Main Square Festival 2018 – Jour 2


Samedi 7 juillet, deuxième journée du Main Square Festival d'Arras, il fait toujours aussi beau et toujours aussi chaud. Cette nouvelle journée promet d'être plutôt chargée, avec treize groupes programmés, relevant pour la plupart de la scène rock et electro. Depeche Mode et Liam Gallagher se glissent en tête d'affiche ce samedi, alors que des groupes comme Wolf Alice, Basement et Black Foxxes se chargent de lancer les hostilités.

Ambiance, MSF 2018,

Moins éclectique que la veille, la programmation draine un public très ouvert au rock, mais surtout une incroyable fanbase venue tout spécialement pour Depeche Mode. Et si le soleil de plomb ne rend pas les festivaliers faciles, les groupes jouant l'après-midi ont dans l'ensemble su donner des concerts d'une qualité exceptionnelle.

Ambiance, MSF 2018,
 

Black Foxxes


Après deux concerts sympathiques mais finalement peu marquants, on s'est dirigé vers la Greenroom pour assister au show de Black Foxxes, un jeune groupe de rock alternatif originaire du Royaume-Uni.

Black Foxxes, Main Square Festival, 2018,

Devant un mur assez discret d'amplis Marshall se produit un chanteur baignant dans l'émotion et dont la voix se place entre celle de Placebo et de Suede. Celle-ci, tirant parfois sur un crié déchirant, s'imbrique à merveille sur une base guitare-basse-batterie tout à fait classique au style perché sur les monts les plus somptueux du rock anglais dont les cascades couleraient vers un post-hardcore d'une douceur enragée absolument charmante. Et de temps à autres, cette voix s'arbore d'un magnifique vibrato qui pousse l'expression de la passion encore plus loin, frisant le cliché mais restant toujours dans le droit chemin.

Black Foxxes, Main Square Festival, 2018,

Le groupe parvient à capter le public de Couteeners et ne se laisse pas intimider par l'afflux constant de personnes. Contemplatif, l'auditoire se laisse porter par les douces mélodies de Black Foxxes, mais également par leurs riffs de guitare un peu plus énervés. Certains au premier rang laissent couler quelques larmes sous la pression de la trinité constituée par le chant clair, le chant crié et la voix de tête portant “Oh, It Had To Be You“ dans une intensité émotionnelle incroyable.

Puis vient une annonce assez spéciale du chanteur : le groupe s'apprête à reprendre Love Song de The Cure. Et sans surprise, Black Foxxes reprennent ce titre avec brio. Il s'intègre parfaitement à leur style musical, à tel point que The Cure deviennent une influence évidente, et se voit transformé en un morceau bien plus dynamique, moins propre dont les sonorités tendent vers le rock garage.

Black Foxxes, Main Square Festival, 2018,

Un peu en retrait, le bassiste propose tout de même un jeu hyper qualitatif, supportant toutes les mélodies de guitare par un son assez gras et des structures carrées. Mais clairement, Mark Holley, le chanteur, lui vole la vedette jusqu'à “Joy“ où il se serait cassé une côte en écrasant sa guitare contre son torse. Et même avec cet incident, il nous a délivré une magnifique performance, qui aura peut-être su contenter les attentes du public qui, lui, a fait preuve d'un certain scepticisme tout le concert durant.


Black Foxxes, Main Square Festival, 2018,

Wolf Alice


Pressé par le running order, on court vers la Main Stage pour assister au concert de Wolf Alice, un groupe londonien au rock ne boudant clairement pas la pop et venu en ce samedi calmer le jeu sur la Main Stage. Le set s'entame sur “Your Love Whores“, un titre presque psyché posant l'ambiance assez douce et à fleur de peau qui pèsera au-dessus des têtes pendant tout le concert. Mais ne vous y méprenez pas, si Wolf Alice a son lot de morceaux pop et accrocheurs, le groupe reste tout de même attaché au rock et sait proposer son lot de riffs remués et remuant le Main Square.

Wolf Alice, Main Square Festival 2018,

Quelques cris émanent également ça et là des cordes vocales de la chanteuse qui fait preuve d'un spectre assez large lui permettant de sortir des notes vraiment aiguës, comme sur “Don't Delete The Kisses“, dressant les poils d'un paquet de monde. Cette voix est d'ailleurs supportée d'un ensemble instrumental la plupart du temps atmosphérique, presque brumeux, qui nous plonge dans une ambiance hyper agréable pendant prêt d'une heure.

