Alors que les Américains d’Incubus seront de passage à l’Olympia de Paris dimanche, La Grosse Radio s’est entretenue avec le batteur José Pasillas, pour évoquer l’amour du groupe pour la scène.
Vous faites une tournée européenne dans des salles moyennes après avoir joué notamment dans des festivals cet été. Qu’est-ce que vous préférez ?
Il y a des avantages dans les deux, du coup c’est intéressant de pouvoir alterner, d’être en tête d’affiche dans une grande salle, puis de jouer dans un festival, et ensuite d’aller dans une petite salle, ce que nous n’avons plus fait depuis longtemps, et que nous allons faire là en Europe. Donc nous mixons tout ça, et nous essayons de rendre chaque événement un peu spécial. Mais je ne pourrai pas dire quel est mon type de concert préféré, j’aime alterner.
En fait vous aimez simplement être sur scène, peu importe laquelle.
Oui tout à fait. C’est toujours excitant de jouer devant 20000 personnes, mais c’est tout autant amusant de jouer devant 2000 personnes, même si c’est différent.
Vous avez joué récemment avec System Of A Down, que vous connaissez depuis longtemps. Vous avez l’impression de travailler avec des amis quand vous êtes en tournée avec eux ?
Oui, tout à fait ! Nos groupes ont commencé ensemble, on a joué plein de fois ensemble par le passé, donc on était excité à l’idée de jouer de nouveau avec eux. Cela fait tellement longtemps qu’on se connait, ç’a été cool de les regarder grandir, et c’est toujours cool de se retrouver.
Est-ce que vous êtes le genre de groupe à garder toujours plus ou moins la même setlist ou à en changer au cours de la tournée ?
En fait, on a une setlist de base, et en général on change quelques chansons chaque soir. On détermine la meilleure setlist que nous puissions trouver, et on essaye de garder la trame à chaque concert, mais à chaque nouvelle étape de la tournée, nous en changeons une partie. C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus difficiles : arriver à trouver une setlist qui nous satisfasse tous, et qui plaira aux fans, donc nous faisons de notre mieux.
Donc c’est compliqué d’arriver à trouver cette setlist parfaite ?
Je pense qu’il n’existe pas de chose telles que la setlist parfaite, surtout quand on a écrit plus de 100 chansons. En concert, on en joue autour de 23, donc évidemment, on ne peut pas tout jouer. On fait de notre mieux, mais à chaque début de tournée, on modifie la setlist, on essaye de l’améliorer, on fait des expérimentations, et ça nous prend un certain temps de se rendre compte de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, donc on la fait évoluer au fur et à mesure pour s’éclater avec.
Vous commencez votre tournée européenne, vous allez donc changer pas mal de choses par rapport à la tournée de cet été ?
Il y aura beaucoup de chansons qui étaient déjà dans la tournée américaine et les festivals, mais avant de repartir en tournée, on réfléchit à ce qu’on peut faire évoluer, quelles chansons ajouter, quelles reprises on va faire, comment on peut jouer les chansons différemment, on essaye toujours de travailler pour que les chansons aient l’air ‘neuves’, pour les fans et pour nous, et c’est ce sur quoi nous travaillons actuellement.
Et vous savez déjà s’il y aura des surprises pour les prochains concerts, ou est-ce trop tôt ? (l'entretien a été réalisé courant août, ndlr)
Non, c’est encore trop tôt. Vous savez, parfois nous décidons ce que nous allons faire le jour-même du concert. On travaille sur les différents éléments avant, mais on les assemble au fil de l’eau, pendant les tournées, donc je serai incapable de vous dire ce que l’on va faire dans deux ou trois semaines. C’est un processus en perpétuelle évolution !
Et comment les fans réagissent-ils aux nouveaux morceaux ?
Ils réagissent de façon très positive ! Pour nous, ces chansons sont très funs à jouer, donc ça a été très cool de voir les gens accueillir cette nouvelle musique, et nous sommes très excités de continuer à la leur montrer, à donner vie au disque.
