Au rayon des "tribute" AC/DC, on connaissait les versions rurales de l'Amérique profonde avec des banjos et autres instruments country notamment avec les travaux forts réussis de Steve 'n' Seagulls. Ici, c'est le guitariste aux multi-influences Eric McFadden qui s'y colle. Et lui son trip, c'est de passer les pépites du combo australien à la moulinette blues acoustique. Le blues, c'est bien de là que viennent les riffs acérés des frères Young non ?
Dès "Hell's Bells" on rentre dans le trip McFadden. Ici pas de tintements de cloches de plusieurs tonnes mais une frette qui sonne à l'octave. On se lance dans du plus calme mais pas pour autant dénué de sens. On joue moins de notes et moins vite qu'Angus Young mais ça sonne toujours et cette reprise des cloches de l'enfer nous met clairement dans l'ambiance.
L'intérêt de cet album, c'est de nous faire redécouvrir des morceaux où l'énergie prime habituellement par un autre biais. On s'aperçoit que finalement, AC/DC passe des messages même sans l'électricité et certains titres un peu moins connus prennent tout leur sens avec ces relectures d'Eric McFadden.
En version blues, on est tenté par un parallèle avec le travail de Bruce Springsteen soit avec le E-Street Band, soit en solo. Un titre comme "Girls Got The Rhythm" subit la même transformations qu'un "Born In The USA" lorsqu'il est joué en solo ou avec le groupe. Plus que des reprises, on a des vrais revisites marquées da la patte McFadden.
Un mot niveau iconographie, McFadden pompe littéralement la pochette de Powerage mais attention, niveau tracklist, il couvre une plus grande partie de la discographie du groupe. Toute la période Bon Scott est traité ainsi que Back In Black, seule incursion dans l'ère Brian Johnson.
McFadden se laisse tantôt rattraper par ses penchants pour le jazz notamment sur le phrasé de guitare et on le voit ainsi rajouter quelques notes bleues sur des titres comme "Have A Drink On Me". On y retrouve aussi une voix très différente de celle de Brian Johnson ce qui rajoute une dimension nouvelle au morceau.
Certaines relectures sont très personnelles. Alors qu'on connaissait peu de morceaux au tempo lent comme "Ride On" (présente sur cet album), ici "You Shook Me All Night Long" se trouve considérablement ralentie. Mais cela ne dénature pas pour autant l'âme du morceau. Il est vrai que les paroles et la version slow convertissent le titre rock en une véritable chanson d'amour. C'est le côté "lover" d'AC/DC !
McFadden laisse voir tout son talent à la guitare slide lorsqu'il s'attaque à "Whole Lotta Rosie". Cette version boogie blues ravira les aficionados du blues un peu trash si cher à l'écurie Fat Possum. ici McFadden renvoie à des gens comme R.L. Burnside ou Junior Kimbrough. Ca sonne roots !
On s'amusera dans le même esprit sur "It's a long way to the top" avec la retranscription à la guitare du solo original de cornemuse.
McFadden pioche aussi dans les morceaux plus rares. de "Kicked In The teeth" et "Sin City" de l'album Powerage trouvent une deuxième jeunesse dépoussiérés à sa façon. Ces titres peu joués live par les Australiens depuis très longtemps sont remis au goût du jour.
Résultat des courses, on passe un très bon moment à l'écoute de ce tribute acoustique aux monstres sacrés du rock australien. Une preuve que le travail de McFadden fonctionne ? Dès la fin de l'écoute on a envie de redécouvrir les versions originales. La boucle est bouclée.
Sorti le 26 novembre 2018 sur le label Bad Reputation