Et comme si l'extase ne suffisait pas, le loup qui git en Wolf Alice vient à se réveiller pour proposer une nouvelle fois son rock alternatif aussi lourd que galvanisant. S'enchaînent alors des morceaux comme “Formidable Cool“ et “Lisbon“ dont la puissance est portée par l'ensemble des musiciens et qui engrangeront un mouvement de tête synchronisé au premier rang.

Wolf Alice, Main Square Festival, 2018,

Wolf Alice propose donc un set à cheval sur l'atmosphérique, glissant à point nommé vers le sexy mais toujours porté par une base rock dont seul les Anglais semblent avoir le secret. Le tout était si carré, si maîtrisé qu'on en aurait bien redemandé !

Wolf Alice, Main Square Festival, 2018,

Wolf Alice, Main Square Festival, 2018,

Wolf Alice, Main Square Festival, 2018,

Basement


Envie de retourner au cœur des années 2000 ? Alors il fallait être présent devant la Greenroom lorsque Basement s'y produisait. Pour leur deuxième passage au Main Square, les gars d'Ipswich nous ont concocté un mélange de pop-punk et de post-hardcore aussi motivant qu'essoufflant. Chemises à carreaux et jeans serrés étaient de la partie pour déménager la petite scène du festival. Et il faut dire que les anglais savent y faire, même devant un public qui semble crouler sous la chaleur écrasante et la fatigue d'une nuit un peu (trop) courte.

Basement, Main Square Festival, 2018,

Et si on s'attendait à un son un peu caveux, il faut dire que les cordes aigües en ont prises pour leur grade sous les riffs effrénés des guitares. Et que serait un groupe de pop-punk sans un chant tiré d'un alliage de crié et de clair venant décorer ce florilège de mélodies que l'on aurait pu voir naitre sous un soleil orange d'été californien alors que Sum 41 éclatait la mémoire des premiers lecteurs mp3 ?

Basement, Main Square Festival, 2018,

Laisser de côté ses préjugés et s'ouvrir à une dose de nostalgie ont été les mots d'ordre pour ce public qui, un peu comme lors du concert de Pleymo la veille, a su se laisser porter par une musique catchy et émotionnelle ou le sing-a-long s'est fait une place de choix. Et si certaines personnes ont commencé à pogoter devant la barrière, quelques têtes rasant presque l'herbe du fond de terrain se sont faite ballantes une bonne partie du concert, un signe que le combo anglais sait encore mobiliser les troupes.

Ambiance, MSF 2018,

Arrivé aux trois quarts du set de Basement, on doit se déplacer vers la Main Stage, comme pas mal de monde, pour assister au concert de la première tête d'affiche de la soirée : Liam Gallagher

Basement, Main Square Festival, 2018,

Basement, Main Square Festival 2018,
 

Liam Gallagher


Bien que programmé dans de nombreux festivals français, le fils prodigue de Manchester et ex-chanteur d'Oasis était attendu de pied ferme au Main Square. Et comme prévu, Liam Gallagher est fidèle à lui-même, en parka même lorsque le thermomètre avoisine les 30 degrés et brandissant son tambourin dès son arrivée sur scène.

C'est après une intro compilant le chant des supporters de Manchester City et “Fuckin' In The Bushes“ d'Oasis qu'il débarque avec ses musiciens pour nous offrir un set de pur rock anglais pendant tout juste une heure. Sous les applaudissements massifs, et devant un public de tous âges bien chauffé par les groupes précédents, il annonce "Rock'n'Roll Star".

Liam Gallagher, Main Square Festival, 2018,

Une fois en position, les mains se rejoignant dans le dos, il lance de sa voix puissante et nasillarde les notes du classique d'Oasis et galvanise déjà la foule. La clôture hyper lourde du morceau inflige alors un sacré coup au public qui semble avoir perdu une partie de ses moyens. Et les tubes d'Oasis s'enchaînent, entrecoupés des compositions originales du plus jeune des Gallagher qui présente tout de même une petite partie de son nouvel album : As You Were.

