Jon Spencer – Spencer Sings The Hits

Tout auréolé de son succès hollywoodien après avoir placé son hit "Bellbottoms" au générique du film Baby Driver, Jon Spencer, le trublion de l’underground punk rock new-yorkais nous revient avec un album plus personnel Spencer Sings The Hits.

Le retour de Jon Spencer sans ses fameux acolytes du Blues Explosion, le gratteux Judah Bauer et le batteur Russell Simins fait couler beaucoup d’encre depuis quelques semaines et la sortie d’un premier single. Dès l’intro de ce "Do The Trash Can", on retrouve les ingrédients du succès de Jon Spencer. Ce premier single livré en pâture aux fans au début de l’été laissait présager du meilleur.

Do the Trash Can

Depuis quelques semaines, les plus chanceux qui ont pu croiser Jon Spencer "live" aux Etats-Unis, ont pu se procurer le précieux, le nouvel album intitulé Spencer Sings The Hits, quelques 300 exemplaires étant disponibles au merchandising des concerts. Alors en attendant la sortie officielle prévue le 2 novembre 2018 sur le label In The Red qui a déjà sorti la compilation du Jon Spencer Blues Explosion des débuts Jukebox Explosion avec sa pochette façon Back From The Grave et quelques autres pépites des nombreuses autres formations de Jon Spencer, Spencer Sings The Hits marque un retour aux sources. Ici quasiment rien ne dépasse les trois minutes. On y retrouve un Jon Spencer qui joue les crooners comme il sait si bien le faire avec une énorme dose de testostérone qui se dégage.

Le bonhomme n’a rien perdu de son charisme et multiplie comme à son habitude les onomatopées qui émaillent ses textes. Puis payez-vous "Love Handel" ! Même si le titre commence plus soft, Jon ne peut s’empêcher d’y éructer quelques « motherf….. » pour se défouler un peu sur le refrain tout en martyrisant sa pauvre gratte ! Le gars maîtrise son sujet et même s’il n’est pas flanqué de ses complices de 20 ans Judas Bauer et Russell Simins, la chose n’en est pas moins aboutie avec Sam Coomes à la basse et M. Sord derrière les futs.
 

Jon Spencer Sings The Hits Pochette Tournée

Jon concentre dans ces douze titres tout ce qu’il a fait de mieux dans ses différents gangs. On tourne souvent autour d’un riff roboratif de blues comme sur "Time 2 Be Bad" ou "Hornet" ce qui renvoie aux collaborations qu’il a pu faire avec RL Burnside notamment. Ici et la on rajoute quelques effets sur la guitare ou sur les voix, quelques bidouillages électroniques comme sur "Overload" mais rien qui ne fasse pencher la balance clairement coté électro. On reste ici dans du bon gros rock ou plutôt du blues poisseux, très poisseux.

Le côté rock des pionniers qu’il affectionne tout particulièrement lorsqu’il évolue dans Heavy Trash avec Matt Verta-Ray est aussi représenté sur ce Spencer Sings The Hits. Le titre "I Got The Hits" est un de ses rock immédiats qui se pose comme un single. Après 30 secondes, on croit connaître le morceaux depuis des années et on hurle avec le taulier les refrains simplissimes mais d’une efficacité remarquable. Deux minutes trente de furie ! Celui-ci va envoyer du gros en live.

Niveau son, ce premier effort solo est totalement dans le style Spencer des débuts. Lo-fi à souhait façon Pussy Galore pour certains titres. On retrouve des lignes de basse hypnotiques avec des batteries minimalistes et des giclées de fuzz pour mettre tout le monde d’accord. "Fake" met à l’honneur ce son caractéristique de ces vieilles pelles japonaises vintage qui fuzzent même sans pédale (bien que Spencer use toujours quelques uns de ses ustensiles pour parfaire ses soli qui cisaillent).

Jon se permet aussi une petite incursion dans le monde du « monster rock ». "Ghost" est là pour nous rappeler que Jon affectionne tout particulièrement le rock garage. Jon Spencer rajoute quelques nappes de claviers qui n’auraient pas déparé chez les Fuzztones ou les Sonics. Une belle incursion dans le garage sixties.

Jon Spencer se pose toujours en prêcheur de la paroisse du bon rock ‘n’ roll et saura avec cet effort solo séduire ses fans en prenant les meilleures influences de chacune de ses précédentes formations pour nous resservir tout cela en un cocktail explosif. Ce Spencer Sings The Hits reste donc dans la tradition des grands brûlots de Spencer. Ca envoie, c’est direct, immédiat. On adhère immédiatement ou l’on s’enfuie en courant. On retrouve la rage des débuts avec juste quelques petites incursions savamment dosées dans les bidouillages électroniques. Ici, c’est la guitare qui parle et le charisme du bonhomme fait le reste. En bref, du grand Spencer ! On l’attend en live. Les dates sont déjà calées en Europe en novembre du coté de la perfide Albion, pour l’instant rien d’annoncé dans l’hexagone. Wait and see…. On vous tiendra au jus…

Sortie le 2 novembre 2018 sur le label In The Red Records

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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