Yamin Alma ! Petit prodige catalan, touche à tout musical, multi-instrumentiste, vocaliste hors pair… Que demander de plus ? Ce jeune homme issu d’une formation classique au collège et au conservatoire a déjà beaucoup bourlingué. Danseur de flamenco ayant parcouru le monde, exilé vers les pays scandinaves puis la Perfide Albion, Yamin a forgé sa personnalité et malgré son jeune âge, ses compositions très abouties font preuves d’une belle maturité.
Après un premier album folk rock Into The Blue en 2017 où Yamin nous faisait admirer une écriture façon Bob Dylan, ce nouvel E.P. Love Ascension joue résolument dans la catégorie rock ‘n’ roll. Yamin explique être venu tardivement à la guitare mais force est de constater qu’il a vite rattrapé son retard.
Ses riffs de blues rock bien tripés seventies qui nous accueillent sur "Electric Diamond" en sont la preuve, un peu à la manière d’un Yarol Poupaud en solo. Mais la voix aussi est un atout important chez l’ami Yamin. Un timbre aigu, très singulier, qui le différencie de beaucoup de ses confrères et lui permet de se démarquer de copies jugées par certains trop conformes des gloires des seventies.
"Love Ascension" fait penser à des titres comme le "Sympathy For The Devil" des Rolling Stones. Une belle montée en puissance qui met en orbite le chant de Yamin décidément très haut perché. Les possibilités sont grandes. Tout au long des presque six minutes du morceau, il nous prouve qu’il est un guitariste hors pair pour installer des ambiances poisseuses qui peuvent contraster avec la sensibilité issue de sa voix. Une belle réussite.
Yamin sait aussi durcir le ton et lorgner vers les productions un peu plus actuelles. La guitare y est beaucoup plus trash et saturée sur un titre comme "Justice". La voix y fait toujours merveille avec sa tessiture façon Jeff Buckley. La basse de Josh Bergson y assure une solide assise rythmique complétée par le jeu de batterie de Jimmy Pallagrosi, énorme batteur tous styles confondus. Ces deux-là forment donc les Love Machines qui accompagnent Yamin. Un très gros son et c'est fort logiquement qu'on se laisse prendre aux refrains accrocheurs comme celui de "UFO" qui se pose comme un parfait single.
À l’inverse des précédents titres, Yamin choisit de proposer "Illusion" un morceau plus intimiste. En moins de deux minutes, il se lance dans des ambiances planantes où sa voix est mise bien plus en avant que la guitare. Un coté plus feutré, plus groove s’en dégage avant que la gratte ne reprenne ses droits pour un solo magistral.
Avec cet EP, Love Ascension, Yamin Alma nous dévoile donc un coté plus électrique de sa personnalité. Il rajoute à son songwriting très "dylanien" la puissance de feu des guitares et il nous entraine dans son univers particulier un peu à la manière d’un Lenny Kravitz. On notera ce très bel équilibre entre la force de la partie instrumentale et toute la subtilité que Yamin peut rajouter avec sa voix et la sensibilité contenue dans ces compositions. Maintenant, on veut un album entier dans cette veine…
Sortie numérique le 10 septembre 2018
