Steve Harris – British Lion

Qui l’eut cru ? Après 30 ans de fidélité à la vierge de fer, sans jamais avoir fait de featuring (à part sur l’album de sa fille), sans jamais avoir écrit pour un autre projet que son groupe de prédilection, voilà que le bassiste sort un album solo ! Le projet a commencé il y a bien longtemps après que le chanteur Richard Taylor et le guitariste Grahame Leslie lui eurent envoyé une cassette démo pour le convaincre de produire leur groupe, British Lion, au début des années 1990. Harris ayant apprécié les chansons, il commence par agir comme manager, reste en contact avec eux, avant de prendre le poste de bassiste et de prendre part aux compos après le split du groupe. Si aujourd’hui on a un peu l’impression que le projet ne sort de nulle part, c’est bien parce que le leader de Maiden voulait garder la surprise et éviter de répondre aux sempiternelles questions de journalistes concernant l’avancement des travaux. L’album est désormais sorti, et s’avère être davantage l’album d’un groupe que d’un seul homme, l’écriture ayant été collective.
 

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Pas la peine de s’attendre à un ersatz d’Iron Maiden, on en est loin. Tout juste quelques passages de Twin Guitars (et le son des grattes en général) et quelques breaks peuvent évoquer le monstre anglais, pour le reste, on est loin du métal. Les titres ne sont pas rapides, et plus étonnant n’ont rien de progressif, alors que l’amour d’Harris pour le style aurait pu le laisser croire. Que Nenni, c’est à du rock qu’on a affaire (c’est d’ailleurs pour ça que cette chronique n’est pas sur le blog Métal). Pas à du british rock neuneu qui empeste la joie de vivre artificielle, mais un rock sombre et racé. « This is my god » et son gros riff d’introduction laissent rapidement la place à des ambiances plus nuancées et au chant de Richard Taylor qui, autant le dire tout de suite, peut rebuter. Non pas que sa voix soit désagréable, mais son style très particulier tout en trémolos plaintifs ne plaira pas à tout le monde. Le refrain est bien trouvé, divisé en plusieurs parties, Harris n'a pas laissé sa qualité d'écriture dans son autre pantalon. A l’instar de « Lost Worlds », c’est une très bonne entame, les compos sont mélodiques et les allers et retours entre influences du passé et modernes (les chœurs à la Queens of The Stone Age à la fin de « Karma killer ») aboutissent à une identité qui tout en allant plus volontiers piocher du côté des grands ancêtres, n’a pas à rougir en se regardant dans le miroir.



 

C’est plutôt par la suite que le bât blesse un peu, avec cette compo mal équilibrée qu’est « The chose ones », incapable de se décider entre faux hommage et vrai plantage (dans le registre « à l’ancienne et 70s revival », « Eyes of the young » est bien plus réussie). Fort heureusement, ce n’est qu’un léger passage à vide, et British Lion retrouve rapidement le visage qu’il nous avait montré au début (« A world without heaven », l’énergique « Judas »). Amusant d’entendre le champion toutes catégories de la basse tagada discipliner ses doigts et se mettre au service de chansons inadaptées à ses cavalcades habituelles ! On retrouve en revanche indéniablement sa patte, le côté toujours très mélodique et légèrement mélancolique qu’il a eu tendance à développer de plus en plus avec l’âge dans son groupe de cœur (« These are the hands » et son superbe refrain, classique mais terriblement efficace). Les amateurs de Maiden seront curieux d’y jeter une oreille, mais pour les autres l’album, s’il ne restera pas dans les annales, n’en possède pas moins un grain bien particulier et appréciable qui nous rappelle qu’avant d’être la légende que l’on sait, Harris est avant tout un musicien.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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