Madame Robert, Comme De Niro. L'album est fumant, prêt à sortir du magasin, après un an et demi d'attente. Autant dire que les Roberts étaient impatients, lorsque La Grosse Radio a rencontré Julien (guitariste), Léa (claviers) et Stef (basse), quelques jours seulement avant le jour J.
L'album a été enregistré il y a un an et demi. Il sort seulement maintenant. C'est pas un peu frustrant, toute cette attente?
Stef:
Si, un peu quand même. On espérait le sortir plus vite. Mais après l'enregistrement, on voulait un label, on voulait un tourneur, on voulait le sortir dans de bonnes conditions. Et tout ça ça ne se fait pas malheureusement aussi rapidement qu'on l'aurait voulu. Une fois qu'on a trouvé le label et le tourneur, il a falu qu'on monte notre boîte de prod' aussi. On est producteur de l'album. Ca aussi ça prend du temps.
Julien:
Le temps de prendre le temps de bien faire les choses, en rapport aussi avec les gens avec qui on travaille, leur planning, et tout ce qui s'ensuit.
Léa:
Et puis aussi le temps de trouver un super endroit pour faire la sortie de l'album! Grâce au tourneur 3C, on pourra aller à la Boule Noire, très belle salle!
Julien:
Ca nous a permis aussi de sortir l'album avec une actualité, des concerts à venir, en octobre, novembre, et après. C'est bien qu'on ait des choses à annoncer en plus de la sortie de l'album. Les gens vont l'écouter, mais si tout va bien ils auront aussi envie de venir nous voir en concert, et on pourra donc leur proposer des dates assez rapidement.
Stef:
C'est de la musique vivante. Tu as pu nous voir à notre tout premier concert, à l'O Gib à Montreuil, c'est une musique de scène. L'abum sort, on a déjà une bonne dizaine de dates, et il y a pas mal de dates aussi pour 2019, avec des festivals, des choses comme ça... Ca va aussi être annoncé prochainement.
Léa:
Et puis on a profité de ce temps pour faire quelques concerts, pour nous roder.
Depuis l'enregistrement, et depuis ces premiers concerts, est-ce que Madame Robert a évolué?
Stef:
On a composé des nouvelles chansons depuis, qu'on a essayé sur scène. Des nouveaux titres, avec des univers un peu différents parfois.
Léa:
C'est toujours du Madame Robert, mais on a essayé d'ouvrir d'autres portes aussi.
Julien:
On s'est rendu compte que, à chaque fois qu'on était ensemble, que ce soit pour un concert ou une répète, on avait des choses à dire, des choses à partager. Ca nous a amenés sur des nouvelles chansons... Je n'irai pas jusqu'à dire de nouveaux univers, parce que l'univers de Madame Robert, le son de Madame Robert, c'est ce qu'on a créé dès le départ. On s'est amusé parfois à faire quelques reprises, mais à la fin ça sonne toujours Madame Robert.
Comment vous parleriez de ce son, le son Madame Robert?
Julien:
A la base, c'est un son fait de la patte que chacun a apporté. Ce sont des pièces de puzzle qui correspondent, qui matchent. Le son est plus né comme ça qu'en se disant "tiens on va essayer ci ou ça". On ne s'est pas posé la question. Pour ma part j'ai un côté très blues, en plus de la soul du Rythm'n'Blues, du Rock'n'Roll, donc je vais apporter cette patte-là. Stef va apporter autre chose, Léa aussi, Xa aussi, Reno aussi, et c'est ça qui a fait Mme Robert. Ce qui est intéressant aussi ce sont les textes de Reno, qui apportent cette modernité, qui est très importante. On ne s'adresse pas qu'à des sexagénaires... Il faut parler aussi à un public plus jeune, avec leurs codes, et Reno a super bien fait le taf sur cet aspect-là.
Stef:
On ne s'est pas vraiment posé la question de savoir quelle musique on allait faire. On savait qu'on voulait aller vers le Rythm'n'Blues, mais on ne savait pas quel son on voulait. On voulait que ça groove, que ça danse, que ce soit fun, festif, dans le sens un peu joyeux... Sur scène, on a eu des publics très différents. On a eu des publics très rock, qui venaient voir le chanteur de Lofo et les anciens de Parabellum, et puis on a eu aussi des publics qui étaient là complètement par hasard, qui ont vu une affiche avec Rythm'n'Blues dessus, avec une filiation Nino Ferrer et Dutronc, un public justement plus sexagénaire, et qui était vraiment conquis.
L'idée de Madame Robert a germée au sein du Bal des Enragés, entre Stef, Reuno et Xa. Julien, Léa, comment êtes-vous arrivés dans le projet?
Julien:
Stef et moi faisons de la musique ensemble depuis une bonne dizaine d'années. On avait partagé plusieurs projets, dont un projet Blues, qui s'appelle le Harvest Blues Band. On s'éclate, on a cette musique en commun. Stef connaissait aussi mon amour pour le Rock'n'Roll, et c'est comme ça qu'on a commencé à se fricoter avec Reuno, via le Bal des Enragés.
Stef:
Xa avait fait des remplacements, il avait joué dans le Harvest Blues Band. Il avait fait la connaissance de Julien comme ça. Moi je le connaissais déjà, ça date d'avant Parabellum notre histoire, Xa et moi. C'est vrai que quand l'idée a germé de monter un groupe avec Reuno, quand on a commencé à en parler tous les deux, la première personne qui m'est venue à l'esprit pour tenir
la guitare, c'est Julien. Je travaillais déjà avec lui, je connaissais sa qualité de jeu, et c'est venu comme ça. Xa, je savais qu'il allait être intéressé, et puis c'est le batteur qu'il faut pour ce projet. Niveau groove, c'est le meilleur. Niveau conneries aussi, mais c'est une autre histoire (rires).
