10 Grosses Questions à  Gaume pour la sortie de Square One

Pour la sortie de Square One le premier février, nous avons choisi de nous intéresser à Gaume, artiste nantais que nous suivons depuis la sortie de son EP Gaume fin 2016 et au travers de mise en avant de ses derniers clips. Temps était de le faire parler de lui-même et de sa nouvelle production aux 13 titres pop rock. Un artiste délicat à découvrir ici-même ou en concert le 15 février au Barrock de Bayonne, le 1er mars au Carré d'Argent de Pontchâteau et le 2 mars pour sa release party nantaise à Stereolux.

1. Comment fonctionne le groupe lors des sessions de compositions, qui donne les idées principales, qui fait office de médiateur ?

Bah là pour le coup c’est plus vraiment un groupe c’est un projet solo.
C’est moi qui compose, texte et musique. En général quand j’ai une nouvelle chanson, je fais la maquette à la maison dans mon petit home studio. Ce sont des maquettes, mais je peux quand même faire des arrangements ; même des fausses batteries ou des samples et délirer un peu autour du titre.
Ensuite, quand c’est le moment je l’envoie aux gars, ils bossent le titre et en répète, on la joue ensemble.
Forcément, ils partent de ce que j’ai écrit, mais chacun amène naturellement sa patte. Le bassiste va élaborer les parties de basse, le batteur va mettre une vraie batterie, ainsi de suite. 
Donc ça prend forme ensemble, et si quelqu’un à une meilleure idée que moi, je ne suis pas fou je prends son idée. Mais il ne faut pas oublier qu’un groupe c’est une dictature participative. Vous avez le droit de donner votre avis, j’ai le droit de m’en foutre.

2. L’album complet doit-être une grande fierté pour toi, mais dans quel morceau t’identifies-tu le plus et pourquoi ?

Arf, la colle ! Difficile de choisir UN morceau. Je m’identifie au disque en entier, car y’a beaucoup de choses différentes dedans. Mais bon, j’ai conscience que c’est facile de répondre ça.
Si je devais en choisir une dans cet album… (deux heures d’hésitation) Allez, je dirais « Cast Your Shadow on My Wall » ! En fait, j’ai relu trois fois la question, car j’ai envie de mettre la chanson que je préfère dans le disque, mais tu me demandes bien celle qui m’identifie le plus.
« Cast Your Shadow on My Wall », elle est assez représentative de ce que j’ai voulu donner comme couleur au projet. J’aime la jouer sur scène, y’a un peu de folie, elle est dynamique, folk pop et rock à la fois ; je m’y identifie (rire)
Après je vais quand même te donner « celle que je préfère » même si ce n’était pas la question, mais vu que je suis une tête de con, je vais y répondre quand même.

Y’en a une qui me fait sourire quand je la ré-écoute (même si j’écoute rarement mes disques) c’est «Her Caffeinated Kiss »… Déjà parce que c’est parti d’une anecdote à la con. Je ramenais ma copine à la gare pour qu’elle prenne son TER pour Angers, on était arrivé en avance, et elle avait pris un café avant de monter dans le train, bref. Au moment de partir, on s’est fait un bisou d’au revoir (ou ptêt deux / trois.). Et donc elle avait le goût de café. Et m’est venu ce titre « Her Caffeinated Kiss » (son baiser caféiné).
Je me suis inspiré du champ lexical autour du café pour dérouler un texte. Par exemple sa formule chimique comme « Alkaloid, Trimethylxanthine », j’ai du mal à le dire, mais j’arrive à le chanter !! 
Et puis de nos discussions de quai de gare, le regard du contrôleur qui n’en a en a rien à foutre des «au revoir» romantiques, qui voudrait bien juste fermer sa porte.