Les titres de ce dernier sont clairement taillés pour le live et sonnent déjà très familiers chez les personnes formant l'avant de la fosse qui reprennent en choeur les couplets et riffs de guitares hyper accrocheurs de morceaux comme “Wall of Glass“. Et surprise (ou pas), les compositions d'As You Were portent en elle une partie de l'essence d'Oasis ainsi qu'une approche du groove atypique et maîtrisée.

Liam Gallagher, Main Square Festival, 2018,

Si l'on avait peur de voir Liam Gallagher un peu trop en avant, il reste dans une belle symbiose avec ses musiciens. La formation porte son nom, mais elle est portée par l'ensemble des musiciens qui forment un réel collectif. Ensemble, ils offrent un florilège de titres issus majoritairement des productions d'Oasis. Bien sûr, des titres comme “Supersonic“, “Cigarettes & Alcohol“ ou "Whatever" figurent sur la setlist, mais c'est un autre morceau qui a été l'instigateur du moment le plus mémorable du Main Square. Vous nous voyez venir, c'est évidemment “Wonderwall“.

Massivement, les foules ont débarqué des quatre coin du festival pour venir chanter l'un des morceaux les plus emblématiques de toute l'histoire du rock. On a vu des gens courir dans les escaliers de la citadelle, d'autres sauter au-dessus des festivaliers assis dans l'espace vert pour afin d'assister à ce moment. La chorale était telle qu'il en devenait difficile de distinguer la voix de Liam de celle du public. Les poils se sont dressés sur plus d'un bras de cette marée humaine, et beaucoup ont vu se moment se graver dans leur mémoire. Et comme pour laisser ce moment en suspens, “Live Forever“ vient assurer la fin du concert avec une certaine touche de douceur laissant l'ensemble s'inscrire dans les annales du Main Square.

Liam Gallagher, Main Square 2018,

Liam Gallagher, Main Square Festival, 2018,

Liam Gallagher, Main Square Festival 2018,

Quelques minutes passent et on voit le matériel de la tête d'affiche de la soirée arriver sur scène. Et la rotation de public s'entame. Les fans de Depeche Mode s'ameutent vers le devant de la scène et laissent le reste du public reculer. À cet instant précis, on constate un mouvement massif du public vers la Greenroom où se produisent d'ores et déjà Oscar & The Wolf.


Ambiance, MSF 2018,

Oscar And The Wolf


Lorsque l'on arrive à hauteur de la scène, l'espace est déjà bondé et une marée humaine s'étend jusqu'au fond du festival. Là, changement d'ambiance radical. Sur scène, on distingue quatre silhouettes, trois musiciens et un frontman vêtu d'un large t-shirt lui laissant la liberté d'exercer des mouvements aussi sensuels qu'excentriques. Quelques refrains accrocheurs et une synthpop lente et sexy semblent avoir été suffisant pour drainer le public, mais surtout pour le plonger dans une certaine transe. Oscar & The Wolf sont accueillis ce soir là à bras ouverts, notamment grâce au public belge qui se fait nombreux.

Oscar And The Wolf, Main Square Festival 2018,

Rapidement, on constate un clivage sur scène, Max Colombie semble vraiment détaché de ses musiciens et aucune symbiose ne se fait ressentir. Cette symbiose, le leader préfère la retrouver avec le public qui embrasse déjà ses paroles et n'hésite pas à les chanter tout au long du concert. Finalement, on se rend compte que Max Colombie est un personnage haut en couleur qui semble autant introverti qu'à l'aise avec sa musique et son public.

Et ce mélange n'est pas sans déplaire au premier rang qui ne se retient pas de crier lorsque la gestuelle scénique devient un brin sensuelle, un peu à l'image de la musique.

Oscar And The Wolf, Main Square Festival 2018,

Oscar And The Wolf, Main Square Festival, 2018,

Oscar And The Wolf, Main Square 2018,

Ce concert aura été un moment de flottement total dans la programmation de ce samedi, et cela n'a rien de péjoratif. Un peu de douceur, de sensualité ne pouvait faire que du bien entre Liam Gallagher et Depeche Mode que l'on s'empresse d'ailleurs d'aller voir alors que le concert d'Oscar & The Wolf touche presque à sa fin.
 

