Lollapalooza 2018 jour 1 (21 juillet) : Fidlar, Nothing But Thieves, Kasabian, Depeche Mode…

Si Lollapalooza semble a priori un festival de hipsters, ces deux jours à l’hippodrome de Longchamp ont permis de constater que le public est bien plus varié. S’il faut effectivement avoir les moyens de se payer le billet et la bouteille d’eau à trois euros, le festival a vu se côtoyer des poseurs venus faire des selfies pour leur compte Instagram depuis l’espace VIP et de grands adeptes de pogos prêts à en découdre. Ça tombe bien, cette année, la programmation était plutôt rock.

 

Fidlar
Alternative Stage, 14h15


L’inconvénient avec les groupes de début d’après-midi, c’est qu’ils font leurs balances devant le public juste avant le concert, donnant aux spectateurs le sentiment confus de ne pas savoir quand le show commence exactement.
 

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C’est le cas avec Fidlar, qui après avoir fait traîner en longueur ses ajustements sur l’Alternative Stage, finit par rentrer en retard dans le vif du sujet avec "Alcohol". Le public est très clairsemé en ce début de festival, ce qui nous permet de faire des photos malgré l’impossibilité d’accéder au pit photographe – le week-end a pour le moins été compliqué niveau prise de vue. Mais les présents savent clairement pourquoi ils sont là. À peine le groupe, qui semble avoir volé des uniformes à un groupe de prisonniers pour s’habiller, a-t-il joué les premières notes, qu’un petit pogo se forme joyeusement devant la scène.
 

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Techniquement, ce "Alcohol" n’est pas très au point : les guitares larsènent et la voix du chanteur Zac Carper est assez horrible. Il faut dire que le groupe officie dans un registre de skate punk, où la justesse du chant n’est pas toujours une priorité. Heureusement, la situation s’améliore au fil des morceaux.
 

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Les chansons alternent entre des ambiances punk assez légères mais rentre-dedans, et des intros parfois lourdes, grunge, presque à la Alice In Chains. Les Américains débordent d’énergie et le public le leur rend bien, en enchaînant pogos, circle pits et walls of death. Le set passe du coup très rapidement, et en 45 minutes, Fidlar aura plus que réussi à réveiller les festivaliers.
 

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Setlist
•  Alcohol
•  No Waves
•  Stoke & Broke
•  Drone
•  Can't You See
•  40oz. On Repeat
•  West Coast
•  5 to 9
•  Are You High?
•  Whore
•  Frances Farmer Will Have Her Revenge On Seattle
•  Why Generation
•  Punks
•  Wait For The Man
•  Cheap Beer

 

Nothing But Thieves
Alternative Stage, 15h30
 

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Après les problèmes de balance, l’Alternative Stage laisse place aux problèmes techniques. Le public n’en saura pas plus, mais l’organisation annonce un retard indéterminé. La foule, beaucoup plus compacte, s’impatiente et une bonne partie finit par s’assoir devant la scène. Nohing But Thieves monte finalement sur cette dernière avec une bonne demi-heure de retard – sur un concert d’une heure, le set est sérieusement amputé – mais le public ne lui en tient pas rigueur et s’agite avec entrain.
 

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Les Britanniques pratiquent un rock beaucoup plus mainstream que leurs prédécesseurs – ils ont d’ailleurs quelques succès en radio à leur actif. Le chanteur Conor Mason a une voix intéressante, même si son timbre en rappelle d’autres, c’est honnête et bien fait, mais pas franchement fracassant. Le groupe est assez à l’aise dans les morceaux plus ou moins énervés, un peu post-hardcore, et déploie une belle énergie. Ses ballades en revanche ne sont pas forcément inspirées, et peut-être trop nombreuses pour un set d’une demi-heure.
 