Julien:
C'est là aussi que je me suis rendu compte que Reuno avait ce gros côté rythm'n'Blues, Soul, Blues, cette musique vintage colorée... J'étais un peu surpris lors de nos premières discussions sur cette musique, je ne m'attendais pas à ça de prime abord. Et comme on avait ça en commun tous les deux, ça a matché assez vite. On a commencé à monter l'équipe, à faire quelques essais. On s'est vite rendu compte qu'il nous manquait quelque chose, ou plutôt quelqu'un.
Léa:
J'étais bien tranquille de mon côté. Julien m'a appelé, et je ne connaissais pas trop Lofofora, un peu Parabellum... Je viens de la musique classique. J'ai passé mon prix, puis après j'ai fait du Rock, du Blues...
Stef:
En même temps, on ne cherchait pas quelqu'un qui venait du Punk.
Léa:
Julien m'a envoyé quelques titres, j'ai passé une audition, j'ai bossé à fond, parce que ça me plaisait bien, et puis voilà.
Parlons de quelques influences... Si on vous dit Bo Diddley?
Léa:
Bo Diddley, c'est "Papa Legba"! C'est la danse! Il y a un morceau de l'album qui s'appelle "Papa Legba", mais avant qu'il n'ait un nom on l'appelait le Bo Doddley.
Julien:
Dans ce morceau, il y a la référence, le rythme typique que Bo Diddley utilisait sur des tonnes de morceaux.
Si on vous dit Aretha Franklin?
Julien:
La reine!
Stef:
Il n'y a malheureusement plus grand chose à dire sur elle... Une voix exceptionnelle. Moi qui ait beaucoup joué dans des groupes de reprises, on a souvent joué du Aretha Franklin, je connais très très peu de chanteuses qui soient capables de chanter du Aretha Franklin, ne serait-ce que à cause de la tonalité. On est toujours obligé de transposer les chansons, c'était une voix incroyable. Elle n'a pas été la reine de la soul pendant 50 ans par hasard. Grand respect.
Si on vous dit Nino Ferrer?
Julien:
Nino Ferrer, c'est un personnage qui nous colle beaucoup à la peau. On l'a pris un peu comme référence, comme exemple, parce qu'il faut toujours essayer de décrire la musique que tu fais, et que finalement on a un peu cherché ce qui ressemble, ou ce qui a ressemblé le plus, en France, à l'idéal musical qu'on avait autour de ce projet. Et on en est venu à Nino Ferrer, ça a été une évidence.
Quand on a démarré le projet, on n'a pas pu sortir de musique, en attendant la sortie de l'album. Il fallait donc expliquer un peu ce qu'on faisait. La meilleure façon de faire, c'est de prendre des références, des artistes, à qui on pourrait se référer. Mais je ne pense pas qu'on ressemble à Nino Ferrer, pas plus qu'à un autre, ni moins. Je trouve qu'on a fait un truc original. Je trouve que notre univers va au-delà.
Stef:
On n'a pas appelé le groupe Madame Robert par hasard. C'est un super titre de Nino Ferrer, avec un son énorme... Mais on a beaucoup d'autres références. Il y a du Dutronc parfois, du Bashung dans certaines ambiances... C'est vrai qu'on aime bien la chanson française des années 60-70, même 80 pour Bashung... Ca aurait pu être Brel ou Brassens, mais non, nous on est plus influencé par cette chanson.
James Brown?
Léa:
C'est le show! Reuno a d'ailleurs un petit truc de James Brown, dans ses pas sur scène.. Et puis la Soul, les rythmes, le groupe...
Julien:
James Brown, c'est vivre le truc jusqu'au bout des os.
Stef:
Reuno est un grand fan de Soul. J'ai découvert ça sur les afters du Bal des Enragés, c'était lui qui faisait le DJ. On se retrouvait à 15, 20, 30 dans les grandes loges du Bal, et à chaque fois il passait de la Soul, du vieux Rythm'n'Blues garage, c'est un fan de cette musique. Je crois qu'il est vraiment heureux aujourd'hui d'en faire, d'en chanter. C'est une nouvelle façon d'écrire, une expérience nouvelle.
Une expérience nouvelle aussi de s'entendre chanter... Il le dit aussi avec le dernier album de Lofo, c'est nouveau pour lui d'écrire en sachant que les textes ne vont pas être noyés dans un mur de guitare. Lofo, c'est une énergie énorme. Et là, aussi bien dans l'album acoustique de Lofo que avec Madame Robert, il touche quelque chose qu'il avait envie de faire depuis des années. Il redécouvre sa voix.
Julien:
Oui complètement, il a cette voix auquelle on ne s'attendait pas quand on a monté le projet, ce côté crooner. Et même lui a été surpris de voir à quel point il pouvait aller dans ce registre-là, et de voir que ça l'a piqué, que ça le pousse à chercher des mélodies plus costaud, une façon différente de faire de la musique.
Keith Richards?
Julien:
Ca fait partie des guitaristes qui font que je suis guitariste, que c'est mon métier, et que humainement aussi je suis ce que je suis. Ce n'est pas le seul, mais quand même. C'est aussi le guitariste qui m'a emmené au Blues, au Rythm'n'Blues, à Aretha Franklin, à Chuck Berry. Un très gros point de départ dans ma vie.
Comme De Niro, l'album de Madame Robert, sort le 7 septembre chez (at)Home.
Toutes les informations sur le site du groupe, ici.