L’an dernier, nous vous avions fait vivre le concert de One Ok Rock au Zénith de Paris en ce même mois de décembre. 12 mois plus tard, le groupe de rock le plus connu du Japon revient mais au Bataclan, une salle bien plus intimiste. Pas du tout en manque de popularité (la date a fait soldout très rapidement), le combo souhaitait simplement se rapprocher de son public et présenter en avant-première quelques morceaux de son nouvel album à paraitre en 2019. Récit.
Vukovi
Pour ouvrir la soirée alors que les spectateurs parcourent encore lentement et frigorifiés la longue file d’attente devant le Bataclan, Vukovi a été choisi pour trente minutes d’alternative rock venu d’Écosse. On pense à Paramore bien sûr devant l’énergie de la frontwoman Janine Shilstone qui dès le début du set passe son temps aux barrières au contact du premier rang.
Vukovi est un trio et évolue sans bassiste, de quoi faire parfois manquer le son d’un peu de puissance. Mais les riffs sont plutôt bien ficelés et les compositions du trio ne font pas de concessions pop, on ressent l’énergie en permanence (malgré la puissance de son ridicule du Bataclan). Les fans de One Ok Rock réputés exigeants avec les premières parties réservent un accueil favorable au trio et on sent l’enthousiasme des deux côtés de la barrière.
Janine possède une voix similaire à pas mal d’autres chanteuses de cette même scène (Stand Atlantic, Jule Vera, Pvris…) mais sa justesse et sa puissance font la différence et on passe un excellent moment. Le tempo se ralentit vers le set avec une balade toute aussi prenante et on se dirige lentement vers la fin du set, Janine remerciant la foule et One Ok Rock avec son accent écossais à couper au couteau. Au bout d’une demi-heure et après quelques tours de corde à sauter avec le micro, Vukovi laisse la place aux stars de la soirée en ayant livré une prestation très convaincante.
One Ok Rock
Peu de choses ont changé depuis la dernière fois que One Ok Rock a foulé une salle parisienne. Les fans sont toujours les mêmes, Ambitions est tout autant mis en avant mais l’ambiance intimiste du Bataclan nous donne plus de proximité par rapport à l’immense Zénith. C’est en soi un privilège de pouvoir voir le groupe dans ces conditions au vu des salles gigantesques qu’ils font d’habitude au Japon et dans le reste du monde. Le sol du Bataclan tremble et les quatre japonais font leur entrée sur « Taking Off », parfait pour lancer le set sur les chapeaux de roues.
Taka est en forme et n’hésite pas à nous le montrer dès « Clock Strikes » avec une performance vocale de haut niveau. Ryota nous cale un passage en slap de basse sur le deuxième titre « Bedroom Warfare ». Toru à la guitare semble dans un meilleur jour que la dernière fois. Bref, le groupe entier est dans une forme olympique et quand ils sont dans cet état, impossible de dire quoi que ce soit sur la performance.
Ce qui va pêcher en ce début de show, c’est la setlist un peu insipide. Ballade après ballade, on va finir par s’ennuyer un peu sur « One Way Ticket » et « Wherever You Are », clairement pas les titres les plus inspirés. On sait que One Ok Rock radoucit radicalement sa musique depuis quelques albums et les compositions manquent un peu de puissance en début de set. Surtout lorsqu’on connait la puissance de feu du groupe lorsqu’il accélère le rythme.
Il ne reste plus qu’à admirer la communion entre les quatre japonais et leur public avec ces singalongs puissants qui compensent le faible niveau sonore. Tomoya à la batterie nous offre un jeu infiniment riche et puissant comparé aux autres batteurs de la scène et il forme avec Ryota l’une des meilleures sections rythmiques du pays. On en a la confirmation lors du désormais classique jam instrumental ou Taka s’éclipse en coulisse pendant quelques minutes. Moins bavard que la dernière fois, le frontman prend quand même le temps de remercier son public en précisant que le groupe va sortir un album sous peu et qu’il reviendra donc très rapidement dans la capitale.
On commence enfin à avoir quelques titres plus percutants avec « I Was King » transfiguré par rapport à la version studio. À partir de là, c’est un sans-faute jusqu’à la note finale avec notamment « The Beginning » de très loin le titre le plus efficace d’OOR. Comme la dernière fois, le set se débride et Taka demande un wall of death incongru sur « Mighty Long Fall » joué avec des breakdowns supplémentaires. Le public est loin d’être familier du moshpit, c’est le moins qu’on puisse dire mais la chanson se prête sans mal à un peu de mouvement.
« We Are » tout aussi jouissif voit Taka s’essayer à un slam risqué mais malheureusement, on regrette que la marée de téléphone portable prenne le pas sur l’ambiance dans la fosse. C’est malheureusement le style qui veut ça et ça n’empêche pas le groupe de tout donner sur scène pour terminer sur les chapeaux de roues.
Un rappel avec le nouveau titre plutôt anecdotique, « Stand Out Fit In » puis on va enfin avoir droit au grand absent du concert de 2017 : « Kanzen Kankaku Dreamer » qui soulève la foule une dernière fois et nous laisse finalement ravi par cette version 2018 de One Ok Rock live. Même si le nouvel album devrait sans doute poursuivre la route des japonais vers une pop lissée à l’américaine, le groupe reste une machine bien rôdée en live et sait tirer profit de ses hymnes pour encore ravir ses fans.
Setlist:
Taking Off
Bedroom Warfare
Clock Strikes
Take What You Want
One Way Ticket
Wherever You Are
Jam instrumental
Change
I Was King
The Beginning
Mighty Long Fall
We Are
Stand Out Fit In
Kanzen Kankaku Dreamer
Photos: Clara Griot
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