John Butler Trio – Home

John Butler poursuit son bonhomme de chemin, sans remords ni regrets. Une fois de plus, les adorateurs des débuts pourront maugréer, puisque l'homme ne renie nullement ses travaux plus récents et poursuit dans cette voie, celle d'un rock léger, aux apparences très simplistes, avec des mélodies toutes mignonnes et des refrains chaleureux sur fond de rythmes chaloupés. Du formatage, du commercial, de la soupe, de la merde. Sauf qu'un titre qui propose une structure simple peut parfaitement n'être rien de tout ça.

On ne va donc pas refaire le match, Home s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur Flesh and Blood (2013). Peu étonnant vu que le line-up n'a cette fois pas changé d'un poil. Des titres au format radiophonique donc, qui n'inspireront que le mépris des puristes. Notez que je suis le premier déçu de ne jamais avoir pu écouter le digne successeur de Sunrise over sea (2004), mais il faut bien se faire une raison. De plus, à l'exception de Grand National (2007), Butler a toujours veillé à proposer de la musique de qualité. Parce que des mélodies véritablement simples et accrocheuses, sans devenir putassières, c'est terriblement difficile à écrire. Ajoutez à cela des musiciens toujours aussi doués, la voix de Butler et son talent de compositeur, ainsi qu'une production aux petits oignons, entre juste respect de la tradition (le banjo est régulièrement mis à l'honneur dans les compos comme dans le mix) et ouverture à la modernité (quelques discrètes touches d'électro du meilleur effet), et l'on obtient d'ores et déjà un très bon album.
 

wade in the water, bob dylan, aborigene, alan stivell, folk


Toutefois, la particularité de Home tient dans le fait qu'il est très marqué par une volonté de retour aux racines, et l'on ne parle pas ici des textes mais bien de la musique, qui fait la part belle aux mélodies inspirées de la musique aborigène. Ce n'est certes pas la première fois que Butler s'inspire du répertoire traditionnel, gaélique notamment, mais jamais il ne s'était autant épanché sur cette part du patrimoine culturel de son pays. On ne saura jamais la vérité, les faits remontant à plusieurs milliers d'années, mais la théorie scientifique dominante voudrait que les aborigènes soient initialement partis du continent asiatique pour passer sur l'île de Taiwan, avant d'explorer le pacifique sud et de découvrir les Philippines, l'Australie, la Nouvelle-Zélande. Ce qui est rigolo, c'est que l'on retrouve des sonorités proches dans les traditions musicales de tout ce petit monde. Bref, Home est un bel hommage ainsi qu'une remise au goût du jour, qui dans l'esprit rappelle aussi bien la démarche de Bob Dylan que d'Alan Stivell chez nous.

 

 

On pourra donc toujours casser Butler en deux parce que c'était mieux avant, reste que c'est franchement bien aujourd'hui également. Parce que l'homme est un vrai musicien, aussi talentueux qu'exigeant, qui quand il a décidé de s'inspirer d'un patrimoine pour en sortir un album aussi accessible que moins évident qu'il n'en a l'air au premier abord, ne fait pas les choses à moitié. Les compos sont impeccablement troussées, l'album s'écoute d'une traite avec grand plaisir, fait référence non seulement au folk aborigène, mais également aux autres influences de son auteur, notamment en provenance des Etats-Unis, mais aussi de la musique indienne, comme dans l'extrait ci-dessus... Et les boîtes à rythmes apportent de nouvelles couleurs et des ambiances issues d'autres courants, comme le hip-hop, sans pour autant s'avérer trop envahissantes. Rien n'empêche d'enchaîner avec un petit coup de Death Metal si on est en manque de rythme, mais l'intérêt de Home, et de John Butler depuis un bon moment déjà, se situe ailleurs. Du bel ouvrage.

Sortie le 28 septembre 2018 chez Family Music Pty

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...