J’avais déjà prévu de l’enregistrer sur le disque, mais au début j’étais parti sur plus ou moins une formule guitare / voix, et j’ai eu un pote pianiste au téléphone, qui m’a raconté une anecdote de studio, où il avait passé des heures sur un morceau rock pour le finir en tango… Et là, j’ai eu le déclic. Je me suis dit « putain, moi aussi je veux un tango » ! Donc je lui ai demandé de me pondre un rythme tango au piano sur la grille d’accords du morceau. Et voilà ! Puis j’ai fini par enregistrer le bruit de la Senseo pour l’intro et j’étais content de ma connerie.

3. Y a-t-il un vers ou une phrase dans les paroles d’une chanson qui te tiennent particulièrement à cœur ? Si oui, pourquoi ?

C’est marrant cette question, car on vient de décider de faire des badges pour le merchandising de l’album, et d’en faire une quinzaine de déclinaisons, avec dessus une quinzaine de phrases issues de l’album. Donc je viens de passer des heures à choisir des phrases à mettre en avant sur des badges, avec à chaque fois, la référence du morceau où trouver le bout de texte. Déjà sortir quinze bouts ce n’était pas évident, alors une, encore plus dur !

Euh, bon, allez, je dirais « If you hit me once, I will hit you twice », qu’on retrouve dans « Get The Fuck Out of My Head ». Ça peut paraître un peu con comme ça, mais ça parle de l’orgueil, du besoin d’avoir le dernier mot, Si tu m’en mets une, je t’en mets deux. Si tu m’envoies une pique, je t’envoie un Scud. Finalement, j’ai plein de moments dans ma vie ou je pense à cette phrase, que ce soit mon orgueil en exemple, ou celui des autres. 

Et puis, y’a une corrélation avec la musique « If you hit me once (PAM), I will hit you twice (PAM, PAM). » C’est le moment du disque où le texte a le plus d’influence sur la musique.

4. Quelles sont vos principales influences lorsque vous composez vos morceaux ?

Bah, quand on compose un morceau, on oublie un peu toutes ses influences. Y’a un truc un peu naturel qui se passe. En tout cas, pour ma part, les influences, elles sont digérées avant, et elles ressortent naturellement quand on creuse une idée. 
Par contre, quand on arrange le morceau, et qu’on s’attache à lui donner une couleur un peu précise, bien sûr on fait souvent référence à d’autres artistes. 
Là, pour le coup, ça peut être très ouvert et varié. Ça peut passer de l’électro au jazz, y’a des choses à choper partout. J’écoute toujours comment les autres font dans leurs chansons. Comment ils amènent leurs refrains, leurs choix d’orchestration, comment ils commencent, comment ils terminent, tous les petits détails de réalisation qui font un titre. Y’a deux styles de musique, la bonne et la mauvaise. Donc y’a des idées à prendre partout. Moi, mon carburant, c’est le rock évidemment, mais si je n’écoutais que du rock, que je m’inspirais uniquement des artistes rock, ce serait assez pauvre et ça tournerait vite en rond je pense.

gaume, square one
crédit photo : Frank Loriou

5. Est-ce que d’autres sujets hors musique vous inspirent dans vos chansons ?

Au point de vue des paroles bien sûr, je ne parle pas de musique dans mes chansons, ça parait assez évident. Après je n’ai pas de sujet de prédilection. 
J’aime les songwriter qui imagent énormément, qui arrivent à décrire une situation, une émotion que tout le monde a déjà vécue mille fois, d’une manière originale, décalée parfois drôle ou poétique, mais singulière.
Les paroliers ne sont pas des poètes en général, à part peut-être Leonard Cohen ou ce fameux prix Nobel de littérature : MONSIEUR Bob Dylan, et quelques-uns.
Les autres se contentent d’essayer d’écrire de manière poétique, ce qui est différent…

Des poètes de comptoir quoi, c’est à ça que je m’identifie le plus. Et autour d’un comptoir on peut entendre des perles ! 
Mais évidemment qu’il faut aussi des morceaux qui parlent d’un sujet précis, qui racontent une histoire. « Roxane » de Police on sait tous de quoi ça parle, et c’est pour ça que le morceau est grandiose. 
Mais y’a pas que ça qui me plait dans un texte.
Au point de vue musical, quand j’enregistre une cafetière (pour faire référence à « Her Caffeinated Kiss »), des oiseaux pour une intro, ou des cris de gamins dans une cour d’école, etc., je m'éloigne de mon domaine, mais c’est au service d’un morceau à un moment précis.

