Encore un retour des Smashing Pumpkins sur les routes des studios. Cette fois-ci, fini du mégalo Billy Corgan seul aux manettes, et retour à une formation plus inattendue, mêlé d'attentes difficiles à combler.
Dès que l'on voit une nouvelle actu concernant les Smashing Pumpkins pointer son nez, on se demande quelle va être la nouvelle supercherie concoctée par Billy Corgan. Entre les fausses annonces de reformation pour remplir les salles et le fait vendre ses albums au prix fort pour une audience qui finalement réalise qu'aucun des comparses initiaux n'est de la partie, on se méfie des frasques de la formation comme du loup blanc. Pourtant, la première photo promo qui nous a été fournie a, en plus de titiller nos sensations nostalgiques, réveillé un soupçon de curiosité, et ce pour deux présences particulières. La première, celle de Jimmy Chamberlin (batterie) qui, s'il était déjà revenu pour les tournées il y a trois ans, aurait pu repartir suite à une énième prise de tête avec le chanteur/mégalomane. La deuxième, beaucoup plus improbable, celle de James Iha (guitare) - qui avait raccroché il y a maintenant 18 ans - pourtant bien occupé avec A Perfect Circle. On se dit alors que si ce dernier est de nouveau de la partie, ce n'est pas pour rien. C'est donc plein d'espoir que l'on se penche sur la première partie, intitulée No Past, No Future, No Sun, d'un nouveau chapitre du groupe pensé comme ce qui sera probablement un dyptique : Shiny And Oh So Bright.
Car au-delà des déboires et de la personnalité insupportable de Corgan, on est avant tout là pour s'intéresser à la musique. Sur ce point-là d'ailleurs, peu d'à-côtés. Monuments To An Elegy (2014), dernier album estampillé Smashing Pumpkins, était de bonne facture. Après tout, l'ami Billy n'est pas un compositeur du dimanche. C'est ce qui fait qu'au premier abord, ce nouvel opus très court - on flirte avec la demi-heure - s'écoute avec un plaisir non dissimulé. Les titres vont droit au but, certains refrains rentrent en tête (on pense évidemment à "Solara", choix évident de single car bien plus travaillé au niveau des arrangements), et ça joue sans faille. On retrouve un groupe en forme, qui nous transporte 30 ans en arrière, avec ses mélodies pop qui accrochent teintées de guitares saturées ce qu'il faut pour atteindre le carcan rock. Après une première écoute dans le ressenti, on se lance avec envie sur un second jet, et l'aventure s'arrête vite.
Les richesses que l'on pensait dissimulées dans les arrangements n'existent tout simplement pas. Maintenant qu'on les connaît dans leur structure et leurs axes, les titres nous apparaissent vides et totalement dénués de consistance. Bien loin des ambitions d'un Melon Collie And The Infinite Sadness - que l'on ne se méprenne pas, on sait que le pinacle d'un groupe n'est souvent que l'histoire d'une fois - ou des richesses de Zeitgeist, tout a été travaillé en surface et reste léger, trop léger. On pense notamment au final "Seek And You Shall Destroy", caractéristique des défauts de l'album : un titre trop court, qui s'arrête net là où il semble démarrer. Si bien que malgré le plaisir d'écoute et les refrains a priori accrocheurs, quand on y repense des heures après, on a déjà tout oublié.
Pour autant, le constat n'est en rien négatif. Il est plus la conséquence des attentes envers un groupe ayant toujours enchaîné les projets ambitieux, et envers une reformation quasi-emblématique qui nous laisse sur notre faim. Tout nous fait penser à ce qui fait le sel des Smashing Pumpkins, et ce enfin interprété par ses musiciens phares, sans nous proposer de réel nouveau chapitre. Avec ces éléments en main, on reste donc favorable - a priori - à ce qui nous sera proposé à l'avenir. Espérons que le groupe soignera les compositions de la seconde partie de Shiny And Oh So Bright, car musicalement, tout est là, et ce n'était en rien évident.
Sortie le 16 novembre chez Napalm Records
