Fête de L’Humanité jour 1 (14/09/18) : Opium Du Peuple, No One Is Innocent, Soviet Suprem

En cette ouverture de la Fête de l’Huma, c’est la vers la P’tite que notre regard se fixe avec attention. No One Is Innocent, Opium du Peuple, Soviet Suprem, une programmation haute en couleurs et engagée, chaque groupe à sa façon.

Avant chaque concert sur cette scène, le public aura droit ce week-end peu ou prou au même discours : la scène est financée entre autres par les fédérations communistes du nord, et soutenue notamment par l’organisation du festival Sur les Pointes. Les artistes y viennent bénévolement, et les spectateurs sont fortement incités à boire afin d’aider au défraiement de tout ce beau monde. Ou quand l’alcool devient bon pour la santé sociale.

 

No One Is Innocent,
P’tite Scène, 20h


Alors, forcément, des groupes de l’envergure de No One Is Innocent se retrouvent à faire leurs balances eux-mêmes. Mais elles semblent avoir été intégrées au spectacle, puisqu’à l’heure où aurait dû commencer le concert, les musiciens sont toujours en train d’accorder leurs instruments. Le public patiente tranquillement et commence même à s’ambiancer sur les réglages.

Le groupe finit enfin par quitter la scène afin d’y revenir avec une entrée digne de ce nom. La place est relativement remplie, et les premiers rangs partent en pogo dès la première chanson. Le moshpit ne cessera de s’étendre durant tout le set, bouffant le moindre espace libre. Le bordel atteint son point culminant sur "Y a basta", impressionnant d’agitation dans la fosse. Le gravier, pas forcément idéal pour cette célébration musclée de la musique, ne semble pas perturber les participants.
 

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Mêmes les spectateurs qui ne pogotent pas sont particulièrement remuants. Si la moyenne d’âge tourne autour des 35-40 ans, le panel démographique est très large, puisque des moins de 20 ans et des plus de 50 voire 60 ans headbanguent de concert.

Le groupe ne s’économise pas non plus, les musiciens mettent toute leur rage dans leur jeu, Kemar saute partout et parle de résistance à Le Pen comme à Macron.

Mais pour ceux qui ont vu le groupe il y a quelques mois, l’impression de redite est palpable : même setlist, même jeu de lumière, même solo de micro/guitare de Shanka, même discours parfois au mot près, il semble que No One ait un déroulé de spectacle parfaitement détaillé, qu’il se contente de raccourcir en festival.

Cette impression est cependant en grande partie compensée par l’énergie du groupe, très généreux avec le public. Il fait comme d’habitude monter plusieurs spectateurs sur scène, pour leur faire partager la lumière des projecteurs… Avant de finir avec émotion sur "Suerte Chile", un titre qui résonne de façon particulièrement puissante dans l’enceinte de la Fête de l’Humanité.
 

Rédaction : Aude D


 

Opium du Peuple
P’Tite scène, 22h


Les membres d’Opium du Peuple sont quasiment des habitués de la P’tite Scène, puisque c’est la troisième fois en quatre éditions qu’ils en foulent le sol. Il faut dire que leur répertoire variétés a priori très consensuel et le traitement punk enragé qu’ils lui font subir font des merveilles en festival.

Et surtout, Opium du Peuple en live, ce n’est jamais un simple concert mais un spectacle complet. C’est donc au son d’un "Ave Maria" que le septuor entre sur scène, en tenue de pseudo religieux chrétiens et l’air parfaitement recueilli. Mais avec eux, tout le monde sait que cela ne va pas durer…
 

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Et effectivement, passée l’introduction, le groupe s’énerve, mais reste dans la religion, ou en tous cas le culte de la personnalité, puisqu’il entonne "Que Je T’Aime", de la défunte idole des anciens jeunes Johnny Halliday. Pour tout dire, ça sent plus la sueur que l’amour, les musiciens livrent une version punk au possible, les deux chanteuses Joey Délices et Mademoiselle Cœur s’agitent dans tous les sens – mais en rythme et synchronisée – et le chanteur Slobodan éructe d’une voix éraillée. Il y a hélas trop peu de monde pour rendre justice au talent du groupe, mais les présents célèbrent comme il se doit sa virtuosité en matière de reprises.

La formation albigeoise enfile les reprises sous acide et sous speed des standards de la chanson française, et le spectacle est purement jubilatoire. Car au-delà des reprises transcendées, Opium du Peuple c’est aussi un enchaînement de blagues plus ou moins foireuses mais généralement très drôles.

Si toutes les versions valent le détour, la reprise en français de" Like a Virgin" de Madonna -  "Comme une vierge", donc –, "Marche à l’ombre", ou encore "Johnny fais-moi" mal sortent du lot. Les reprises détonantes de "Cayenne" (chanson anarchiste du début du XXe siècle) et "L’Internationale" sont particulièrement saisissantes, et évidemment, le public y est très sensible. Le lion est mort ce soir donne d’ailleurs à Slobodan l’occasion de faire chanter au public un improbable "Macron est mort ce soir".
 

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Tous les musiciens s’éclatent, les deux chanteuses ont un abattage impressionnant. On peut cependant se demander pourquoi, sur sept musiciens, ce sont seulement les deux femmes qui sont sexualisées dans le spectacle – il y a probablement une partie du public qui ne dédaignerait pas voir le guitariste Francis Queutard prendre des poses lascives en petite tenue. Mais malgré cette réserve, on a quand même souvent l’impression que ce sont elles qui mènent la danse dans le groupe !

Évidemment, le groupe ne pouvait pas conclure son concert par une reprise quelconque, et après son "Evil Rock Collection" – la version metal de "Rockcollection" -, il demande un ultime pogo, sur la chanson la plus improbable qui soit pour cet exercice. C’est donc sur les vocalises de "Mexico" que métalleux, punks et communistes se déchaînent une dernière fois avant de retourner rêver au Grand Soir.

 


Rédaction : Aude D

 

Soviet Suprem
P'tite Scène, 23h30


Sophie s'impatiente. Opium du Peuple a terminé sa prestation depuis une bonne demi-heure, et Soviet Suprem se fait attendre. Bien sûr, le mec à la sono a la bonne idée de passer du Rachid Taha. C'est cool, mais pendant ce temps-là, plein de gens viennent s'accumuler devant la scène. Le concert n'a pas encore commencé que déjà la densité dépasse celle de Hong-Kong un jour de marché. Sophie râle un peu, mais surtout elle attend que ça démarre. Que les Soviet Suprem transforment cette foule amorphe en fiesta de ouf.
 

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Enfin, les voilà. John Lénine et Sylvester Staline, DJ Croute Chef aux platines. Sophie ne regrette pas. Quelques secondes suffisent à ce que ses pieds ne touchent plus terre. La P'tite Scène est en train de se prendre sa p'tite claque. Décollage immédiat, sur scène comme dans le public. Rythmes venus de l'autre côté de l'Oural, mâtinés d'électro punkisant, machine à danser, jeux de mots pourris et humour décalé, Soviet Suprem, c'est du sérieux.

Nous retrouvons Sophie une heure plus tard. Elle a visiblement apprécié. Une heure de délire, de danse furieuse, de "on se tient tous par les épaules", de folie, d'amour, de "tire le rideau de fer et remplit mon verre", de délires en tout genre... Soviet Suprem, ou comment conclure en beauté une première soirée à l'Huma 2018.
 

Rédaction : Yannick Krokus

 

Crédit Photo : Théo Bgrt / Xof



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