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Le public n’est pas déchaîné comme pour Fidlar mais saute en rythme et reprend en chœur les paroles – les passages en radio ont donc fait leur effet. Le groupe conclut le concert sur "Amsterdam", son plus gros succès, qui provoque le plus d’animation depuis leur apparition. Leur prestation n’aura pas été très mémorable mais s’avère plus qu’honnête pour peu que l’on ne soit pas rétif au rock post-adolescent.
 

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Setlist
• I'm Not Made By Design
• Ban All the Music
• Wake Up Call
• Live Like Animals
• Particles
• Trip Switch
• Sorry
• Amsterdam
 

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Bien tenté... Mais raté !

 

Black Rebel Motorcycle Club
Main Stage 2, 16h30


Sur la Mainstage 2, c’est un groupe plus singulier qui s’apprête à jouer. Les Californiens proposent un rock mêlé de hard et de blues, assez éloigné des productions très grand public. Le groupe joue une musique vénéneuse et envoûtante. À trois, parfois aidés par un quatrième membre sorti de nulle part, les musiciens parviennent à instaurer un climat poisseux qui hypnotise l’auditoire. Celui-ci, au début assez épars, ne cessera d’ailleurs de s’agrandir durant le set.
 

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Pour autant, la musique est loin d’être indolente : si certains morceaux sont planants, d’autres sont très énergiques et mériteraient de faire se déhancher les foules. Peter Hayes et Robert Turner, qui se partagent le chant et échangent régulièrement guitares, basses et claviers, ont un jeu assez puissant, gras et lourd, qui donne parfois l’impression de se balader dans le bayou. La batteuse Leah Shapiro, plus en retrait, accompagne parfaitement l’ensemble. Les trois musiciens affichent un savant mélange d’implication et de nonchalance ; seul Peter Hayes en fait peut-être trop avec sa clope au bec – cela ne lui donne pas l’air plus intelligent que Johnny Depp au Hellfest, et il apporte plus musicalement quand il se sert de son harmonica.
 

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Des chansons comme "Little Things Gone Wild" allient des arrangements très rock sudistes à une mélodie entêtante beaucoup plus pop, qui donne un rock authentique et dénué de complaisance, qu’on a tout de même une envie irrépressible de chanter à tue-tête. D’autres, comme "King of Bones", "Berlin" ou "Six Barrel Shotgun", semblent créées pour faire se déhancher les foules, mais sans fioritures et se formater pour autant – comme quoi, on peut encore faire danser une fosse sans se baser sur des boucles d’électronique. Même les ballades prennent corps, comme ce "Awake" organique, poisseux à souhait, qui semble à la fois aérien et extrêmement terrien.
 

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Si le public apprécie le concert, que certains spectateurs sautillent allègrement le long des morceaux,  et qu’un petit pogo voit le jour, le groupe n’a peut-être pas l’accueil qu’il mérite, la fosse restant relativement sage. Cela n’empêche pas Robert Turner de finir la dernière chanson, "What Happened to My Rock’n’roll (Punk Songs)" au contact du public aux barrières. Mais Black Rebel Motorcycle Club aurait certainement bénéficié d’un set au crépuscule, pour mieux faire ressortir l’ambiance moite et souterraine des compositions.
 

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Setlist
•  Little Thing Gone Wild
•  King of Bones
•  Beat the Devil's Tattoo
•  Ain't No Easy Way
•  Berlin
•  Conscience Killer
•  Stop
•  Spook
•  Awake
•  Six Barrel Shotgun
•  Spread Your Love
•  Whatever Happened to My Rock 'n' Roll (Punk Song)

 

Bomba Estereo
Alternative Stage, 17h30

 

 

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Changement radical d’ambiance sur l’Alternative Stage. Lollapalooza reste un festival généraliste, et au milieu des groupes assez balisés de pop, rock, hip-hop ou electro, les spectateurs curieux peuvent trouver des ovnis comme Bomba Estereo.
 