6. Si tu devais écrire et composer un concept album aujourd’hui, quel thème choisirais-tu ? Avec quelles influences ?

Déjà en 2012 j’avais failli faire un double album avec une face électrique et une face avec les morceaux version unplugged. Puis c’était trop ambitieux, coûteux, alors on est resté sur la face A.
Bon je sais pas si on pouvait appeler ça un « album concept », mais c’était déjà tout un programme.
Je ne sais pas sur quel thème encore, mais déjà avoir un album où chaque chanson à un lien avec l’autre, la piste 2 est la suite de l’histoire de la piste 1, etc etc. Ce serait cool. Mais faut un sujet béton. 

7. Quelle a été ta première idole musicale ?

Clairement, Elliott Smith.
La première énorme baffe musicale et encore maintenant. Je l’ai vu en concert en 2000 à Montpellier trois ans avant qu’il se suicide ce con. J’étais encore jeune, et pas le fan que je suis aujourd’hui, mais je remercie la vie d’avoir pu assister à ce concert ce jour-là. C’est le premier artiste auquel je me suis identifié, son premier album s’appelle « Roman Candle » (je m’appelle Roman). Donc le premier album que j’ai sorti en 2011 s’appelle « Elliott Candle » en hommage à lui. Y’a tout chez lui, c’est le singer-songwriter pur et dur, d’une inspiration infinie, noble, classe, puissant, timide, pas sûr de lui, drogué (of course). Un génie de la musique tout simplement, trop méconnu en Europe, mais adulé aux États-Unis.

8. Avec quels groupes / artistes rêverais-tu de tourner ou bien composer un album en commun ?

Alex Turner ou Jack White. Pour moi, ces deux-là sont au-dessus du lot actuellement. 
Alex Turner avec Arctic Monkeys et The Last Shadow Puppets, c’est une grosse influence pour moi. Il a tellement de classe, d’assurance, et je trouve qu’il a réussi à amener quelque chose de plus, de nouveau, au Rock qu’on connait, ce qui est quand même une sacrée prouesse. Il a sa manière à lui de rocker, de poser sa voix, de crooner. Ses textes sont sublimes quasi à chaque fois. J’adorerais le rencontrer !
Jack White, c’est encore autre chose, il a un côté très amerloque parfois, mais putain quel génie bordel ! White Stripes, The Raconteurs, Dead Weather (où il est à la batterie), et sa carrière solo derrière ; à chaque fois c’est énorme ! Bon bah y’a qu’à s’incliner. En plus, il a son label Third Man Records. Il produit du monde, il a composé la musique de l’avant-dernier James Bond, et il est le premier à avoir fait tourner un vinyle dans l’espace. Il est complètement allumé, bref je l’aime d’amour.

9. Quel est le premier album que tu as acheté avec ta propre thune ? Quel est le dernier album que tu as acheté ?

Le dernier album que je me suis acheté pour moi, c’est Tranquillity Base Hotel and Casino, le dernier Arctic Monkeys.
Sinon le dernier album que j’ai acheté tout court, c’est Burgers de Hot Tuna pour l’offrir à mon père à Noël. 

Le premier disque que j’ai acheté… Euh, j’assume pas hein !! Bon OK. C’était un single des L5 que j’avais payé 5 francs. Ouais, bon ça va, j’avais 12 ans j’étais amoureux d’Adeline Gomez. Une autre question SVP ! (rire)

10. Comment convaincre quelqu’un d’écouter ta musique de la manière la plus rapide possible, à l’image des 140 signes de Twitter ?

Dans GAUME, tu trouveras des étendards bandits rock and roll, des confidences folk chuchotées, de la pop sauce anglaise. T’y trouveras bien un truc qui te correspond... BREF VA ÉCOUTER BORDEL !!! C’est bon là ?



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