Idiot Saint Crazy Orchestra pour le Crossroads Festival de Roubaix (12-15/09/18)

A l'occasion du Crossroads Festival de Roubaix qui se tiendra du 12 au 15 septembre, nous nous sommes entretenus avec 14 groupes rock qui y seront présents. L'occasion de faire connaissance et d'aller les voir sur scène à la Condition Publique. Aujourd'hui Idiot Saint Crazy Orchestra, le projet de Valentin Carette, guitariste et compositeur de Dunkerque, est un groupe masqué étrange, qui distille un rock symphonique, mystique voire progressif.

Infos pour Idiot Saint Crazy Orchestra au Crossroads ici sur le site du festival.

1/ Quel festival auriez-vous aimé faire cette année (pour sa prog' ou pour le trip) ?

Aucun, je ne supporte pas de payer une place 100 euros pour regarder un écran géant, devoir faire la queue pour une bière dégueulasse coupée à l'eau et me rendre compte que, si je veux en boire une autre, il ne me reste qu'un ticket et qu'en plus, j'ai faim et que le plat indien à base de beignet de choux au curry que j'ai envie de manger va me coûter encore 7 tickets et que les plaquettes n'en font que 6, et de devoir me taper une armée de zombies qui n'a que faire de la musique ou des programmateurs qui viennent pour poser. Ha ha ha ! Ha ha ha ?
J'aime bien les petits festivals de campagne perdus dans la montagne, ou les petits trucs à taille humaine, je vieillis...
Il m'arrive d'aller dans des gros festoches pour écouter Mike Patton ou Portishead car ils jouent pas beaucoup dans le coin, mais j'essaie d'éviter.
Ceci dit, j'aimerais qu'on joue au Supersonic Festival à Birmingham ou au Sonic Protest, ou dans ce genres de festivals qui, même s'ils paraissent branchouille, prennent des responsabilités artistiques. 

2/ Si vous étiez programmateur, quel groupe n'auriez-vous pas programmé cette année en festival ?

Mon dieu... Je viens de parcourir des listes de groupes qui ont joué en festival cet été, et je ne saurais lequel choisir...
J'adore bitcher mais pas dans le vent.  

3/ Quel groupe vous donne des frissons en concert ?

J'ai vu Gaspar Claus (violoncelle solo) dans un parcours secret de la Bonne Aventure (ah, tiens un festoche) dans une église désacralisée, à Dunkerque, et j'ai chialé : ça m'arrive quasiment jamais, c'était prodigieux, magnifique, maitrisé, ressenti... Il jouait sur un violoncelle des années 1800 quelquechose et j'étais à deux centimètres de la caisse de résonance, et, c'est comme s'il m'avait fait entendre les autres violoncellistes qui avaient joué sur cet instrument mais aussi fait ressentir les émotions du public qui avaient traversé le temps. Son approche était à la fois classique et expérimentale et son utilisation de l'amplification surprenante et déroutante. Je conseille à tout le monde de voir ça. C'est comme si Tom Cora (mon violoncelliste favori) était réapparu devant moi.
L'avant dernière fois que j'ai eu des frissons, ça devait être devant Iva Bittová et/puis Tanya Taqaq au 4AD de Diksmuide (les Belges sont toujours un cran au dessus pour programmer des trucs exigeants et faire que le contexte soit détendu et accessible à tous).
Marc Ribot et Fred Frith m'ont donné pas mal de frissons au fil des années aussi, toutes les formations de John Zorn aussi, Fantômas, Secret Chiefs 3, Sleepytime Gorilla Museum étaient/sont des groupes incroyables à voir en live. 

4/ Qu'est-ce qui pourrait vous faire devenir populaire ?

Jouer au Crossroads Festival

5/ Souhaitez-vous être populaire ?

À partir du moment où l'on a assez d'ego pour monter sur une scène ou faire des disques, c'est donc qu'on est un peu convaincu qu'on a quelque chose à dire (aussi prétentieux que ce soit et malgré des périodes de doutes affreuses) donc, quelque chose à donner. J'aime bien, quand je fais un cadeau, qu'il soit accepté avec joie et enthousiasme, donc oui, on souhaiterait être populaire mais pas à n'importe quel prix et on a bien conscience que la non linéarité de nos choix musicaux ne va pas dans le sens d'un produit digeste.
C'est une question intéressante car ISCO est très influencé par The Residents, à la fois visuellement mais aussi dans une réflexion plus globale sur la musique. The Residents est l'ultime groupe de Pop mais celui qui se trouve de l'autre côté de la réalité, comme dans Stanger Things. Ils ont une relation amour/haine avec la pop et utilisent parfois les mêmes formats mais avec des sonorités, des textes et des voix très étranges. J'aime beaucoup leur démarche d'Art Total même si j'aime moins leur musique aujourd'hui (le dernier album que j'aime vraiment est "Animal Lover" et mon préféré "Duck Stab/Buster Glenn", pour vous faire une idée d'à quel point ils étaient déjà allé très loin dans les 60's/70's).
Toujours est il qu'ISCO a cet espèce de Trisophrénie, la légèreté et la gravité sont souvent servies sur un même plat.  

6/ Qu'est-ce que vous devriez changer dans votre groupe ?

Rien, sinon on le ferait (rire) 

7/ Quels sont vos plus belles et vos pires paroles ?

(très peu de texte dans ISCO)

Les plus belles "Take me to sea of Paradise"
Les pires "Every morning i just want to pee, poo, puke

8/ Qu'est-ce qui vous gave en concert ?

Les gens bloqués sur leur téléphone, classique. 

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9/ Comment prenez-vous votre pied en concert ?

J'attends d'un concert qu'il cesse de faire communiquer mon corps et mon esprit pour arriver à un état de transe et de sentimentalité profonds. Autant dire que ça n'arrive pas si souvent... 

10/ Que changeriez-vous à l'industrie musicale ?

Je sais pas si quand on parle d'industrie, on peut dissocier la musique du reste. C'est un vieux débat, il y a beaucoup à dire.
Si je voulais changer les comportements de consommation de la musique, je devrais m'attaquer globalement aux comportements de consommation.
Peut être qu'une belle paire de Nike rend aussi heureux qu'un bon titre bien produit...
C'est toujours délicat de juger en terme de Mainstream et d'Underground comme si le fait d'être d'un côté ou de l'autre n'était qu'une question d'argent.
On sait tous que des producteurs font de la musique au kilomètre en espérant faire du chiffre et que des musiciens, comme ceux d'ISCO d'ailleurs, travaillent un peu beaucoup pour la gloire de l'Art.
Il faut donc faire attention à tous nos comportements de consommation, et achetez nos disques BORDEL ! (rire) J’arrêterais là sur ce sujet. 



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