Neuvième album pour les Britanniques de The Coral. Le groupe, formé en 1996 et popularisé dans les années 2000, a connu le succès en début de carrière, estampillé revival britpop et adoubé par Noel Gallagher lui-même, avant que la hype ne s’estompe. Capable du meilleur comme du correct sans plus, le groupe entend montrer qu’il n’a pas perdu son sens des arrangements subtils et des mélodies imparables.
Si The Coral n’a jamais déchaîné les foules de ce côté-ci de la Manche, le groupe a été un des fers de lance de l’indie-rock britannique des années 2000. Plus confidentiels que d’autres compatriotes, les six puis cinq garçons de Liverpool ont continué de sortir des albums avec une certaine régularité, à l’exception d’un hiatus entre 2010 et 2014. Si le groupe n’est jamais vraiment mauvais, il est parfois en dent de scie et pond des morceaux folk-rock assez anecdotiques dans quasiment chacun de ses albums, à l’exception peut-être du sous-estimé Butterfly House.
Avec ce neuvième album, les Anglais visent le haut du panier, même s’ils n’atteignent pas le génie de certaines de leurs compositions passées. Le rock est un peu en sourdine cette fois, en tous cas moins brut que par ailleurs, et l’aspect psyché, qui les caractérise habituellement, plus léger. Le groupe opère un virage pop, si commun ces derniers temps, et met en avant ses influences folks, mais cela n’est pas un aveu d’échec, bien au contraire, car les arrangements organiques permettent de révéler l’art typiquement britpopien de la mélodie que The Coral maîtrise tellement bien.
Move From The Dawn commence par deux morceaux efficaces, jolis et entêtants mais pas mémorables, l’un dans le genre ballade – "Eyes Like Pearl" – l’autre plus mid-tempo – "Reaching out for a Friend". Les arrangements sont légers, les guitares mélodiques, les claviers bien dosés, et les cordes apportent une touche de romantisme sans sombrer dans la guimauve. Jolie mise en bouche, mais on attend quelque chose de plus consistant.
Avec "Sweet Release", les Liverpuldiens montrent une facette plus dynamique, avec des guitares qui ont ce je ne sais quoi de british, aux réminiscences psyché, et un chant rapide et animé. Une fois de plus, ce n’est pas révolutionnaire, mais les guitares et les chœurs font de "Sweet Release" un morceau imparable.
Le groupe retourne ensuite à la ballade avec "She’s a Runaway", une véritable pépite : les harmonies subtiles des différentes voix, les guitares bien présentes sans phagocyter le morceau, la mélodie élaborée mais accrocheuse, rien n’est à jeter dans ce titre doucement mélancolique.
Le groupe a décidément mis l’accent sur les ballades dans cet opus. Si elles n’atteignent pas toutes le brio de "She’s a Runaway", elles possèdent (presque) toutes un charme addictif et une émotion sourde, qui nous plonge dans une nostalgie douce-amère : "Strangers in the Hollow" et ses cordes sentimentales, le très folk "Eyes of the Moon", subtilement déchirant, "Undercover of the Night", très beau morceau dont les accents rappellent Springsteen ou The Gaslight Anthem, ou encore "Stormbreaker", qui évoque Simon and Garfunkel. Seule "After the Fair" est clairement en dessous des autres et s’avère assez plate – manque de bol, il s’agit du titre de clôture.
Les protégés de Noel Gallagher offrent également quelques morceaux plus mid-tempo, qui réussissent à être travaillés tout en étant accrocheurs : "Love or Solution" et sa pop anglaise bien troussée, ou "Outside My Window", qui allie arrangements britanniques et harmonies de pop californienne des années 70.
The Coral rassurera ses fans avec cet opus : leur sens de la mélodie, des harmonies et des arrangements est intact. Certes, les Britanniques ne réinventent pas la roue. Mais ils la font tourner avec tellement de grâce qu’il est difficile de résister à l’envie de la faire tourner avec eux.
Tracklist :
Eyes Like Pearls
Reaching Out For A Friend
Sweet Release
She's A Runaway
Strangers In The Hollow
Love Or Solution
Eyes Of The Moon
Undercover Of The Night
Outside My Window
Stormbreaker
After The Fair
Sorti le 10 août chez Ignition / PIAS