Lors de vos tournées, vos fans peuvent acheter des places pour des Meet & Greet, dont l’argent est reversé à votre association Make Yourself Fondation, qui soutient plusieurs associations environnementales. C’est un moyen de mettre les préoccupations écologiques au cœur des concerts ?
Pour nous, c’est une bonne opportunité d’aider plusieurs associations. Nous nous sommes dit que le mieux pour nous était de créer notre propre association, pour pouvoir canaliser l’argent et le distribuer. Donc nous organisons cela à chacun de nos concerts, cela fait peut-être 15 ans, et nous continuerons, car même si cela ne fait qu’une petite différence, cela en fait tout de même une. Et c’est un sentiment positif de voir que nos actions peuvent avoir des répercussions.
Et c’est aussi une façon de faire participer les fans à ce projet, et de développer leur conscience des problèmes écologiques ?
Exactement. C’est un sujet qui compte pour nous, tout le groupe est sur la même longueur d’ondes à ce sujet, et nous suivons notre cœur, et c’est tout ce qu’il y a à faire. Il y a vraiment une discussion de groupe sur ce que nous décidons de soutenir, cela arrive qu’on ne soit pas d’accord, mais en général nous avons la même vision.
Comment est-ce qu’on arrive encore à faire des albums (le dernier, 8, est sorti il y a un peu plus d’un an) et des tournées après 27 ans d’existence ?
Nous voulons vraiment juste nous amuser en écrivant et relever de nouveaux défis, et je pense que c’est ce que nous avons fait avec ce nouvel album. Cela devient de plus en plus dur à chaque album, c’est pour cela que cela nous a pris six ans pour sortir 8, parce que nous voulons vraiment que ce soit intéressant et stimulant à faire pour nous. Et nous pensons que nous avons réussi, 8 est un de mes albums préférés. Il a pris beaucoup de temps à faire, mais pour moi c’est l’un des meilleurs. Et j’ai l’impression qu’il peut encore conquérir des auditeurs, que plus de gens pourraient encore le découvrir. Donc notre objectif actuel est juste de faire des concerts et de jouer de la musique. Tant que nous pourrons continuer à écrire de la musique, la jouer, et la partager avec le monde, nous continuerons à le faire.
Et qu’est-ce que vous avez l’impression d’avoir amené vous, personnellement, à cet album ?
En fait, pour chaque album, nous commençons avec quelques idées, et ensuite nous les mettons en commun, et nous les travaillons ensemble. Certaines chansons viennent plus facilement que d’autres, là nous avons eu un très bon producteur qui nous a très bien aidé dans ce travail pour donner vie aux chansons, et quand nous tenons une chanson, nous voulons mener le processus de création jusqu’au bout. Pour moi, c’est toujours un défi de me dépasser pour créer des rythmes et des beats pour la voix, les guitares ou la basse, et c’est quelque chose auquel je pense tout le temps, même quand je quitte le studio avant la fin de la journée. En fait, je mets tout ce que j'ai dans ce processus. En général, je suis très content du résultat final, et cela a été particulièrement vrai avec ce disque.
Est-ce que vous avez déjà commencé à penser au prochain album, ou est-ce que vous vous concentrez vraiment sur 8 ?
Cet automne, nous aurons une dernière série de concerts, et ensuite nous aurons quelques mois pour aller en studio et jouer de la musique, écrire et enregistrer. Donc nous sommes vraiment en train de penser à ce que nous allons faire, que ce soit un EP, ou juste quelques singles, ou carrément un album entier, nous ne savons pas, mais nous sommes excités à l’idée de recommencer à écrire.
Vous écrivez en tournée, ou vous attendez vraiment d’avoir fini pour vous y remettre ?
Pour nous, c’est vraiment mieux de rentrer à la maison, et de concentrer toute notre attention sur une seule chose, c’est plus compliqué en tournée. Des idées peuvent venir sur la route, mais la plus grosse partie du travail est faite à un moment dédié quand nous rentrons.
Le groupe est en concert à L'Olympia le dimanche 2 septembre
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