D'une voix grave, aux mouvements envoûtants, qui suinte de sous des notes limpides, Jim Yamouridis accroche l'oreille et y susurre des poèmes sombres. The Other Side, c'est un peu la preuve qu'on peut séduire un auditoire avec des études saccadées à la guitare sèche, pour peu qu'on ait la voix qui va bien.
Pour son cinquième album solo, cet Australien se penche sur ses racines grecques, et s'inspire du rebétiko, cette musique populaire non-conformiste et surtout grandement basée sur la spontanéité et l'improvisation.
Il a voulu créer cet album en hommage à ce chant minimaliste, sans fausse nostalgie (pas besoin quand déjà les chansons ont l'air d'un parpaing de mélancolie), simplement comme un usage moderne d'une habitude agréable. Égrenant les notes sur sa guitare, sans produire d'accords, il s'est ensuite laissé guider par les mélodies épurées obtenues pour y ajuster des paroles, comme si le texte ne venait pas de lui mais de la sonorité même.
Il chantonne, ou plutôt maugrée, avec une voix traînante de dandy rustique, sur dix morceaux enregistrés directement, sans traitement du son, donnant un grain brut à ses créations. On écoute un barde grattouiller nonchalamment sa guitare, trouver quelques paroles, fredonner en se laissant aller, comme s'il n'avait pas conscience de notre présence à ses côtés.
Ce style acoustique et presque improvisé contraste élégamment avec les mélodies sur-travaillées à l'aide d'artifices électroniques, et procurera des frissons de bonheur aux puristes amateurs de sonorités franches, honnêtes et sans fioriture.
Sortie le 28 septembre chez Microcultures / Differ-ant.