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Les Colombiens offrent un mélange assez incongru d’electro, de hip-hop et de pop mêlés à quelques éléments de musique traditionnelle sud-américaine, notamment la cumbia, qui fait la part belle aux percussions ; ils semblent même par moments se rapprocher du zouk. Un mélange détonnant qui sied parfaitement à un samedi après-midi en plein mois de juillet : le groupe propose des morceaux très rythmiques, ultra dansants, aux refrains entêtants. Le genre de tube parfait pour sauter les bras en l’air en beuglant les paroles pour ceux qui ont quelques notions d’espagnol – le groupe étant l’un des seuls de tout le festival à chanter le plus souvent dans une autre langue que l’anglais ou le français.
 

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Formule appliquée par un certain nombre d’adeptes de  Bomba Estereo, qui, depuis la fosse bien remplie dès le début du show, répètent avec enthousiasme les paroles. Pour les autres, néophytes, les chansons se prêtent on ne peut mieux à une soirée en boite avant l’heure, et en plein soleil, le cocktail idéal pour se déhancher et frimer sur la piste tout en refaisant son bronzage -  essayeez de résister à "Soy Yo" ou à "Fuego" si vous le pouvez.
 

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Musicalement, il faut reconnaître que ce n’est pas extrêmement élaboré : ce n’est pas là que le public entendra des soli de malade ou des harmonies complexes, et les musiciens donnent l’impression de ne pas avoir à beaucoup se concentrer pour jouer leurs partitions – le percussionniste Francisco Pacho Carnaval arrive souvent à jouer à deux doigts tout en faisant l’animation. Mais le quintette possède une vraie présence scénique, et arrive à faire d’éléments assez basiques un résultat au final original musicalement, et marquant visuellement. Il faut dire que les fruits en plastique disséminés sur la scène renforcent l’ambiance de vacances, et semblent en parfaite harmonie avec les tee-shirts et shorts à fleurs des musiciens, et la robe jaune canari de la chanteuse Li Saumet – le groupe voue vraisemblablement un véritable culte aux ananas. Par chance, nous en sommes encore à l’heure où les photos sont autorisées, ce qui permet mettre en valeur comme il se doit l’univers visuel loufoque des Sud-américains.
 

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Surtout, les musiciens ont l’air de se faire autant plaisir à eux qu’au public. Le percussionniste passe la moitié du concert à se déhancher et à prendre des poses suggestives dans son short moulant, tandis que la chanteuse galvanise le public et arpente la scène d’un bout à l’autre. Les musiciens finissent même allongés au sol pour faire asseoir le public – tout en continuant à jouer ! – avant l’explosion finale. Même si ce n’est pas forcément le type de musique que vous écoutez en boucle, l’abattage des musiciens et leur énergie communicative valaient assurément le déplacement.
 

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Bastille
Main Stage 2, 18h30

 

Retour vers des sentiers nettement plus balisés avec Bastille sur la Main Stage 2. Le groupe s’est fait connaître avec une pop efficace et pas désagréable mais assez gentillette, et la question se pose donc de savoir si leur musique prend un peu plus de consistance en live.
 

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Et la réponse n’est pas franchement positive. Les Londonniens entrent en scène sur "Good Grief", un morceau très pop FM, globalement dépourvue de relief. Dans l'ensemble, le groupe reste sur ce registre très pop, qui reste aussi lisse sur scène qu’en studio. Ce qu’il fait n’est pas désagréable, et il faut lui reconnaître qu’il le fait plutôt bien, mais faute de prise de risque dans les mélodies ou d’arrangements qui sortent de l’ordinaire, les grands refrains et les chœurs à base de "ohohoh" ne marquent pas franchement les esprits.
 

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Certains morceaux se démarquent un peu, que ce soit par une basse un peu plus puissante ("Blame"), une batterie plus saccadée ("Icarus"), un semblant de rythme tirant vers le reggae ("Bad Blood"), mais cela reste assez timide. Le groupe offre même une reprise de "Rythm of The Night", du groupe d’eurodance italien Corona, mais si le début acoustique est assez intéressant, le reste de la chanson ne brille pas par son originalité.
 

