notre week-end festivalier. Cette fois-ci, c'est Scott Sharrard qui s'est prêté à l'exercice, avec qui nous avons pu parler de son actualité, son rapport à la scène, ainsi que du festival.
Connaissais tu le festival avant d'être programmé ici ?
Je n'en avais jamais entendu parler, mais là, on vient de finir les balances et j'ai rarement vu une organisation si professionnelle. C'est un bel endroit, on est ravi d'être ici. Ma femme vient du Sud de la France, donc je viens ici assez souvent depuis 18 ans, j'ai presque l'impression de jouer à la maison.
Quand on compare un festival à échelle humaine comme ici par rapport aux grosses machines, est ce que tu sens une différence dans la façon dont tu es accueilli, dont les gens se comportent ?
Je ne me rends vraiment pas compte que ce soit si petit. Je veux dire, Sting joue ce soir, j'étais très surpris quand on m'a dit qu'il jouait le même soir que nous, pour moi on jouait sur l'autre scène. Après tu sais, quelle que soit la taille du festival, que ce soit des milliers de personnes ou juste une poignée, on joue de la même façon, on est dédié à la musique, on est là pour offrir un concert à nos fans, peu importe combien ils sont.
Comment penses tu que va être la réception ce soir? Ton expérience avec le public français?
Je crois que je n'ai joué qu'une seule fois en France, je viens surtout en vacances avec ma femme. La seule fois, c'était à Paris avec Gregg Allman, au Grand Rex. J'ai été avec lui presque dix ans, de 2008 jusqu'à sa mort en 2016, et c'est la seule fois où on a joué en France.
Tu as tourné longtemps avec Gregg Allman mais aussi avec ton groupe. Est ce que tu sens une différence sur scène quand tu viens avec un groupe ou en ton propre nom?
Énormément. Quand tu es le leader, chanteur et compositeur de toute la bande, c'est sur toi que tout repose. Pour les dernières années avec Gregg Allman, j'étais le directeur musical. Je dirigeais le groupe pour lui mais le crédit lui revenait. J'ai vu tous les aspects d'une production musicale, j'ai je pense assez d'expérience pour assumer tout ça, mais c'est vrai que c'est moins lourd quand tu fais ça pour quelqu'un d'autre. Pour moi, je fais la presse, j'aide sur tous les aspects même si on a un tourneur. Ici par exemple, je m'en suis totalement occupé.
Tu vas sortir Saving Grace en septembre. Tu peux nous parler de ton processus de composition?
Tout est basé sur l'inspiration. Quand je travaille en collaboration, tout est plus calculé. Ici, c'est spécial car j'ai décidé d'aller enregistrer la première partie de l'album en Alabama avec des grands noms du blues et du jazz, et la seconde à Memphis avec des gars qui ont bossé sur les albums de Al Green. J'ai pu barrer ces noms de la liste des musiciens avec lesquels j'ai toujours rêvé de jouer. Ils ont tous plus de 70 ans, ils ont joué magnifiquement bien mais je sais bien qu'ils ne seront pas toujours là et qu'il fallait accomplir ça. Et y'a un bonus, c'est un dernier morceau enregistré à New York, que j'ai écrit avec Gregg Allman, je ne chante pas dessus et c'est Taj Mahal qui m'a fait l'honneur de venir l'interpréter. Taj était le chanteur préféré de Gregg et un très bon ami à lui, ça m'a semblé parfaitement logique de rendre cet hommage. Taj était en ville pour recevoir un Grammy Award, je l'ai abordé comme ça et il a accepté.
Ici à Guitare en Scène les concerts finissent souvent en jams. Si tu pouvais inviter un musicien de cette édition, ou être invité par quelqu'un sur scène, qui ce serait ?
C'est marrant que tu mentionnes ça, j'ai essayé d'entrer en contact avec Danielle Nicole. Je suis un de ses fans depuis à peu près trois ans. Je l'ai vu au Southern Rock à Flowood, Mississippi quand j'étais sur un jour de repos sur la tournée de Gregg Allman, et là je vois cette femme qui joue de la basse de façon monstrueuse, puis elle se met à chanter et c'est l'étonnement complet. Qui était cette personne, tu vois ? Je l'ai suivie depuis ce jour, nos chemins n'ont pas arrêté de se croiser mais on ne s'est jamais rencontrés. Et donc j'ai réussi à la voir ce matin quand elle partait de l'hôtel, je suis déçu qu'elle ait joué l'autre soir, on s'est encore raté. Elle est vraiment incroyable.
Photo : Yann Landry
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