Avec The Twilight Sad, pas de risque d’erreur sur la marchandise, tant le nom de ce groupe écossais évoque bien la nostalgie crépusculaire qui émane de sa musique. Mais loin d’être plombante, elle distille plutôt une mélancolie sombre et entêtante, comme le montre ce cinquième album.
Depuis le début de sa carrière il y a quinze ans, le groupe Twilight Sad explore avec délectation les méandres du post punk. Après des premiers albums très âpres et écorchés, il a peu à peu développé un son plus harmonieux, plus maîtrisé, plus carré, tout en créant des atmosphères de plus en plus sombres.
C’est encore le cas pour It Won't Be Like This All The Time, cinquième effort des Écossais. L’ambiance est toujours crépusculaire à souhait, l’ensemble, maîtrisé dégage une certaine noirceur romantique. Le disque est extrêmement cohérent et harmonieux, que ce soit entre les chansons ou au sein de celles-ci. Les claviers, omniprésents, jouent à merveille la carte de l’ambiance crépusculaire, parfaitement épaulées par la guitare, la basse et la batterie, discrètes mais bien présentes, qui apportent du relief et de la profondeur à l’ensemble.
Mais cette cohérence est peut-être trop prononcée : si aucun morceau n’est à jeter, et que l’album ne provoque jamais l’ennui, les chansons manquent parfois de singularité les unes par rapport aux autres, comme s’il ne s’agissait que d’une seule chanson avec des variations de tempo et de paroles.
Et, le post-punk étant un monde petit, l’album fait clairement ressortir les influences, ou du moins les ressemblances, d’Interpol, d’Editors, des White Lies à leurs débuts, voire, dans une moindre mesure, de Joy Division. Et comme le chanteur James Alexander Graham possède une belle voix suave mais au timbre pas vraiment distinctif, l’album manque d’une patte clairement reconnaissable pour être proprement grandiose.
À défaut de chef d’œuvre, il n’en reste pas moins un album vraiment bon, et quelques titres réussissent à sortir du lot : « I'm Not Here [Missing Face] », morceau rythmé et entêtant, « Videograms », où la voix de Graham se fait lancinante, et « 10 Good Reasons », très bien construite, à la mélodie marquante, où tous les instruments s’unissent en un maelstrom harmonieux.
Malgré son ton résolument obscur, l’album ne rend pas pessimiste, et sa mélancolie ne l’empêche pas d’apporter beaucoup d’énergie, dans une sorte de dépression euphorisante.
Tracklist
01. 10 Good Reasons For Modern Drugs
02. Shooting Dennis Hopper Shooting
03. The Arbor
04. VTr
05. Sunday Day 13
06. I'm Not Here [Missing Face]
07. Auge_Maschine
08. Keep It All To Myself
09. Girl Chewing Gum
10. Let's Get Lost
11. Videograms
Sorti le 18 anvier chez Rock Action