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Le public semble en tous cas convaincu et s’agite joyeusement. Le chanteur Dan Smith communique d’ailleurs régulièrement avec lui, que ce soit en anglais ou en français – même s’il s’excuse dès le début du concert : "Nous sommes Bastille. Je suis désolé mon français est merdique". Ce qui ne l’empêchera pas de féliciter dans la langue de Molière la France pour sa victoire à la Coupe du Monde de Foot – entraînant un chant de victoire dans le public. Il passera d’ailleurs les crash barrières pour aller chanter une partie de "Flaws" dans la foule.
 

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Le show s’achève avec le plus gros succès du groupe, "Pompeii", qui permet au plus grand nombre de reprendre le refrain en chœur. Si la musique du groupe est tout à fait agréable pour ceux qui veulent se poser dans l’herbe entre deux concerts plus vigoureux, sa prestation n’aura probablement pas vraiment marqué les esprits en dehors des fans purs et durs.
 

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Encore raté !


Setlist
•  Good Grief
•  Blame
•  Icarus
•  Bad Blood
•  These Streets
•  Of the Night
•  Laura Palmer
•  Things We Lost in the Fire
•  Warmth
•  World Gone Mad
•  Send Them Off!
•  Flaws
•  Quarter Past Midnight
•  Pompeii

 

Kasabian
Main Stage 1, 19h30

     
Les choses deviennent plus sérieuses sur la Mainstage 1 avec l’arrivée de Kasabian. Le groupe, réputé pour ses performances, est en plein milieu d’une tournée estivale, son dernier album sous le bras, le mitigé For Crying Out Loud.

Plusieurs musiques de grands studios de cinéma se succèdent, et c’est finalement sur celle de la Twentieth Century Fox que le groupe monte sur scène, montrant ainsi que les Anglais ont donc toujours autant le sens de l’humilité, pour ceux qui en douteraient.

Tous les musiciens sont en noir et blanc, mis à part le guitariste et chanteur secondaire Sergio Pizzorno, qui arbore un poncho orange du plus bel effet, mais vous ne le verrez malheureusement pas ici, la production ayant interdit à tous les photographes l’accès au concert…
 

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Malgré leur accoutrement haut en couleur, ces personnes ne sont a priori pas Sergio Pizzorno


Le groupe attaque sur "Ill Ray (The King)", issue de Crying Out Loud. Pour un set d’une heure, Kasabian a choisi de limiter les extraits de son dernier album aux trois chansons les plus percutantes, pour pouvoir jouer au moins un titre de chacun de se six albums et bien lui en a pris. Le morceau montre tout de suite que les Anglais sont en grande forme ce soir. L’indie electro rock du groupe n’a jamais mieux fonctionné que sur scène, et effectivement, les musiciens sont un concentré d’énergie au service de morceaux ultra accrocheurs, qu’ils soient complètement barrés ou plus lisses.

Les deux meneurs attirent évidemment tous les regards. Tom Meighan arpente la scène comme s’il était en terrain conquis, tel un monarque visitant ses terres, et harangue régulièrement le public en anglais et en français. Sergio Pizzorno est plus statique, ce qui ne l’empêche pas de sauter sur place, cramponné à sa guitare ou son clavier. Les deux leaders sont parfaitement complémentaires vocalement comme scéniquement, et même si Meighan s’essouffle un peu par moments, l’énergie ne faiblit jamais. Il y a une réelle connivence entre ces deux-là, et l’on voit Meighan s’amuser à aller tripoter les cheveux de Pizzorno sur "Bless this Acid House" ou les deux compères glousser ensemble sur "You’rein Love with a Psycho".
 

