5 juillet 2018, presqu'île du Malsaucy. Premier jour des Eurocks, 30ème édition.Et troisième fois que le festival s'étale sur quatre jours. La formule semble donc donc efficace, ou tout du moins lucrative, la programmation de cette journée supplémentaire faisant la part belle aux blockbusters du moment. Mais ne boudons pas notre plaisir, et allons à la pêche aux quelques groupes à guitare prévus ce jour.
Texas
Lorsque Sharleen Spiteri et ses acolytes montent sur scène, les festivaliers démarrent un voyage dans le temps. Retour dans les années 90. Le ciel se couvre dangereusement, la grande scène est pleine. "The conversation", puis "Summer Son", Sharleen est en pleine forme. Sa voix est toujours aussi puissante et chaude, et elle arpente la Grande Scène de long en large.
Texas fait partie de ces groupes dont tout le monde connaît les titres. Aussi, sans surprise, ça chante partout. Les tubes s'enchaînent, toujours aussi étonnant de voir qu'un set peut ainsi être fait uniquement à partir de hits. La pop bluesy marche à fond au Malsaucy, alors que quelques gouttes comencent à tomber. "On est écossais, la pluie ça nous connaît", répondra avec un sourire éclatant Sharleen...
La pluie tombe désormais sous forme de seaux remplis. Les plus gros hits viendront clore la première (ou presque) sortie de guitare de cette 30ème édition. "I Don't Want a Lover", avant un dernier "Say What You Want". Un set propre, plein de chaleur, même si un peu humide. Mais c'est rien à côté de ce qui arrive...
Dream Wife
Il y a deux types de festivaliers. Il y a bien sûr ceux, en masse, qui seront parti voir BigFlo et Oli, les super-stars du moment, qui en plus jouent sous une scène couverte, à l'abri de la pluie qui tombe sévère. Bon. Mais à la Grosse Radio, on aime se mouiller. On n'aime pas le confort (quoique...). Et donc on préférera aller découvrir le Punk londonnien des Dream Wife.
Dream Wife, c'est la sensation rock que l'on attend ce jeudi. rois anglaises, exhubérantes à souhait, basse guitare chant. Un batteur en plus, pour que ça cogne bien aussi. Un déluge s'abat sur le Malsaucy, mais ce n'est pas grave. Les Dream Wife attaquent la scène de la Loggia par la face Rock, celle qui gratte.
Mélange Garage, Punk, ça danse sous la pluie. Singing in the rain. Rakel, au chant, alterne les postures les plus improbables, avec un sourire rivé à ses lèvres. Entre miaulements, coups de griffes, grosses guitares, les Dream Wife s'en donnent à coeur joie. Même la sangle de la basse de Bella n'y résiste pas, mais ce n'est pas ça qui va l'arrêter..
Les festivaliers aussi ne sont pas en reste, les plus valeureux s'élançant dans un pogo dans la boue. Sur scène les londonniennes continueront à envoyer leur énergie Punk. Gros concert, les Eurocks auront vu passer deux tornades ce soir, une dans le ciel, et une sur scène.
Orelsan
Malgré les éléments déchaînés, le public est venu en masse voir Orelsan sur la grande scène. Un public de connaisseurs, qui connaît les paroles par coeur, et qui attend beaucoup du rappeur normand.
Orelsan, en studio, c'est une certaine nonchalence. Sur scène, non. Le flow est plus direct, beaucoup plus précis, plus claquant. Ajoute à ça que le rappeur n'est pas simplement accompagné d'un DJ, mais au contraire suivi par des musiciens avec une batterie, une basse ou des claviers, voire même une guitare, tu comprendras que Orelsan a une place à part parmi les rappeurs fraçais actuels. Grosse présence donc, début de set avec les titres phare du moment. "Basique" au bout de 3 titres, ça c'est fait. On va quitter les sentiers battus par les FM, et pouvoir aller du côté qui gratte un peu plus. "Bonne Meuf", "Défaite de famille", l'univers d'Orelsan prend une dimension particulière sous la pluie.
Le set se termine comme il a commencé, avec un "Basique" rejoué tranquillement. La foule s'est pris une trempe, Orelsan a ajouté sa patte.
Portugal. The Man
Il pleut toujours. Aussi Portugal. The Man, sous chapiteau, c'est quand même pas mal. Introduction avec un petit film d'animation, sur fond de leur hit planétaire, "Fel It Still", petite mélodie légère. Et voilà que la bande à John Gourley, tout capuchonné, s'avance. Trois accords bien metal, un message sur l'écran: "Il n'y aura pas de vanne entre les morceaux ce soir". Bon, tant pis, les quelques fans de Roland Magdane viennent de se résigner à quitter le chapiteau.
Pour ceux qui sont restés, le début du set cogne fort. Bien loin de cette petite mélodie d'accueil, les Portugal. The Man enverront du pâté au comté, son très metal, avec des riffs piqués à Pink Floyd, tirés d'un album avec des briques dessus. Le premier qui trouve gagne un sandwich au salami d'origine contrôlée.
Le début de concert, très rock, fait gentiment place au fur et à mesure à un set électro-rock, propre, mais malheureusement sans âme. Bien sur il y a les messages en fond d'écran ("Merci [insérer le nom de la ville]", qui montrent avec une trace d'humour que le groupe enchaîne les sorties, sans trop savoir où il est. Ce sentiment de concerts déshumanisés, très pros mais sans aucune folie, sans moment de grâce qui peut le rendre mémorable, sera malheureusement une constance tout au long du festival.
Toutes les photos de cette journée dans cet album complet
Crédits photos : Yann Landry
sauf Dream Wife et Orelsan, crédit Eric Munk