Dilemma – Random Acts of Liberation

Certains d'entre vous ont pu découvrir le groupe en première partie de Sons of Apollo mais nous sommes bien d’accord, Dilemma n’est pas forcément un groupe phare dans le monde du progressif. C’est donc un "nouveau groupe" qui s’offre à nous, enfin pas si nouveau si on en croit son histoire. Formé dans les années 90 avant de disparaître en 2012, Dilemma ressuscite avec un nouveau chanteur. Il est cependant difficile de refaire surface pour un groupe de rock progressif car le genre, créé dans les années 70, est passé par toutes les formes et de nos jours, il faut innover pour exister. Est-ce le cas?

 

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Ce "nouveau" groupe contient quand même quelques têtes connues pour les aficionados : Collin Leijenaar, le batteur et producteur a notamment travaillé avec Neal Morse ou Jordan Rudess, le chanteur Declan Burke a fait un passage chez Frost* et leur nouvel album est mixé par Rich Mouser qui s’est occupé des albums de Spock’s Beard, Neal Morse et Transatlantic. En voyant les références, on peut se dire qu'on aura un album plein à craquer, qui sent bon les années 70, cinq chansons longues de 10 à 20 minutes mêlant intro grandiloquente, divers thèmes et fin magistrale pleine de chœurs.

Et bien pas du tout. L’album Random Acts of Liberation contient 1 heure 12 minutes de musique divisée en quatorze titres. Format classique mais plutôt rare pour un groupe de progressif, sauf si celui-ci décide de diviser un long morceau en plusieurs parties. Ici, aucun morceau de 25 minutes, la chanson la plus longue en faisant 12. Ce format "court" pour des morceaux progressifs rend les compositions beaucoup plus assimilables pour un public peu habitué au genre. Le problème reste qu’avec autant de morceaux et autant d’univers différents, on est un peu perdu lors de la première écoute : il ne reste pas grand chose.

Il faut faire tourner plusieurs fois l’album pour qu’il reste en tête. Quelques morceaux comme "Amsterdam-This City" ou "All That Matters" flirtent même du côté du pop rock de U2. En parlant de ce dernier, impossible de ne pas penser au groupe de Bono en écoutant l’intro de "The Inner Darkness" tant elle fait penser à "With or Without You". Aucune inquiétude pour le côté plagiat : le morceau évolue vers les sonorités rock de Muse et les sons hantés et dépressifs de Steven Wilson. Que les fans de prog se rassurent, on retrouve toujours l'ombre de Spock’s Beard : un prog rock assez joyeux et catchy.  Certains morceaux comme "Aether" ou "Spiral II" possèdent ce côté très aérien cher à Yes, Anathema ou Genesis alors qu’un morceau comme "Pseudocomaphobia" lorgne plus vers du metal progressif  : "The Root of All Evil" de Dream Theater n'est pas loin. On aurait pu faire l'économie de quelques morceaux comme "Dear Brian", "The Mist of Vale" et "Spiral II" qui apportent une certaine diversité. Diversité certes, mais où est l'originalité?

Au niveau du mix et de la production, on lorgne plus vers le metal que le rock avec des guitares saturées bien mises en avant qui étouffent les autres instruments. Point de lignes de basses claquantes à la Rush, ici la section rythmique est gentillette et n'apporte pas le groove nécessaire pour qu'on la remarque. Les claviers font leur apparition dans les parties plus calmes où la guitare s'efface. Puisqu'on parle du guitariste, les allergiques au prog peuvent se rhabiller : pas de soli interminables sans âme et à 200 à l'heure. Santana et David Gilmour ne sont pas loin : un solo, ce doit être au service de la mélodie.

Vous l’aurez compris, le groupe mélange pas mal de références classiques mais ne parvient pas forcément à insuffler une certaine originalité nécessaire pour se démarquer des autres groupes de prog actuels. Les fans de prog classique qui en ont un peu marre des longs morceaux grandiloquents de Neal Morse et Spock’s Beard auront plaisir à écouter cet album. Pour les autres, ils n'y trouveront qu'une simple copie de tous les groupes cités dans cet article. Enfin pour les néophytes de cet univers exigeant, ils y verront peut-être une porte d'entrée un peu plus pop pour découvrir un genre vaste et varié. Espérons que pour le prochain album, ils aient digéré leurs influences et nous proposent du neuf.

Sortie le 2 novembre chez Butler Records

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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