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En dépit d'une enquête assidue, La Grosse Radio n'a pas retrouvé le poncho de Sergio Pizzorno. Elle vous propose donc le caleçon assorti. Crédit : Pixabay


S’ils occupent beaucoup d’espace, les autres musiciens ne pas en reste. Chris Edwards à la basse et Ian Matthews à la batterie assurent sans faillir les rythmes syncopés du groupe, et les deux musiciens additionnels Ben Kealey au clavier et Tim Carter à la guitare sont tout à fait intégrés au groupe. Seul le trio de cuivre n’est pas d’un accord incontestable sur scène. Tous en tous cas sont visiblement ravis d’être sur scène : les gars de Leicester sont ici dans leur élément, et même chez les moins expressifs, le plaisir de jouer est bien palpable.

Et le public est dans le même état d’esprit, en tous cas dans les trente premiers rangs : les spectateurs sautent dans tous les sens, un pogo se forme très rapidement, mais c’est un pogo de type extrêmement jovial plus qu’un affrontement musclé où les gens sont venus pour en découdre – exception faite de certains endroits où des fans de Kasabian qui ont traversé la Manche remuent leur corpulence bovine et leurs coups de soleil de façon plus virulente. Dans tous les cas, c’est un buffet à volonté de sable et de poussière !
 

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Les jets d'eau installés au centre du festival, indispensables pour retrouver un semblant de dignité après le concert des Anglais


Passés les quarante premiers rangs, l’ambiance retombe, les spectateurs là-bas s’étant visiblement déjà positionnés pour Depeche Mode deux heures plus tard. Mais globalement, le groupe a des vertus très euphorisantes : tout le monde affiche un sourire extatique sur scène comme devant, et des morceaux comme "Eez-Eh", "Club Foot" ou "Empire" galvanisent la foule, tandis que les compositions plus psychédéliques comme "Switchblades Smiles", "I.D". ou "L.S.F". transportent la fosse dans une transe toujours pogotante.

Mais Kasabian, ce n’est pas que du rock, c’est aussi du foot, et si les maillots de l’équipe d’Angleterre et du Leicester Union Football Club se repèrent aisément, le groupe, fair play, n’oublie pas de dédier "Switchblades Smiles" à l’Equipe de France et à N’Golo Kanté en particulier – il faut dire qu’il a joué avec Leicester l’année où l’équipe a remporté le championnat d’Angleterre.
 

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Avec son maillot de foot de l'équipe de la Real Sociedad, on parie que ce jeune homme est allé voir Kasabian (dans tous les cas, on valide l'éléphant rose de son copain)


Le concert s’achève au bout d’une heure. Probablement trop tôt pour les pogoteurs qui auraient pu continuer sur leur lancée, oubliant le déluge de poussière. Kasabian laisse derrière lui une foule qui en redemande encore, exténuée mais extatique.

Setlist
•  Ill Ray (The King)
•  Underdog
•  Club Foot
•  Eez-Eh
•  You're in Love With a Psycho
•  I.D.
•  Empire
•  Bless This Acid House
•  Switchblade Smiles
•  L.S.F. (Lost Souls Forever)
•  Vlad the Impaler
•  Fire

 

Depeche Mode
Main Stage 1, 21h50


C’est aux vétérans britanniques qu’il revient de clore ce premier jour de festival – le groupe fêtera l’an prochain ses quarante ans d’existence. La foule est massive ce soir, alors que le jour commence lentement à décliner. Le public s’impatiente gentiment en reprenant "Revolution", des Beatles, diffusé avant le début du concert.

Le groupe entre en scène au son de l’instrumental "Cover Me (Alt Out)", qui impose dès le début l’ambiance indus / new wave propre à la formation. Outre les historiques Dave Gahan au chant, Martin Gore à la guitare électrique et aux chœurs, et Andrew Fletcher à la basse, le groupe s’enrichit sur scène de Christian Eigner à la batterie et Peter Gordeno à la guitare et la basse, tout ce monde passant également à tour de rôle aux claviers, instrument emblématique de Depeche Mode.
 

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Ceci n'est absolument pas Dave Gahan. Mais vous l'aviez sûrement deviné.