Depeche Mode


Avec quelques minutes de retard s'entame le set de Depeche Mode, et quel set. D'abord un écran noir, puis un tableau d'art moderne couvert de jets de peinture d'une palette de couleurs aussi pastelle que diversifiée. Les premières notes de “Going Backwards“ résonnent, le public se fait contemplatif avant d'acclamer les Anglais visiblement très attendus ce soir-là.

Depeche Mode, Main Square Festival, 2018,

Sur scène, c'est un David Gahan dont le visage semble fatigué qui pointe le bout de son nez. Mais celui-ci conserve toute son énergie et toute sa voix. Son jeu de scène si excentrique et atypique est toujours présent, accompagné de cris appelant le public, afin de créer un dynamisme contrastant totalement avec celui de Liam Gallagher. Toute l'essence de Depeche Mode est encore présente, que ce soit musicalement ou visuellement, et une fois de plus, une magie règne dans la citadelle, une magie couverte d'une certaine touche d'obscénité émanant de la musique des Anglais qui n'est pas sans déplaire aux festivaliers.

Depeche Mode, Main Square Festival, 2018,

David Gahan se charge de poser sa voix grave sur l'ensemble instrumental électronique du reste du groupe, un ensemble qui a su les propulser sur l'avant de la scène new wave dans les années 80, et  qui semble loin d'être démodé au vu de la réactivité du public. Quant à lui, Martin L. Gore assure les choeurs avec justesse et puissance afin d'ajouter aux morceaux cette voix aiguë posant ce contraste dont seul Depeche Mode a le secret.

Depeche Mode, Main Square Festival, 2018,

Au fil des classiques, le groupe parvient à capter une foule qui n'était pas présente au début du concert et continue d'impressionner par son énergie et la justesse avec laquelle les morceaux sont interprétés. Et bien que Spirit, le dernier né des Anglais, soit sorti l'an dernier, il se fait assez discret sur la setlist au profit de tubes comme “In Your Room“ ou “Never Let Me Down Again“.

Mais que serait un concert de Depeche Mode sans “Personal Jesus“ ? En une seule journée, le Main Square a connu ses plus beaux sing-a-long. Tout le festival reprenait en choeur les paroles répétitives et entêtantes du morceau et jusque dans les buvettes ont entendait des « Reach out and touch faith ! ».

Depeche Mode, Main Square Festival, 2018,

Pour couronner le tout et finir en beauté, le groupe nous offre un rappel muni de trois titres qui viendront transcender le Main Square : “Walking In My Shoes“, “Enjoy The Silence“ et “Just Can't Get Enough“. Ce dernier titre aura d'ailleurs su faire danser bon nombre de festivaliers. Depeche Mode nous auront donné ce soir là un concert majestueux, énergique et intense, bourré de tubes et ravivant le meilleur des années 80 et 90 !

Depeche Mode, Main Square Festival, 2018,

Depeche Mode, Main Square 2018,

Boris Brejcha


Une ambiance musicale mystique, un fil de lumière descendant sur les platines, c'est ce qui a défini ce soir l'intro du concert de Boris Brejcha. Le visage caché par un magnifique masque vénitien, le dj allemand a ameuté foule devant la Greenroom, une foule qui a su se laisser porter par un électro à la fois planant et dansant bien basé sur les basses, parfait pour clôturer cette soirée et achever les jambes des nombreux festivaliers présents à cette heure tardive.

Boris Brejcha, Main Square Festival, 2018,

Stroboscopes et lumières bleues étaient au rendez-vous pour accompagner ces rythmes atypiques sur lesquels les corps se sont balancés pendant près d'une heure et quart. Et que dire de plus si ce n'est que Boris Brejcha s'avère être un choix parfait pour cette fin de samedi soir et qu'il se place aisément dans le haut du panier de la scène électro européenne ?

Boris Brejcha, Main Square Festival 2018,

Cette deuxième journée, bien que très chaude, aura été riche en surprise mais surtout en moment forts, on retient notamment le karaoke géant sur "Wonderwall" et "Personal Jesus" qui, comme dit plus haut, resteront sûrement dans les annales du festival.

Ambiance, MSF 2018,

Photos des concerts : © Nidhal Marzouk 2018
Photos d'ambiance : © Valentin Laurent 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite des photographes.



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