Interview et concert Kovacs le 12 septembre 2018 aux Étoiles


Sharon Kovacs, la jeune chanteuse néerlandaise amatrice de la couleur rouge, nous a accordé une interview juste avant son premier « vrai » concert français, à Paris, le 12 septembre dernier. Elle présentait au public de la petite salle des Étoiles son nouvel album, Cheap Smell, sorti le chez Warner. Nous remercions Kovacs et toute son équipe pour leur disponibilité.

C'est ton premier concert en France, quelles sont tes impressions ?

Je suis contente d'être ici, car j'aime beaucoup ce genre de salle : je peux regarder le public dans les yeux, et c'est plus intimiste. On se sent tous ensemble. Je me rappelle de concerts que j'ai donnés où la salle était pleine à craquer, c'était éprouvant et vraiment réjouissant. Par exemple notre prestation à Glastonbury en 2016 était super, et j'ai aussi d'excellents souvenirs du concert au North Sea Jazz à Rotterdam en 2017.

Sharon, comment es-tu devenue Kovacs ?

J'ai commencé par me diriger vers des études d'hôtellerie, sans grande conviction. J'aimais beaucoup chanter, pour moi-même, car j'étais très timide. Mais je participais parfois à des bœufs dans la rue, et ces petits concerts improvisés me rendaient extrêmement heureuse, me donnaient beaucoup d'énergie. La musique m'aide à me sentir mieux. J'ai changé de voie, suivi des études de musique, et il y a 6 ans, un producteur m'a trouvée ! C'est difficile de percer dans l'industrie de la musique, et je pense que j'ai eu beaucoup de chance. Je ne réalise pas encore complètement, mais je cherche à forcer cette chance aussi.

Concert, Paris, rouge, voix grave, boule à  Z

Comment définirais-tu ta musique ?

C'est une musique honnête. Je chante ce qui sort de mon âme, mais ce n'est pas de la soul.
J'ai changé depuis mes débuts il y a six ans, ma musique aussi. On n'est jamais indéfiniment la même personne, et je ne serais pas honnête avec moi-même si je faisais la même musique qu'au début. Je change. J'aime essayer de nouvelles choses. Je m'inspire du style de chanteuses comme Patty Smith ou Janis Joplin, et je crée mes paroles à partir d'événements personnels.

Comment as-tu créé les morceaux pour l'album Cheap Smell ?

Je joue un peu de tout, un brin de guitare, un brin de ceci… mais la plupart du temps je pioche quelques sons ici et là sur le net, et j'en parle au groupe pour les travailler. Les musiciens dont je m'entoure sont super. Estelle Stijkel, la guitariste, met tout de suite des mélodies sur les idées que je lui chantonne. J'écris les paroles à partir de mes propres expériences, de ma vie.
L'histoire derrière Cheap Smell, c'est celle d'un parfum bon marché, qui sent très fort quand on le vaporise, et qui s'évapore presque aussitôt. Comme les relations très intenses que j'ai eues avec certaines personnes ces trois dernières années (mon ancien groupe, mon ex...), dont toutes se sont évaporées de ma vie.

Quel est ton titre préféré de l'album ?

« Mama Papa », parce qu'elle libère vraiment mes émotions. J'y aborde les problèmes que j'ai eus avec mes parents il y a quelques années, ce que je leur ai fait endurer et nos relations compliquées. J'ai mis des années à y songer, pendant lesquelles nous avons beaucoup parlé et amélioré nos relations. Désormais, ma mère et moi sommes plus proches, cette chanson nous a suscité beaucoup de sentiments.  
C'est ma façon d'apprivoiser mes problèmes : les chanter, les crier au monde. C'est à la fois effrayant et beau : même si je parle de ma propre intimité, je sais que je ne suis pas la seule, que de nombreuses personnes dans le public ressentent la même chose. Les expériences, différentes pour chacun, ont des similarités, et peuvent inspirer.

Concert, Paris, voix grave, indé, Pays-Bas

Quelle chanson a été la plus difficile à écrire ?

« Adickted », écrite pour mon ex, pour toutes les incertitudes et les doutes qui m'ont submergée quand il m'a quittée. J'ai mis 6 mois à l'écrire, en modifiant le texte à chaque fois. Je ne voulais pas être trop rude avec lui. Quand il l'a entendue, il a été secoué, mais il m'a laissé faire.  J'envoie toujours aux personnes concernées les textes dans lesquels je parle d'elles, pour être honnête.

Et laquelle a été la plus facile ?

Ça a été « Weekend » : partie d'une phrase lancée comme ça ; on l'a enregistrée un vendredi en même pas 50 minutes !

Quels sont tes projets pour la suite ?

Déjà, me concentrer sur la tournée ! Ensuite, j'aimerais pouvoir chanter de nouveau avec un orchestre, mais rien n'est encore décidé. Surtout, je vais me remettre à écrire, pour un prochain album.

Concert, Paris, Trompette, noir, voix grave

Le concert qui a suivi était tout aussi sympathique et jovial que cet échange. Pas moins de huit personnes constituaient le groupe, tassées sur la petite scène face à une énorme boule à facettes. Une guitariste, un bassiste, un trompettiste, deux chanteuses pour les chœurs, un pianiste et un batteur vêtus de couleurs sombres encadraient Kovacs en chemise rouge.

Attaquant sans perdre de temps sur « I better run », Kovacs a aussitôt conquis la foule, qui s'est tassée davantage vers la scène, au plaisir visible des musiciens qui pouvaient scruter leurs auditeurs et leur sourire.

Concert, Paris, voix grave, indé, Pays-Bas

Pour faire honneur à son nom, la salle des Étoiles projetait des pointillés de lumière blanche dans la salle sombre, donnant l'impression d'être effectivement dans un ciel étoilé, à planer au son d' « Oblivion » ou de « Midnight Medicine ». La plupart des morceaux de Cheap Smell ont été joués, ainsi que quelques-uns de l'album précédent, Shades of Black, comme « Diggin ».

Le groupe enchaînait les morceaux, délivrant une prestation chronométrée. Kovacs se penchait régulièrement pour demander l'heure aux spectateurs qui dansaient tout contre la scène, s'assurant qu'il restait encore du temps pour jouer tous les morceaux prévus.

L'étroitesse de la scène n'a pas permis au groupe de la quitter pour revenir pour un rappel, mais comme « on ne va pas partir pour revenir, vous êtes au courant, ça ne sera plus une surprise », les musiciens sont restés pour nous gratifier de quelques morceaux de plus.
Kovacs, tentant de nous décrire son enthousiasme, se laisse surprendre par le début de la mélodie. Le public réclame « Adickted », la guitariste n'avait pas prévu de le jouer, et doit rapidement s'adapter.

Puis tous les musiciens, à l'exception du pianiste, se retirent, et lui et la chanteuse sont alors éclairés d'une aura pâle dans la salle plongée dans le noir, pour un dernier « Final Song » d'au revoir émouvant.

concert, Paris, voix grave, trompette, boule à  Z

Tous les artistes semblaient ravis d'être là, le sourire jusqu'aux oreilles ; ils transmettaient une énergie folle au public, également enchanté de cette soirée.

 



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