Durant 1h40, le groupe va démontrer qu’il n’a rien perdu de sa superbe. Tous les musiciens jouent leur partition avec précision. Les Anglais mettent les points sur les i dès le premier morceau, avec un "Going Backwards" impressionnant. La chanson, issue du dernier album en date du groupe, Spirits, pose une ambiance sombre et post-industrielle, électronique, puissante, et presque liturgique. Les claviers de Gore et consorts ne sont pas étrangers à cette ambiance, mais c’est bien Dave Gahan qui magnétise le morceau et l’assistance. Le frontman à la voix grave et profonde assure le chant à la perfection tout en électrisant la scène.

Le chanteur semble n’exister que pour ses chansons, oubliant tout ce qui l’entoure, et plonge le public dans des ambiances sombres. Sa façon de se mouvoir, si caractéristique, hypnotise l’assemblée. Ses poses suggestives – voire carrément explicites, qui seraient ridicules chez beaucoup d’autres, sont chez lui à la fois naturelles et troublantes. Gahan pourrait être l’alliance ultime entre un performeur de cabaret et un danseur classique. Il parle peu, et toujours en anglais, mais sa façon d’arpenter la scène en se déhanchant est suffisante pour provoquer des réactions du public.
 

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A défaut des têtes d'affiche, il était possible de photographier les restaurateurs


Difficile de rivaliser niveau charisme, mais les autres musiciens ne manquent pas non plus de présence. Entre le clavier et les cordes, ils assurent aussi bien les ambiances sombres, mélancoliques voire dépressives que les morceaux plus rock, tels "A Pain that I’m Used to".

Le guitariste Martin Gore a même droit à son moment de gloire en interprétant "Somebody". Mais difficile de voler la vedette à Gahan : si la ballade au piano n’est pas désagréable, elle est tout de même anecdotique dans la discographie du groupe, et le guitariste n’arrive pas la cheville de son chanteur en termes d’interprétation, ce qui fait que ce passage casse le rythme du concert plus qu’autre chose.

Excepté ce morceau dispensable, la setlist est pourtant très bien choisie. Elle ressemble à un énorme best-of, le groupe ne jouant que deux titres de son dernier album, et traversant toutes ses époques, avec une dizaine d’albums représentés. Les tubes se succèdent : "Precious", "World in My Eyes", "Personal Jesus", "Enjoy the Silence"… Le groupe a véritablement marqué ces quatre dernières décennies. Mention spéciale à "Never Let Me down again", dont une version magnifique et chargée d’émotion est jouée juste avant le rappel.

La mise en scène est au niveau de l’ambiance musicale offerte par le groupe. Les lumières laissent la scène dans une certaine obscurité, la scénographie vidéo accompagne très bien la musique et la réalisation fait preuve d’une certaine inventivité. Mais n’espérez pas en voir des images, l’accès des photographes ayant une fois de plus été restreint…
 

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Cette déconvenue photographique ne doit pas empêcher de boire à la santé de Depeche Mode


La seule faute de goût des Britanniques intervient peut-être avec "Just Can’t Get Enough", joué à la toute fin. C’est certes la chanson qui les a fait connaître, mais le groupe a depuis tellement évolué en termes de registre et de composition qu’elle paraît fade et un peu artificielle comparé au reste du show. A cette réserve près, Depeche Mode aura livré ce soir une excellente performance.
 

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La mini Tour Eiffel du festival en émoi après la performance de Depeche Mode


Setlist
•  Going Backwards
•  It's No Good
•  A Pain That I'm Used To
•  Precious
•  World in My Eyes
•  Cover Me
•  Somebody  (chanté par Martin Gore)
•  In Your Room
•  Everything Counts
•  Stripped
•  Personal Jesus
•  Never Let Me Down Again
Rappel
•  Walking in My Shoes
•  Enjoy the Silence
•  Just Can't Get Enough

Photos : Arnaud Dionisio. Reproduction interdite sans l'autorisation du photographe
 



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